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VIGNE

Résistance à la sécheresse, vigueur conférée Porte-greffes : un comportement mieux expliqué

CHRISTELLE STEF - La vigne - n°274 - avril 2015 - page 44

Selon des chercheurs bordelais, le système racinaire et la taille des vaisseaux du bois expliquent ces deux propriétés des porte-greffes.

Les racines des porte-greffe jouent un rôle sur la résistance à la sécheresse. C'est ce que démontre l'unité de recherche en écophysiologie et génomique fonctionnelle de la vigne (EGFV) de l'Inra de Bordeaux. Grâce à un dispositif composé d'un container aux faces transparentes, les expérimentateurs ont observé le développement racinaire de deux porte-greffe : Riparia Gloire de Montpellier (RGM) et 110 R, tous deux greffés de cabernet-sauvignon.

« Le RGM possède un système racinaire plutôt traçant et les racines se développent dans les horizons superficiels. À l'inverse, le 110 R qui est connu pour mieux résister à la contrainte hydrique, a un système racinaire plus plongeant lui permettant d'aller chercher l'eau plus en profondeur », rapporte Philippe Vivin, chargé de recherche et directeur adjoint de l'unité EGFV.

Moins d'embolies chez le 110 R. La capacité des racines à prospecter tous les horizons participe à la tolérance à la sécheresse. Mais d'autres facteurs rentrent en ligne de compte, notamment les propriétés hydrauliques des racines et le transfert de l'eau vers les feuilles. « C'est aussi un sujet sur lequel nous travaillons et, là encore, il y a des différences entre les deux porte-greffes. Nous avons ainsi observé qu'en réponse à une sécheresse, le 110 R a une plus faible conductivité hydraulique que le RGM. Ce phénomène est lié à une proportion plus importante de vaisseaux conducteurs de faible diamètre dans le xylème du 110 R », indique Philippe Vivin. Du coup, ce porte-greffe tolérant transporte moins d'eau vers les feuilles, mais surtout il est moins sensible au risque d'embolie en cas de déficit hydrique.

Les chercheurs bordelais ont également montré que les porte-greffe ne réagissent pas tous de la même manière en situation de contrainte minérale.

Récemment, ils ont étudié le comportement du RGM qui confère une faible vigueur au greffon et le 1103 P qui en donne une forte. Tous deux ont été greffés de cabernet-sauvignon et plantés dans des sols avec différentes teneurs en azote. Ces deux porte-greffes ont la même capacité à acquérir cet élément dans le sol. Mais en situation limitante, le 1103 P est plus efficient pour le transférer vers les parties aériennes, et il est meilleur pour remobiliser ses réserves. « Il est donc moins sensible aux variations de la disponibilité des éléments minéraux dans le sol que le RGM. C'est ce qui expliquerait qu'il procure une plus grande vigueur », explique Philippe Vivin.

Cinquante porte-greffes en comparaison

Dans le cadre du projet Idéogreffe, des chercheurs de l'ISVV vont planter dans une parcelle, en juin 2015, une cinquantaine de porte-greffes greffés de cinq cépages : cabernet-sauvignon, pinot noir, grenache, syrah et ugni blanc. La moitié de ces porte-greffes provient de l'étranger : Italie, Espagne, Hongrie... Cette parcelle, nommée Greffadapt, a pour but d'évaluer le comportement de ces porte-greffes afin de voir lesquels sont les plus prometteurs pour l'avenir de la viticulture. « Nous espèrons proposer d'ici cinq à dix ans, de nouvelles inscriptions au catalogue français », indique Élisa Marguerit, de Bordeaux Sciences Agro.

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