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Magazine - Terroir & tradition

Des galeries pétillantes de lumière

INGRID PROUST - La vigne - n°266 - juillet 2014 - page 82

À Montrichard (Loir-et-Cher), la maison de négoce Monmousseau possède un vaste réseau de galeries troglodytiques d'une surprenante blancheur. Elle vient d'en faire un joli parcours oenotouristique.
DES JEUX DE LUMIÈRE, oeuvres visuelles inspirées de l'art du vitrail, se reflètent sur les parois dans une ambiance musicale originale. PHOTOS P. BODY

DES JEUX DE LUMIÈRE, oeuvres visuelles inspirées de l'art du vitrail, se reflètent sur les parois dans une ambiance musicale originale. PHOTOS P. BODY

LA BLANCHEUR DE LA ROCHE est mise en valeur par les éclairages.

LA BLANCHEUR DE LA ROCHE est mise en valeur par les éclairages.

LE PARCOURS  est parsemé d'oeuvres visuelles mais aussi de scultpures de bois et de pierre réalisées par Yvonnick Le Fur.

LE PARCOURS est parsemé d'oeuvres visuelles mais aussi de scultpures de bois et de pierre réalisées par Yvonnick Le Fur.

Le Val de Loire recèle un patrimoine méconnu : une des plus importantes concentrations d'habitats et de galeries troglodytiques de France. La Loire, le Cher et d'autres cours d'eau ont en effet creusé leurs vallées dans une roche calcaire et tendre, le tuffeau. À la Renaissance, cette pierre fut utilisée pour bâtir et sculpter les châteaux qui font la renommée de la région. Elle était extraite de galeries souterraines, comme à Montrichard (Loir-et-Cher), ville de 3 600 habitants située sur les bords du Cher.

« Ici, la falaise offrait un tuffeau très blanc, appelé pierre de Bourré, du nom d'une commune viticole toute proche », indique Bernard Jacob, directeur général d'Ackerman. Cette maison saumuroise, spécialisée dans les effervescents, a racheté en 2010 Monmousseau, autre négoce connu lui aussi pour ses fines bulles.

Situé à Montrichard et fondé en 1886, Monmousseau possède 15 km de galeries souterraines. Pendant des siècles, elles ont fourni la fameuse pierre de Bourré. Désormais, elles sont utilisées pour l'élaboration de vins effervescents. Et elles sont devenues une attraction touristique.

Monmousseau a lancé ce printemps un nouveau circuit de visite. « Nous voulons développer nos ventes directes par l'oenotourisme. Nous avons investi 350 000 euros dans l'aménagement de nos caves », confie Bernard Jacob. Céline Béranger, responsable oenotourisme recrutée en 2013, emmène les visiteurs.

Le parcours démarre depuis un panorama surplombant le Cher. Céline Béranger raconte que c'est au fil de cette rivière que le tuffeau était chargé dans des gabarres, des bateaux à fond plat, pour y être acheminé vers les sites de construction. Elle rappelle que le Cher et la Loire transportaient les vins jusqu'à l'arrivée du chemin de fer.

Graffitis et paysages mouvants. Le visiteur découvre ensuite un ancien habitat troglodytique, puis il pénètre sous terre. Devant lui s'étire une longue galerie dont la surprenante blancheur de la roche est mise en valeur par des éclairages à leds. Des graffitis rappellent l'histoire récente. « De 1940 à 1942, le Cher était la ligne de démarcation entre la zone libre et la zone occupée. Des réfugiés se sont cachés dans ces galeries avant de passer la ligne, dissimulés dans des tonneaux de la maison Monmousseau », relate Bernard Jacob.

Au détour d'une courbe, les visiteurs sont plongés dans un jeu de lumières et de couleurs projeté sur les parois de la galerie. Ils découvrent les oeuvres visuelles de Nathalie Dahon et Reno Menat, inspirées de l'art du vitrail. « Nous avons voulu évoquer la rivière, ses fossiles, la pierre et tous ces châteaux bâtis grâce à elle », confient-ils.

Plus loin dans la galerie, des compositions abstraites, des éléments d'architecture, des portraits de rois et de reines voisinent avec les énigmatiques sculptures de bois et de pierre d'Yvonnick Le Fur. Le tout baigne dans une ambiance musicale, elle aussi originale, conçue par Maëlig. L'artiste a mixé les bruits de l'entreillage (stockage) des bouteilles sur lattes, de remuage mais aussi les voix des visiteurs et le bourdonnement lors des dégustations à la boutique.

Prise de mousse, remuage, dégorgement : les visiteurs découvrent à la fin de leur parcours les étapes de la production des vins effervescents. Avant d'être conviés à une dégustation. Plus de 15 000 personnes visitent les caves Monmousseau chaque année. La direction souhaite accueillir 50 000 visiteurs par an d'ici 2020. La visite coûte quatre euros.

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