Le 18 décembre, le conseil d'administration de l'ODG des dix crus du Beaujolais a décidé de « reprendre l'entière gestion administrative et financière de [son] organisme ». Ce qui équivaut à un retrait pur et simple de l'Union des vignerons du Beaujolais, l'organisme en charge jusqu'ici des deux ODG locaux, celui des crus et celui regroupant les appellations beaujolais et beaujolais-villages. Une position réaffirmée le 30 décembre, lors d'un conseil d'administration extraordinaire de l'UVB.
« Nous voulons être plus efficaces dans le traitement de nos dossiers, comme la création de premiers crus », explique Audrey Charton, présidente de l'ODG. La viticultrice de Fleurie évoque également « un déséquilibre de représentativité au sein du conseil d'administration de l'UVB. Nous avons quatre représentants, les beaujolais et les beaujolais-villages en ont quatre chacun. Nous avons demandé plusieurs fois un changement. Nous n'avons pas été écoutés ».
« Ça a été une surprise pour tout le monde », réagit Denis Chilliet. Le secrétaire général de l'UVB soutient que « la caractérisation des terroirs ou la reconnaissance des premiers crus sont mises en oeuvre au quotidien par l'UVB ».
Il voit aussi dans ce départ une « volonté des crus de rejoindre la Bourgogne ». « C'est absolument faux, rétorque Audrey Charton. Nous voulons demeurer dans le Beaujolais et l'on peut se retrouver sur des dossiers communs avec les gens du Sud. Nous ne voulons pas faire la guerre. »
Reste à déterminer qui va garder quoi à l'issue du divorce. Le sort de l'UVB est en suspens. L'ODG des crus apportait 140 000 € au budget de l'organisme commun, lequel s'élève à un peu plus d'un million. Des réunions hebdomadaires vont se tenir pour organiser la séparation d'ici fin mars. « Il faudra faire des choix de gestion, c'est certain », s'inquiète le directeur de l'UVB, François Roth. Neuf équivalents temps plein travaillent dans les locaux situés à Villefranche-sur-Saône.
Autre problème majeur, la représentativité de la production au sein d'Inter Beaujolais. Actuellement, c'est l'UVB qui désigne ses représentants. Une modification des statuts de l'interprofession paraît donc inévitable.
Enfin, le conseil d'administration a acté, le 30 décembre, l'annulation du Salon des grands vins du Beaujolais qui devait se tenir le 9 janvier, une décision inédite qui en dit long sur les tensions à l'oeuvre dans le vignoble.