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Les vertus de l'apprentissage

AUDE LUTUN - La vigne - n°266 - juillet 2014 - page 73

Viticulteur dans la Marne, Jean-Pierre Rafflin a l'habitude de s'entourer d'apprentis. Une expérience qui satisfait souvent les deux parties.
JORDAN LEROY (À GAUCHE) est entré chez Jean-Pierre Rafflin (à droite), viticulteur à Chigny-les-Roses (Marne), comme apprenti. Il est maintenant en CDI. © A. LUTUN

JORDAN LEROY (À GAUCHE) est entré chez Jean-Pierre Rafflin (à droite), viticulteur à Chigny-les-Roses (Marne), comme apprenti. Il est maintenant en CDI. © A. LUTUN

« Jordan est le troisième apprenti que je prends sur mon exploitation, témoigne Jean-Pierre Rafflin, viticulteur à Chigny-les-Roses, dans la Marne. Il est venu me voir en 2008, à un moment où je réfléchissais à accroître ma main-d'oeuvre. Je connaissais ses parents. Le prendre comme apprenti était l'occasion de le former et de l'embaucher ensuite si tout se passait bien. » Comme ce fut le cas, Jordan Leroy a signé un CDI en 2010, à l'issue de son contrat d'apprentissage.

Pour Jean-Pierre Rafflin, cette formation présente de nombreuses vertus. « Il permet à des jeunes qui ne sont pas issus de la viticulture de s'initier au métier. C'est une très bonne formule pour ceux qui ne sont pas très à l'aise avec les études, poursuit-il. Jordan est doué pour tous les travaux manuels, mais n'aime pas trop tenir un crayon... »

Ce que confirme l'intéressé : « Ce que j'apprécie, c'est que nous sommes alternativement une semaine en cours et une semaine sur l'exploitation. Même si le travail de la vigne est parfois dur, je préfère être dehors au grand air. J'ai appris tous les travaux de la vigne ici et au centre d'apprentissage. J'ai réussi mon concours de taille en suivant des cours le samedi matin. C'est une formule très intéressante pour trouver un travail ensuite. »

Un enseignement très encadré. La scolarité est assez cadrée pour éviter que les jeunes décrochent. « Il y a un suivi très formalisé avec le cahier de stage, indique Jean-Pierre Rafflin. Nous notons les travaux réalisés par l'apprenti et nous avons accès aux notes qu'il obtient en classe. » Un professeur vient rencontrer le maître d'apprentissage plusieurs fois par an pour échanger sur la progression de l'apprenti. Le jeune a ainsi plusieurs référents en plus de ses parents, ce qui permet de le motiver.

Aux yeux de Jean-Pierre Rafflin, la formule présente peu d'inconvénients. La lourdeur des formalités, souvent évoquée, ne lui a pas posé de problème. « Il y a quelques papiers à remplir avant de démarrer, mais les démarches ne sont pas trop compliquées, reconnaît-il. Par ailleurs, Jordan pouvait faire tous les travaux manuels sur l'exploitation, sans restriction. C'était entre 2008 et 2010. C'est peut-être devenu plus restrictif pour les jeunes de moins de 18 ans maintenant... »

En effet, la réglementation s'est durcie. Un mineur ne peut plus utiliser des substances ou des machines dangereuses (produits phytosanitaires, tracteur, rogneuse...) sans que son employeur ait au préalable obtenu une dérogation de l'inspection du travail (Direccte).

« Le découpage entre les périodes scolaires et les périodes de travail chez l'exploitant est bien pensé, poursuit Jean-Pierre Rafflin. Certes, avec notre métier qui dépend de la météo et de l'avancée de la végétation, il est arrivé que Jordan soit à l'école pendant une période importante de travail dans les vignes et qu'il vienne chez moi à une période peu chargée. Mais c'est inhérent à notre activité. »

Statut de salarié. L'apprenti est considéré comme un salarié. Il perçoit à ce titre un salaire qui est au minimum le suivant pour les jeunes de moins de 18 ans : 35 % du Smic la première année, 37 % la deuxième et 53 % la troisième année. Les conventions collectives peuvent prévoir une rémunération supérieure. Ainsi, dans le Maine-et-Loire, les apprentis viticoles mineurs perçoivent par exemple 50 % du Smic la première année, puis 60 % la deuxième et la troisième années.

« Il y a un bon équilibre entre le temps passé à former le jeune, son coût et le travail qu'il accomplit, conclut Jean-Pierre Rafflin. Je vais peut-être reprendre un apprenti. C'est notre rôle de faire connaître notre métier, surtout que notre filière manque de main-d'oeuvre... »

Les aides spécifiques

Pour les entreprises de moins de onze salariés, les régions versent une aide qui varie de 1 000 à 1 200 euros par année d'apprentissage. Les salaires des apprentis sont exonérés de CSG et CRDS. Dans les entreprises de moins de onze salariés, la loi prévoit également des exonérations de cotisations sociales salariales et patronales, sauf celles portant sur les accidents du travail et les maladies professionnelles. L'entreprise bénéficie également d'un crédit d'impôt apprentissage, qui s'élève à 1 600 euros par apprenti pour sa première année de formation. Enfin, les rémunérations des apprentis sont intégrées dans le calcul du CICE.

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