Y-a-t-il des itinéraires techniques qui permettent de tendre vers un objectif de « zéro résidu détecté dans les vins » ? Oui, d'après les résultats des travaux de l'IFV pôle Val de Loire-Centre. De 2011 à 2013, cet organisme a comparé trois itinéraires de lutte contre le mildiou, l'oïdium et le botrytis : Mildium, Optidose et Référence viticulteur. Le premier est une règle de décision pour le mildiou et l'oïdium mise au point par l'Inra de Bordeaux. Il repose sur des traitements dits « obligatoires » - deux pour le mildiou et deux pour l'oïdium - complétés, par des traitements « optionnels » selon la pression des deux maladies. Le deuxième, développé par l'IFV, consiste à adapter les doses selon le stade phénologique de la vigne, le développement végétatif et la pression des maladies. Enfin, le troisième correspond à la stratégie classique appliquée par le viticulteur.
Quels sont les résultats ? « Quel que soit l'itinéraire mis en place, les teneurs en résidus dans les raisins sont très largement en dessous des LMR (Limite maximale de résidus). Et, lorsqu'on réduit les quantités de produits appliqués, comme dans Optidose, on baisse le taux de résidus de certaines molécules dans les raisins, telles que le diméthomorphe ou le tébuconazole », rapporte Philippe Chrétien, de l'IFV pôle Val de Loire.
Dans les vins, il n'y a pas de LMR. Mais, là encore, les teneurs retrouvées sont très faibles et bien inférieures aux LMR pour les raisins. Aucun risque donc pour la santé des consommateurs.
« Il y a des molécules que l'on ne retrouve jamais, car elles disparaissent lors de la vinification. C'est le cas du folpel, du mancozèbe, du quinoxyfen, de la mépanipyrim et de la trifloxystrobine. En revanche, il y en a que l'on détecte régulièrement mais à de faibles taux, notamment l'acide phosphoreux, qui est un métabolite du fosétyl-Al, le cuivre, le fludioxonil et l'iprovalicarbe », indique Philippe Chrétien. Si l'on veut tendre vers le « zéro résidu détecté dans les vins », mieux vaut donc employer avant la fleur ces matières actives qui migrent dans les vins. Pour le fosétyl-Al et l'iprovalicarbe, il est même préférable de les appliquer très tôt car, même positionnées à mi-fleur, elles peuvent encore laisser quelques résidus dans les vins. À l'inverse, les molécules qui sont éliminées lors de la vinification peuvent être utilisées pour des traitements tardifs. À noter que les expérimentateurs ont également trouvé dans les vins de très faibles quantités de matières actives qu'ils n'avaient pas appliquées sur la parcelle d'essai. « Ces contaminations sont issues de la dérive de molécules appliquées dans les parcelles voisines », explique Philippe Chrétien.
Au total, les expérimentateurs ont recherché 50 molécules, y compris des matières actives qui n'ont pas été appliquées. Ainsi, en 2012, sur l'ensemble des molécules analysées, onze ont été appliquées sur au moins l'un des itinéraires étudiés.
S'agissant des conditions d'essais, la pression des maladies a été faible en 2011 et 2013 et un peu plus forte en 2012, surtout pour le mildiou. Le nombre de traitements est cependant resté modéré dans toutes les modalités, y compris dans celle appliquée par le viticulteur. Les IFT en 2012 étaient ainsi de 9,33 dans la référence viticulteur, de 6,9 dans l'itinéraire Mildium et de 6,03 dans l'itinéraire Optidose.