Châssis. Identique au Vitis
Difficile de reconnaître le Voltis au premier coup d'oeil. Le tracteur électrique Tecnoma, en effet, est construit sur la même base de châssis - à longerons obliques - et reçoit la même cabine que la gamme d'enjambeurs standards Vitis trois rangs du constructeur. Le tracteur, à quatre roues, mesure 2,60 m d'empattement. Il dispose d'une voie variable (2,05 m à 2,30 m) par coulissement mécanique et pèse 3 890 kg.
Alimentation. Des batteries puissantes
Le Voltis est alimenté par deux packs de batteries au lithium fer phosphate (LiFePo4), pesant 850 kg, installés en position basse dans le rang. Les batteries délivrent 74 kW, l'équivalent de 100 ch. Elles sont refroidies à l'air. Selon Tecnoma, elles ont encore 80 % de capacité de charge après 2 800 cycles (charge et décharge complètes). Elles se rechargent en 11 heures, avec un chargeur de 220 V classique, ou en 4 heures avec une armoire de charge de 400 V, proposée en option. Une charge complète coûte entre 8 et 10 euros.
Selon le constructeur, le Voltis dispose de 13 heures d'autonomie en rognage et peut traiter 10 heures avec une cellule Millésime Précijet électrique. Une recharge partielle (1 h 30) à midi permet de gagner 2 h d'autonomie en rognage (5 h si l'on dispose d'une armoire de recharge rapide) et 1 h 30 (ou 4 h) en pulvérisation. Ces résultats dépendant toutefois des conditions d'utilisation. En augmentant la vitesse de la turbine de 3 600 à 3 800 t/min, la durée d'autonomie baisse en effet de moitié, passant de 14 à 7 heures (recharge partielle rapide incluse). Tecnoma propose, en option, un groupe électrogène de secours pour éviter de tomber en panne en rentrant à l'exploitation.
Transmission. Directe aux roues
Le Voltis est pourvu de quatre roues motrices entraînées directement par quatre moteurs électriques asynchrones avec réducteurs. Les moteurs sont refroidis par une circulation continue de glycol à partir de 50 °C. Le système permet de travailler à haute température. Avantage de la transmission électrique : elle offre un rendement énergétique 30 % supérieur à une transmission hydrostatique.
Le tracteur dispose d'une seule gamme de vitesses. Le chauffeur la règle à l'aide d'une molette sur le terminal. S'il la positionne à 5 km/h, pour rogner par exemple, il pourra passer de 0 à 5 km/h avec le joystick. Ce réglage permet un pilotage souple. En tournant la molette au maximum, l'enjambeur atteindra sa vitesse de pointe : 25 km/h.
Le tracteur dispose de trois niveaux de freinage : un frein de transmission par retenue électrique ; un frein dynamique au pied et un frein de parking.
Cabine. Confortable et spacieuse
Protégée par un arceau de sécurité, la cabine est spacieuse et confortable. Le poste de conduite, ventilé et climatisé, est équipé d'un siège pneumatique, d'une colonne de direction réglable et de rétroviseurs électriques. Le joystick est solidaire de l'accoudoir. La cabine du Voltis offre un niveau de protection maximal (classe 4) contre l'exposition aux produits phytosanitaires.
L'avancement s'effectue avec le joystick ou à l'aide d'une pédale au pied. Surprenant, mais rassurant, le tracteur, au démarrage, ne répond pas à une première action sur le manche. Il n'avance qu'à la seconde tentative.
La cabine accueille deux écrans de contrôle en couleurs sur le montant droit. Le plus grand, en haut, permet de régler les prises de force et la plage de vitesse. Le second renseigne sur l'état de charge, le nombre de cycles et la température de fonctionnement.
Outils électriques. Une rogneuse et un pulvé
Les outils se branchent sur deux prises de force électriques. La principale développe 25 ch (19 kW) et peut entraîner la turbine du pulvé. Une sortie auxiliaire de 10 ch (8 kW) permet d'entraîner la pompe du pulvé ou tout autre appareil électrique.
À ce jour, le Voltis peut être équipé de deux outils électriques de Tecnoma : une rogneuse et la cellule de pulvé Millésime Précijet sept rangs. En option, un groupe électrohydraulique (60 l/min), permettra de travailler avec les outils hydrauliques existants.
Coût. Rentable en 5 ans
Le Voltis coûte 155 000 euros HT nu, soit 40 000 euros de plus qu'un enjambeur thermique Tecnoma S120. Les batteries représentent à elles seules 50 % du prix. Comptez 20 300 euros pour la rogneuse (deux rangs) et 32 900 euros le pulvé (sept rangs). Ajoutez 6 300 euros pour la centrale hydraulique, 3 000 euros pour les porte-outils et 18 200 euros pour une armoire de charge rapide.
Malgré son prix d'achat élevé, le Voltis présente un bilan énergétique et financier plutôt flatteur. Comparé à un tracteur trois rangs à moteur thermique de puissance équivalente, l'enjambeur à propulsion électrique permettrait, sur la base de 500 heures d'utilisation par an, de diviser quasiment par dix le coût énergétique et au minimum par cinq le coût de maintenance, le tout représentant une économie de 6 600 à 8 000 euros par an.
Selon Tecnoma, le surcoût de l'investissement se rentabiliserait sur cinq ans. Le fabriquant saura-t-il convaincre ses clients de réaliser un tel investissement. C'est tout le défi qu'il doit relever.
Deux constructeurs pour un marché étroit
Deux tracteurs électriques sont désormais disponibles à la vente : le T4E de Krémer Énergie, depuis 2012, et le Voltis, lancé en octobre. Les deux modèles sont destinés aux vignes étroites. Ils affichent des performances similaires et sont vendus à peu près au même prix. Deux différences toutefois : les moteurs du T4E sont refroidis par l'air ambiant alors que ceux du Voltis le sont au glycol. La transmission aux roues chez Kremer s'effectue par des courroies tandis qu'elle est directe sur le Voltis. La cabine du T4E est moins spacieuse mais plus élégante que celle du Voltis. Le choix entre les deux dépendra surtout des outils disponibles : pulvé, rogneuse, broyeur, etc.