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VIN

Les cuves béton prennent un coup de jeune

GRÉGORY PASQUIER - La vigne - n°267 - septembre 2014 - page 44

Dix étapes de sablage, de stratification et de finition sont parfois nécessaires pour rénover et revêtir d'une couche d'époxy frais des cuves en béton. « La Vigne » a suivi une société spécialisée sur trois de ses chantiers.
1. Le sablage. UN OUVRIER, équipé d'une combinaison et d'un masque de protection, sable une cuve de 760 hl. Il lui faudra sept à huit heures pour la traiter entièrement.  © PHOTOS : H. DAVID

1. Le sablage. UN OUVRIER, équipé d'une combinaison et d'un masque de protection, sable une cuve de 760 hl. Il lui faudra sept à huit heures pour la traiter entièrement. © PHOTOS : H. DAVID

1. Le sablage. Le silicate d'alumine utilisé pour sabler (photo du haut) mesure entre 0,4 et 1,2 mm de diamètre. Projeté à sept bars contre les parois des cuves, il les décape en générant beaucoup de poussière. Celle-ci est évacuée grâce à un « aspirateur géant » positionné à la sortie de la cuve (photo du bas). Une fois le sablage terminé, deux ouvriers pénètrent à l'intérieur pour évacuer le silicate d'alumine. Ils rincent ensuite la cuve à grande eau.

1. Le sablage. Le silicate d'alumine utilisé pour sabler (photo du haut) mesure entre 0,4 et 1,2 mm de diamètre. Projeté à sept bars contre les parois des cuves, il les décape en générant beaucoup de poussière. Celle-ci est évacuée grâce à un « aspirateur géant » positionné à la sortie de la cuve (photo du bas). Une fois le sablage terminé, deux ouvriers pénètrent à l'intérieur pour évacuer le silicate d'alumine. Ils rincent ensuite la cuve à grande eau.

1. Le sablage. Ces cuves sont très délabrées. Les vins attaquent leurs parois et y creusent des trous de plusieurs millimètres de profondeur (photo du haut). Lorsqu'un revêtement n'a pas été fait correctement, le vin peut s'infiltrer en dessous et le décoller. Des morceaux entiers de résine peuvent même se casser (photo du bas).

1. Le sablage. Ces cuves sont très délabrées. Les vins attaquent leurs parois et y creusent des trous de plusieurs millimètres de profondeur (photo du haut). Lorsqu'un revêtement n'a pas été fait correctement, le vin peut s'infiltrer en dessous et le décoller. Des morceaux entiers de résine peuvent même se casser (photo du bas).

1. Le sablage. Cet ancien revêtement, encore en bon état, est parfaitement lisse (photo de gauche). Après le sablage, le voici tout rugueux (photo de droite). Ce traitement abrasif est indispensable pour permettre aux nouveaux revêtements de mieux adhérer sur les anciens.

1. Le sablage. Cet ancien revêtement, encore en bon état, est parfaitement lisse (photo de gauche). Après le sablage, le voici tout rugueux (photo de droite). Ce traitement abrasif est indispensable pour permettre aux nouveaux revêtements de mieux adhérer sur les anciens.

2. La stratification. Après avoir reprofilé entièrement cette cuve avec du mortier, passé une couche de primaire puis de résine dite d'imprégnation, cet ouvrier la tapisse de fibre de verre (photo de gauche). Il recouvrira ensuite cette toile d'une nouvelle couche de résine dite de stratification. Après cela, il projettera doucement du sable de quartz dessus (photo de droite) pour créer la rugosité qui permettra à la résine de finition de bien adhérer.

2. La stratification. Après avoir reprofilé entièrement cette cuve avec du mortier, passé une couche de primaire puis de résine dite d'imprégnation, cet ouvrier la tapisse de fibre de verre (photo de gauche). Il recouvrira ensuite cette toile d'une nouvelle couche de résine dite de stratification. Après cela, il projettera doucement du sable de quartz dessus (photo de droite) pour créer la rugosité qui permettra à la résine de finition de bien adhérer.

3. L'émaillage. Avant de démarrer, les ouvriers vérifient que tout est en ordre. Ils ont protégé l'accès aux cuves et le matériel à proximité avec une bâche pour recueillir les projections de résine. La veille, ils ont installé la machine de projection et l'ont mise en pré-chauffage à 70°C.

3. L'émaillage. Avant de démarrer, les ouvriers vérifient que tout est en ordre. Ils ont protégé l'accès aux cuves et le matériel à proximité avec une bâche pour recueillir les projections de résine. La veille, ils ont installé la machine de projection et l'ont mise en pré-chauffage à 70°C.

3. L'émaillage. Comme toutes les résines époxy, celle de finition est constituée d'une base et d'un durcisseur. Cet ouvrier plonge les fûts des deux éléments dans un bain-marie pour les réchauffer autour de 70°C, leur température d'application. C'est leur mélange, au sein de la machine de projection, dans des proportions de 1,8 pour 1 qui va permettre à la résine de durcir et d'adhérer aux parois des cuves.

3. L'émaillage. Comme toutes les résines époxy, celle de finition est constituée d'une base et d'un durcisseur. Cet ouvrier plonge les fûts des deux éléments dans un bain-marie pour les réchauffer autour de 70°C, leur température d'application. C'est leur mélange, au sein de la machine de projection, dans des proportions de 1,8 pour 1 qui va permettre à la résine de durcir et d'adhérer aux parois des cuves.

3. L'émaillage. Un ouvrier émaille une cuve. Il applique 1,2 à 1,4 kg de résine par mètre carré à 70°C. Certaines résines s'utilisent à froid, il faut les déposer au rouleau, en plusieurs fois pour en appliquer suffisamment. Elles sont souvent plus sensibles à l'humidité que les résines à chaud qui, pour leur part, rendent un effet « miroir ».

3. L'émaillage. Un ouvrier émaille une cuve. Il applique 1,2 à 1,4 kg de résine par mètre carré à 70°C. Certaines résines s'utilisent à froid, il faut les déposer au rouleau, en plusieurs fois pour en appliquer suffisamment. Elles sont souvent plus sensibles à l'humidité que les résines à chaud qui, pour leur part, rendent un effet « miroir ».

En arrivant à la Cave des vignerons londais, à La Londe-les-Maures (Var), le bruit est à peine perceptible. En pénétrant dans le chai et en s'approchant des cuves, il devient plus intense. Difficile même de tenir une conversation.

Ce bruit, c'est celui d'une sableuse. Un ouvrier de la société ARS Provence, applicateur de résine synthétique à Cuers (Var), l'utilise à l'intérieur d'une cuve en béton. Celle-ci avait bien besoin d'un coup de jeune. Au sol, l'ancien revêtement époxydique est fissuré. À certains endroits, il manque même des plaques entières qui laissent le béton à nu. Sur les parois, le vin a fait de gros dégâts puisqu'il a creusé des trous dont certains atteignent plus de 5 mm de profondeur dans le béton. Jusqu'à dix étapes de préparation et de réparation des parois, de stratification et de finition seront nécessaires pour que cette cuve soit à nouveau impeccable, apte à recevoir du vin. « Notre travail consiste à donner un coup de jeune à des cuves en béton qui peuvent avoir 100 ans », explique Alain Back, directeur d'ARS Provence. Mais pas seulement. Les cuves revêtues d'époxy sont aujourd'hui incriminées dans la contamination des vins en phtalates. « Nos résines n'en contiennent pas », souligne Christophe Dhont, le responsable du secteur travaux spéciaux de Sika France, le fournisseur d'ARS Provence. Celle-ci s'en sert donc également pour recouvrir d'anciennes résines suspectées de ne plus être aux normes en vigueur.

D'abord, le sablage. C'est la première étape d'une rénovation. « Il permet de créer la rugosité sur les parois de la cuve pour favoriser l'adhérence des futurs revêtements », indique Thomas Bringant, responsable technico-commercial de l'entreprise, en montrant son ouvrier à l'intérieur de la cuve. Celui-ci est protégé par un scaphandre digne de Neil Armstrong, lorsque le célèbre astronaute a aluni, le 21 juillet 1969. Et heureusement, car l'abrasif qu'il projette à sept bars sur les parois de la cuve crée une poussière irrespirable.

La cuve voisine a déjà été sablée. Deux ouvriers sont en train de sortir à la pelle la tonne d'abrasif qui a été nécessaire à l'opération. Une fois vidée, cette cuve sera rincée à l'eau. La cuve n° 7, quant à elle, est prête à passer à l'étape suivante. En pénétrant à l'intérieur et en l'effleurant de la main, on se rend bien compte de sa rugosité. Contrairement aux cuves qui n'ont pas encore été sablées et qui sont parfaitement lisses lorsque l'ancien revêtement en époxy est en bon état.

À la Cave des vignerons londais, ARS Provence va rénover et appliquer de la résine époxy sur près de 1 300 m2. Soit environ 6 000 hectolitres de volume de cuve. Le montant de l'investissement pour la cave s'élève à 118 000 euros HT.

Puis, la stratification. Pour voir cette étape, direction le domaine Tour Campanets, au Puy-Sainte-Réparade (Bouches-du-Rhône). Emmanuelle Baude, la propriétaire, veut vinifier sa première récolte dans son chai cette année. Ici, le sablage est terminé. Il a fallu faire de la maçonnerie pour remettre les portes des cuves en état, reboucher les trous et même reprofiler complètement l'intérieur des cuves avec de l'enduit à base de « mortier hydraulique bi-composant avec durcisseur résine », détaille Thomas Bringant.

Une sous-couche contenant un primaire d'accrochage à base de résine époxy a été appliquée la veille. Environ 250 g/m2. Aujourd'hui, équipé d'une combinaison et d'un masque de protection, l'ouvrier réalise la stratification proprement dite de l'une des cuves. « Cette étape consiste à créer une coque avant de déposer le revêtement final pour qu'il résiste mieux aux chocs mécaniques et aux agressions chimiques », décrit Thomas Bringant. Il faut compter environ 100 euros le mètre carré pour l'application d'une résine stratifiée quand une simple imperméabilisation - où la résine de finition est appliquée directement sur le béton - ne coûte que 60 €/m2.

Durant l'étape de stratification, impossible de se tenir au-dessus de la cuve. L'odeur de la résine qu'applique l'ouvrier est intense. Comme un tapissier encollerait un mur, il dépose au rouleau environ 800 g/m2 de résine dite d'imprégnation sur les parois de la cuve. Il colle par-dessus une bande de fibre de verre qu'il a découpée à la main et repasse le rouleau. « Vous voyez la fibre de verre, qui est blanche au départ, devenir grise. La résine l'a traversée », montre Thomas Bringant.

Une fois la cuve entièrement revêtue de fibre de verre, il passe une nouvelle couche de résine dite « de saturation » et projette du sable de quartz sur les parois. Une partie reste collée et crée une rugosité qui permettra à la résine de finition d'adhérer.

Enfin, l'émaillage. À la cave coopérative vinicole Les Granettes, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), les cuves sont prêtes à être émaillées. C'est le terme utilisé pour qualifier l'étape de finition. L'ouvrier a étendu un film plastique devant les cuves pour protéger le sol et le matériel environnant. La veille, il a installé et mis en préchauffage la machine qui prépare la résine à chaud. Maintenant, il la remplit avec la base et le durcisseur. Il entre dans la cuve, protégé de la tête aux pieds. Les deux constituants de la résine, chauffés à environ 70°C, sont prêts à être appliqués au pistolet. « L'ouvrier va déposer entre 1,2 et 1,4 kg de résine par mètre carré », commente Thomas Bringant. La pression en sortie peut atteindre deux bars, un spray de résine se crée à l'intérieur de la cuve. Impossible de rester près de la porte, les « embruns » peuvent coller à la peau.

Thomas Bringant et son équipe repasseront deux ou trois jours après l'émaillage pour contrôler l'état de la résine et faire des retouches si nécessaire. Sept jours plus tard, elle sera parfaitement sèche, le viticulteur la rincera à l'eau et pourra alors la remplir avec son vin.

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