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DOSSIER - Plantations nouvelles : ce que veulent les régions

Le vignoble mondial perd du terrain

La vigne - n°271 - janvier 2015 - page 26

En l'espace de plus de dix ans, le vignoble mondial a vu sa surface diminuer drastiquement. Mais, depuis quelques années, l'OIV observe une baisse moins brutale. On plante dans diverses régions du globe, Asie et Amérique du Sud en tête.

Le vignoble mondial a du mal à remonter la pente. Les plantations des uns ne parvenant pas à compenser les arrachages des autres. Plus de 350 000 ha ont disparu de la surface du globe en moins de dix ans, selon l'OIV* (Organisation internationale de la vigne et du vin). En 2013, les vignes dans le monde s'étendent sur 7,5 millions d'hectares alors qu'elles atteignaient plus de 7,8 millions en 2003.

« C'est la réduction du vignoble européen qui tire ces chiffres vers le bas », indique Jean-Marie Aurand, directeur général de l'OIV. En effet, même si le Vieux Continent concentre toujours plus de la moitié du vignoble mondial, les pertes de surfaces viticoles s'y font ressentir. En cause, les primes à l'abandon définitif accordées entre 2008-2009 et 2010-2011 par Bruxelles. Le but était alors de résorber l'excédent structurel de vin et de remédier à la perte de compétitivité du secteur vitivinicole européen.

C'est ainsi que le vignoble espagnol, le premier du monde en surface, est passé de 1,2 million d'ha en 2000 à un petit peu plus d'un million en 2012. Dans le même temps, l'Italie a vu son vignoble passer de 900 000 ha à 760 000. Et la France est passée de 907 000 à 800 000 ha. « Mais les chiffres de 2012-2013 dénotent une certaine stabilité, fait remarquer Jean-Marie Aurand. L'Italie et la France ne baissent respectivement que de 0,9 et 0,8 %, l'Espagne gagne 0,5 % de surface. »

Ailleurs en Europe, on plante un peu. La Hongrie et la Roumanie se lancent dans des programmes de plantation, mais aussi de restructuration de leur vignoble. « Ces pays réalisent de gros efforts d'adaptation de leurs vins aux marchés », assure le directeur général de l'OIV. De même, les États du Caucase (Azerbaïdjan ou Géorgie, par exemple) tentent d'adapter leurs vignobles aux standards mondiaux. « Ces États ont du potentiel et de l'ambition même si leurs volumes n'ont rien à voir avec les plus grands producteurs. »

Pour trouver un pays à la volonté de développement plus marquée, c'est vers l'Asie que les regards se tournent. « La Chine a connu une forte croissance, rappelle Jean-Marie Aurand. Entre 2000 et 2013, le pays a vu une augmentation de 127 % de son vignoble ! Aujourd'hui, il représente 9 % du vignoble mondial. » C'est le quatrième vignoble en surface et le huitième producteur de vin.

La Chine va-t-elle continuer à ce rythme ? Difficile à dire. « On remarque depuis ces dernières années une croissance un peu moins forte du vignoble chinois. On y plante toujours et les pépiniéristes confirment l'existence d'une véritable demande. » Autre difficulté : connaître la destination de ces plantations. Raisin de cuve ou raisin de table ? Les statistiques ne le disent pas. Or les Chinois sont de grands consommateurs de raisin de table.

À la différence de la Chine, le Chili est un producteur historique. Et le pays voit grand. « Ses vins s'exportent très bien, reconnaît Jean-Marie Aurand. Le pays a mis en place une véritable dynamique de modernisation. » Entre 2008 et 2011, le vignoble chilien a stagné autour de 198 000-200 000 ha. Mais les chiffres de 2012 indiquent un saut à 205 000 ha, soit une hausse d'environ 18 % par rapport aux 174 000 cultivés en 2000.

Ailleurs sur le continent américain, la tendance est au statu quo. « Les États-Unis tournent autour de 400 000 ha depuis quelques années désormais », note Jean-Marie Aurand, alors qu'ils avaient atteint jusqu'à 426 000 ha en 2001. Et si l'Argentine « a connu une forte croissance au tout début des années 2000, passant de 204 000 ha en 2001 à 223 000 en 2006, on observe ces dernières années une stabilité », selon le directeur général de l'OIV.

Les conditions climatiques représentent souvent un frein aux plantations. En Australie, par exemple, les grandes sécheresses des années 2009 et suivantes ont stoppé net l'impressionnante croissance du vignoble engagée au début des années 2000. « Les Australiens ont beaucoup planté entre 2000 et 2009, passant de 140 000 ha à 176 000, indique Jean-Marie Aurand. Mais des difficultés économiques ainsi que des événements climatiques exceptionnels ont poussé les producteurs à arracher. La situation semble se stabiliser, mais l'avenir dépendra de la conjoncture économique, les vins australiens étant de plus en plus concurrencés sur leur segment. » Notamment par la Nouvelle-Zélande dont « la production a plus que doublé depuis ces quinze dernières années », selon le directeur général de l'OIV. De 15 000 ha en 2000, la Nouvelle-Zélande est ainsi passée à 37 000 ha en 2010, pour s'arrêter là... Pour le moment.

Mais cela reste peu comparé aux pas de géant de la Chine qui apparaît donc comme le pays le plus dynamique sur la scène mondiale. Il fait d'ailleurs appel à de nombreux experts pour développer une production de qualité. « On peut boire de très bons vins chinois ! », atteste Jean-Marie Aurand. Les progrès réalisés sont énormes, mais le directeur général de l'OIV n'est pas inquiet pour les vins français : « La France est très présente en Chine et reste un grand acteur de la filière. C'est un marché immense. Tous les ans, environ 50 millions de Chinois accèdent à un niveau de vie qui leur permet d'avoir accès aux vins français. »

*L'OIV recense toutes les surfaces plantées en vignes, y compris celles qui ne sont pas encore entrées en production. Ses statistiques confondent raisins de cuve et raisins de table.

Les cépages les plus plantés

Des chercheurs de l'université d'Adelaïde, en Australie, ont mis au point la « première base de données sur l'encépagement mondial ». Se penchant sur plus de cinq cents régions viticoles, l'équipe a recensé 1 271 cépages de cuve (là où l'OIV en compte quasiment 6 000). Professeur d'économie à l'université d'Adelaïde, Kym Anderson ne cache pas son enthousiasme pour cet outil qui permet « pour la première fois, d'avoir une vision transparente des cépages plantés dans le monde et dans les régions viticoles ». Le cépage airen blanc, originaire d'Espagne, encore largement premier cépage dans le monde il y a vingt ans, a perdu son rang au profit du cabernet sauvignon et du merlot noir. Les sept autres cépages les plus plantés dans le monde en 2010 étaient, selon cette université, le tempranillo noir, le chardonnay blanc, la syrah noire, le grenache noir, le sauvignon blanc, le trebbiano toscano blanc et le pinot noir.

L'essentiel de l'offre

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