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VENDRE - Paroles de consommateurs

Au Salon des Outsiders, à Paris « Les fêtes, un moment de partage et de découverte »

ÉMILIE-ANNE JODIER - La vigne - n°270 - décembre 2014 - page 62

La Vigne est allée à la rencontre d'un public connaisseur et exigeant pour lui demander quels vins il associe aux fêtes de fin d'année.
Pierre, Pascal et Kevin « Un magnum à Noël, comme on est plus nombreux, c'est convivial ! » PHOTOS : C. FAIMALI/GFA

Pierre, Pascal et Kevin « Un magnum à Noël, comme on est plus nombreux, c'est convivial ! » PHOTOS : C. FAIMALI/GFA

Linette et Alain, retraités « Pendant les repas familiaux, il faut que les vins plaisent à tout le monde. »

Linette et Alain, retraités « Pendant les repas familiaux, il faut que les vins plaisent à tout le monde. »

Jean-Charles, directeur commercial « C'est l'occasion d'ouvrir plusieurs bonnes bouteilles, pas une seule ! »

Jean-Charles, directeur commercial « C'est l'occasion d'ouvrir plusieurs bonnes bouteilles, pas une seule ! »

Yves, 68 ans, retraité « Le plaisir des fêtes, c'est de choisir un vin, mais surtout de le partager. »

Yves, 68 ans, retraité « Le plaisir des fêtes, c'est de choisir un vin, mais surtout de le partager. »

Nathalie et Pierre, 39 ans « Je ne profite pas forcément de cette période pour ouvrir des bouteilles un peu plus chères. »

Nathalie et Pierre, 39 ans « Je ne profite pas forcément de cette période pour ouvrir des bouteilles un peu plus chères. »

Delphine, 27 ans, en formation « Pour moi, un événement est toujours l'occasion de déguster un bon vin. »

Delphine, 27 ans, en formation « Pour moi, un événement est toujours l'occasion de déguster un bon vin. »

Jérôme, 42 ans, employé de banque « Je ne peux pas dissocier un vin du plat qui va l'accompagner. »

Jérôme, 42 ans, employé de banque « Je ne peux pas dissocier un vin du plat qui va l'accompagner. »

C'est au coeur de Paris, dans le Ier arrondissement, que le critique Jean-Marc Quarin a proposé à une quarantaine de vignerons bordelais de rencontrer leurs clients. Il les a dénommés les Outsiders, car ils produisent des « vins dont le goût est supérieur à ce que l'étiquette laisse paraître ». Ici, pas de pancartes, ni de haut-parleurs. L'ambiance est feutrée, propice au dialogue et à la dégustation.

C'est un public connaisseur qui arpente les allées. Pour eux, le moment des fêtes n'est pas toujours le meilleur pour acquérir des bouteilles. « Je n'achète pas spécialement de vins pour Noël, assure Yves, 68 ans, retraité du BTP en Normandie. J'ai tout ce qu'il faut dans ma cave ! J'achète au fur et à mesure toute l'année. » Delphine, 27 ans, en formation pour devenir caviste, se fait également plaisir tout au long de l'année. « Et je ne me jette surtout pas sur les champagnes sous prétexte que les réveillons approchent ! », s'empresse-t-elle d'ajouter.

D'autres, en profitent pour faire des découvertes, c'est le cas d'Alexie, 23 ans, commise sommelière. « Je fais un peu plus d'achats à cette occasion. Je profite du Salon des Vignerons indépendants [qui se tient fin novembre, NDLR]. Chaque année, j'y découvre quelques crus. L'année dernière, c'étaient les monbazillacs, souvent trop sucrés en grande surface. Au salon, j'en ai trouvé de beaucoup plus aromatiques. »

Kevin, Pierre et Pascal, trois amis trentenaires, remplissent leur panier avant Noël : « On achète du champagne ! », annoncent-ils de concert. Pierre précise même : « Comme on en boit davantage à cette période de l'année, j'essaie de m'approvisionner un peu. » Kévin, lui, n'hésite pas à s'offrir des formats originaux : « J'aime bien arriver avec un magnum. C'est beau sur la table ! Et en plus, pas besoin de calculer à la goutte près pour être sûr que tout le monde soit servi ! C'est vraiment l'occasion pour ce genre de bouteille qu'on n'achèterait peut-être pas le reste de l'année. » Pascal complète : « On se fournit aussi un peu en liquoreux. On les choisit pour aller avec le foie gras. »

Les accords mets-vins ? Chacun a sa petite idée sur le sujet. « J'ai tendance à sortir davantage les liquoreux pour le foie gras, indique Pierre, un vétérinaire venu tout spécialement des Ardennes avec sa femme, Nathalie, pour visiter le salon. Pour les poissons et les fruits de mer, j'ai découvert les bordeaux blancs, c'est un pur bonheur ! Ces vins ne sont pas très connus et leur prix est très raisonnable ! »

« Pour moi, un événement, comme les fêtes de fin d'année, s'accompagne d'un bon repas et surtout d'un bon vin », affirme, sûre d'elle, Delphine. Au détour d'un stand, Annette, retraitée, avoue son penchant pour les sauternes devant un bon foie gras « fait maison », insiste-t-elle, ou pourquoi pas un homard... Linette, retraitée de l'Éducation nationale qui accompagne son mari sur le salon, associe le menu traditionnel de fin d'année à un vin doux naturel : « J'aime le maury avec le foie gras. Le plus important, c'est que le vin se marie bien au plat. Il nous arrive de faire quelques achats de bouteilles pour la fin de l'année, l'important est que ça plaise à tout le monde. »

Mais ce qui réunit vraiment tous les consommateurs croisés au Salon des Outsiders, c'est la notion de plaisir. Associée à cette période de l'année, elle devient partage et convivialité autour d'une bonne bouteille. « Pour les fêtes, le plaisir, c'est de choisir un bon vin, mais surtout de le partager », confirme Yves, le retraité du BTP à la cave bien garnie. Il est soutenu par Jérôme, le banquier gourmet : « C'est surtout l'occasion de sortir une bonne bouteille de sa cave... et de se demander ce qu'on va cuisiner avec ! C'est un moment privilégié pour découvrir et faire découvrir des choses. C'est là que le partage prend tout son sens. »

Jean-Yves, directeur commercial, n'en pense pas moins : « Les réveillons sont un moment de convivialité propice à la découverte du vin. C'est l'occasion d'ouvrir plusieurs bouteilles. Pas juste une seule ! », ajoute-t-il malicieusement. Pourtant, pas d'excès en vue pour nos amateurs. Alexie, 23 ans, prêche la modération pour des raisons financières : « En fin d'année, comme j'achète plus de bouteilles, je prends des vins un peu moins chers que le reste de l'année - où je peux dépenser jusqu'à 30 euros pour me faire plaisir. Par exemple, j'ai déniché une excellente clairette de Die à 8,50 euros ! Ce n'est pas le même budget qu'un champagne ! »

Jérôme, banquier de 42 ans, préfère la qualité à la quantité. « En ce qui me concerne, j'aime boire à cette époque un peu moins de vin que d'habitude, mais je vais aller vers des choses plus rares. » Pour Linette et Alain, on reste mesuré, mais pour une bonne raison : « Nous, on a l'habitude de boire du vin toute l'année ! »

« Au début, j'avais tendance à vouloir profiter de l'occasion pour ouvrir une bouteille un peu plus chère, se souvient Pierre, le vétérinaire des Ardennes. Mais finalement, je préfère partager les vins de qualité avec de vrais connaisseurs, qui vont en profiter autant que moi, ce qui n'est pas toujours le cas de la famille. »

Le partage, c'est aussi le plaisir d'offrir. Et, là aussi, les amateurs sont plutôt d'accord : « Offrir du vin, pourquoi pas. Mais ça dépend à qui... », entend-on souvent. « Pour quelqu'un qui s'y connaît un peu en vin, je vais sans doute faire l'effort de rechercher quelque chose de plus confidentiel, de moins connu, réfléchit Delphine, l'étudiante caviste de 27 ans. Et ce n'est pas une question de prix. » Pour ces amateurs venus au salon découvrir des vins peu connus et de qualité, une bonne bouteille n'est pas forcément estampillée « grand cru ». « Il faut savoir à qui on s'adresse quand on veut offrir une bouteille », confirme Kévin. Le jeune homme qui travaille dans les cosmétiques est originaire de Bordeaux. Pendant les fêtes de fin d'année, il n'hésite pas à offrir ou faire découvrir à sa famille des vins d'autres régions viticoles. « L'offre est tellement pléthorique et intéressante sur place que les gens n'ont pas le réflexe de découvrir d'autres choses », observe-t-il. Alors il s'en charge pour eux : « Je rapporte des côtes-du-rhône, par exemple, ou des vins du Languedoc. Ils reçoivent plutôt un bon accueil ! »

Le champagne fait débat

Jean-Charles est un inconditionnel. « Le champagne, c'est le vin que j'achète exprès pour les fêtes », explique-t-il. Mais pour d'autres visiteurs du salon, la question se pose de savoir quel effervescent servir pour les fêtes. Pierre, Kevin et Pascal, trois amis bordelais, aiment le produit mais ne s'en tiennent pas là. « Je fais découvrir d'autres vins pétillants, comme des gaillac, à ma famille au moment de Noël, raconte Pierre. Cela les a surpris parce que ce ne sont pas des champagnes, mais ils les ont appréciés. On entend de plus en plus parler, dans la presse, de ces vins qui peuvent remplacer les champagnes ». Delphine, 27 ans, réagit de la même manière : « Je peux dépenser 30 ou 40 euros pour une bouteille de vin, ce qui est déjà un bon budget. Mais je préfère un bon crémant à un mauvais champagne. À 15-20 euros, je trouve des choses excellentes. » Pour Alexie, c'est une question de goût : « Beaucoup de gens n'aiment pas trop l'acidité des champagnes. J'ai fait découvrir à ma famille la clairette de Die, qui a particulièrement plu ! C'est un vin dont le côté sucré et pétillant est très agréable, et à un prix plus que raisonnable. »

TRADITION ET AUDACE

- Restez traditionnel lorsque vous proposez un vin pour accompagner les repas de fêtes. Dans l'esprit des consommateurs, les liquoreux se marient toujours avec le foie gras.

- Vous pouvez en revanche oser des formats inhabituels, tels que les magnums et jéroboams. Ils représentent un bel ornement de table et permettent de servir généreusement tous les convives. C'est le moment idéal pour les proposer à la vente.

- Proposez d'offrir une bouteille de vin. Mais pensez à bien cerner le destinataire du présent : s'il est connaisseur, n'hésitez pas à choisir un produit original ; s'il est néophyte, une bouteille plus classique le rassurera.

- Si vous produisez des bulles moins réputées que le champagne, n'hésitez pas à les mettre en avant. Les consommateurs apprécient de découvrir d'autres effervescents.

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