Méfiez-vous des cochenilles. Elles peuvent frapper fort, comme en témoigne, dans le Gard, François Chiappin, technicien de la CAPL à Lédignan. « Cette année, les destructions étaient impressionnantes. Dans certaines vignes, il ne restait aucune feuille, les grappes étaient très flétries et couvertes de fumagine. Dans les cas les plus graves, on a pu observer jusqu'à 50 % de perte de récolte. C'est la première année que je constate de tels dommages liés aux cochenilles, en l'occurrence la farineuse. Nous avons recensé une cinquantaine d'hectares touchés, principalement dans la vallée du Gardon, les zones humides et les bords de rivières. »
Conseillère viticole à la chambre d'agriculture du Gard, Blandine Broquedis confirme : « Depuis deux à trois ans, nous observons quelques attaques spectaculaires et localisées. Les cochenilles affaiblissent les ceps et entraînent des problèmes de maturation. »
Même problème dans la région de Mâcon. « L'an dernier, nous pensions que les populations avaient été régulées par leurs prédateurs naturels, les hyménoptères, mais cette année nous avons remarqué une recrudescence des cochenilles de l'érable (Neopulvinaria innumerabilis), lécanines et floconneuses, relate Benjamin Alban, conseiller viticole à la chambre d'agriculture de Saône-et-Loire. Dans les vignes attaquées, il n'y a pas eu de conséquences sur les rendements et la maturité, mais la pression des cochenilles est bien présente. Dans le Mâconnais, 20 % du vignoble est concerné. »
En Loire-Atlantique, les cochenilles ont aussi été plus nombreuses que l'an passé : « Il s'agissait plutôt de lécanines. Nous les avons repérées sur les secteurs de Vallet et du Landreau. Les bois étaient couverts de fumagine mais il n'y a pas eu d'incidence sur la récolte. Les cas sont restés très anecdotiques et très localisés. Nous n'avons pas recommandé de traitement », rapporte Stéphanie Savary, de la chambre d'agriculture.
Pour lutter contre les cochenilles, plusieurs insecticides sont homologués. « Mais ils ne visent pas forcément toutes les espèces. Et ils ne s'appliquent pas tous au même stade. Leur usage nécessite l'accompagnement d'un technicien », prévient Blandine Broquedis. Dans le Mâconnais, Benjamin Alban a préconisé d'utiliser « un régulateur de croissance, le fénoxycarbe ou du chlorpyriphos-éthyl (ou méthyl), en phase de remontée des larves. Mais pour les vignerons en bio, aucun produit n'est homologué et ils se retrouvent dans une impasse technique ».