Mafroco. Un articulé à quatre roues
L'entreprise champenoise Mafroco a mis au point le tabouret à roues directrices (TRD). Ce chariot repose sur deux essieux articulés. Une configuration qui permet à l'utilisateur de corriger sa trajectoire en restant en position assise. Il peut être chaussé de quatre roues larges ou étroites. Il est équipé d'un siège de faucheuse pivotant, avec réglage de la hauteur et du dévers, d'une tirette de remorquage et d'une boîte amovible pour déposer des outils. Un frein et un coussin sont en option. Mafroco propose également un tabouret à roues fixes, sans correction de trajectoire.
Le domaine Vacheron, à Sancerre (Cher), s'est équipé, il y a dix ans, pour l'un de ses salariés, handicapé. Depuis, il en a acquis pour chacun de ses huit permanents. « Les chariots électriques sont trop chers, lourds et difficiles à transporter », indique Denis Vacheron, cogérant du domaine. Les employés utilisent le chariot quatre mois par an pour tailler et ébourgeonner. « Il faut un petit temps d'adaptation au début pour bien le diriger, admet Denis Vacheron. Ensuite, on travaille sans doute un peu moins vite qu'à pied. Mais on se fatigue moins et on reste aussi performant le vendredi après-midi que le lundi matin. Dans les vignes en pente (25 ou 30 %), on ne travaille qu'en descendant. Le frein est alors une option très utile. Une fois en bas, on remonte en tirant le chariot. En revanche, dans des vignes planes, le chariot n'est pas très commode. Il faut le pousser sur le côté, ce qui peut faire mal aux genoux. Les derniers modèles ont des roues plus larges. Ils portent mieux. »
La SARL Château de Tracy, à Tracy-sur-Loire (Nièvre), dispose également de sept chariots Mafroco. « On les emploie pour la taille et l'ébourgeonnage, mais exclusivement dans 8 ha de vignes pentues, explique Laurent Labaume, le chef de culture. Sur terrain plat, c'est fatigant, surtout si le sol est humide ou s'il a été travaillé. Mais quand on l'utilise, ça repose le dos. On dépose le harnais du sécateur dans la boîte. Certes, on va un peu moins vite en vitesse pure, mais la cadence est régulière tout au long de la semaine. Les pneus, gonflés à l'air, amortissent les secousses, même s'ils souffrent un peu sur nos terrains en silex. On doit ainsi en changer deux ou trois tous les ans. Inconvénients de la taille en position assise : on manque de visibilité sur le côté opposé du rang et on risque plus facilement de se mettre un sarment dans l'oeil. »
Jeanneteau. Un trois-roues léger
Le Tri-vigne, fabriqué par l'entreprise marnaise Jeanneteau, est un petit chariot à trois roues montées sur un châssis en acier ou en aluminium. Il supporte un siège biplace, simple ou confort, ou un siège pivotant. Le chariot dispose d'un frein sur la roue avant, d'une tige pour le déplacer, d'une petite caisse de rangement en plastique et d'un support pour un parasol.
Bernard Pongnot, salarié au Champagne Philipponot, à Mareuil-sur-Ay (Marne), travaille avec deux Tri-vigne depuis vingt ans : un à grandes roues, qui roule même sur les terres humides, l'autre à petites roues qui convient pour les terrains secs ou plats. En délicatesse avec son dos, le viticulteur apprécie d'être assis sur une selle confortable. « Sans cet outil, je ne pourrais plus travailler », admet-t-il. Selon lui, le Tri-vigne, doté d'un frein sur la roue avant, se plaît dans les pentes, mais n'est pas l'outil idéal sur le plat. « Il faut pousser sur les jambes. Et le chariot peut basculer quand une roue passe dans un creux. »
Henri-Georges Nares, salarié et utilisateur depuis cinq ans d'un Tri-vigne au Champagne Férat, à Vertus (Marne), est moins convaincu. « L'équipement est intéressant, mais il est impossible de l'utiliser si le rang est travaillé. Dans les descentes, il faut toujours avoir une jambe tendue pour le freiner, regrette-t-il. L'assise du siège biplace n'est pas grande et la mousse finit par se tasser. Je l'ai remplacée par un siège métallique avec un coussin en mousse. »
D.O. Plast. Deux modèles en plastique
ÀCumières, dans la Marne, la société D.O. (Denis Ouy) Plast produit deux modèles de siège à trois roues : le Trotivigne (photo) et le Trotiplast. Ils se distinguent du Tri-vigne par leur châssis en matière plastique (PEHD et polyester). Le Trotivigne est pourvu d'un châssis horizontal et d'un siège large (550 x 200 mm) et souple (120 mm d'épaisseur), réglable en hauteur (140 mm) et inclinable jusqu'à 10 %. Le coffre de rangement est soudé au châssis. Le Trotiplast est plus rudimentaire. Son intérêt : il dispose d'un châssis en V inversé qui permet d'en empiler plusieurs les uns sur les autres pour un meilleur rangement. Il reçoit, en option, un support pour poser un panier à vendange, deux sacoches de rangement et un abri en toile contre le soleil ou la pluie. Le Trotivigne et le Trotiplast sont pourvus d'une tirette pour les déplacer.
Les Champagne Laval Louis, à Cumières (Marne), utilisent trois Trotivigne depuis plus de dix ans pour tailler, lier et ébourgeonner leurs 4,5 ha de vigne. « Dans nos vignes basses, les chariots permettent de travailler confortablement. J'ai moins mal au dos, apprécie Florent Laval. Le châssis, en plastique, est à la fois léger et solide. Il soutient mes 120 kg. Détail pratique : on peut régler l'inclinaison du siège dans les pentes pour rester à l'horizontale. L'équipement passe dans des terres griffées si le sol est sec. Mais dans les vignes planes, on finit par avoir mal aux genoux à la longue, à force de pousser pour avancer. Et dans les parcelles en forte pente, le frein, sur la roue avant, peine à retenir le chariot. »
Agriself. Basique et pratique
La Chariotte d'Agriself n'est pas très séduisante au premier coup d'oeil. Le constructeur, implanté à Chézy-en-Orxois (Aisne), a privilégié la simplicité. Le châssis est constitué d'un tube carré creux à l'intérieur duquel s'insère la tirette de remorquage. Il reçoit au centre un siège simple, tournant et réglable en hauteur et en dévers (voir photo), ou un siège grand confort, épais avec un dossier. La Chariotte est munie de trois roues larges avec un frein sur la roue avant. Elle dispose d'une caisse de rangement, métallique, et d'un support pour parasol.
Guillaume Levesque, viticulteur à Noyers-sur-Cher (Loir-et-Cher), a acheté une Chariotte l'an passé à cause d'un problème de voûte plantaire. Il la trouve pratique. « J'ai taillé six des 35 ha du domaine avec. Elle convient bien pour nos vignes basses, observe-t-il. Nous en avons commandé deux autres exemplaires », annonce-t-il. Et pourquoi pas un chariot automoteur ? « C'est encombrant et trop coûteux ! »
Alain Claudel, du Domaine du Bien Vivre, à Saint-Romain-sur-Cher (Loir-et-Cher), ne pouvait pas s'offrir un chariot électrique, trop cher pour lui. En février dernier, il a acheté une Chariotte et regrette cette acquisition. « L'outil est simple et solide, mais il n'est pas pratique, indique-t-il. On ne peut l'utiliser qu'en descendant. Sur le plat, j'ai eu mal aux hanches au bout d'une heure. Le mouvement de poussée avec les jambes n'est pas naturel. Le siège n'est pas très confortable, ni très stable. Si on penche un peu trop le corps, on risque de basculer. » Pour toutes ces raisons, il l'a utilisé un peu plus de deux mois, mais en discontinu. Et il va tester un chariot électrique cet hiver.
Jusqu'à 3 000 euros d'aide
La MSA peut apporter une aide pour l'achat d'un chariot de taille ou de tout équipement visant à prévenir les troubles musculo-squelettiques (TMS). Cette aide est comprise entre 250 et 3 000 euros et s'élève à 50 % maximum de l'investissement. Elle est accordée sous conditions dans le cadre de l'Aide financière simplifiée agricole (Afsa). Le demandeur doit être chef d'entreprise et employer de un (mi-temps et plus) à dix salariés (équivalent temps plein). Il doit être affilié à la MSA et à jour dans ses cotisations, n'avoir bénéficié d'aucune aide de la MSA au cours des cinq années précédentes et avoir réalisé son document unique d'évaluation des risques ou s'engager à le faire. Nouveauté : en 2015, le champ de l'aide sera élargi - à titre expérimental et dans certaines antennes MSA seulement - aux viticulteurs travaillant seuls, sans salarié. Renseignez-vous auprès de votre caisse locale.