À la Maison des vins de Cheverny, 1, avenue du Château, 41700 Cheverny « Goûter les vins grâce à une machine, ils adorent ! »

DÉGUSTATION INNOVANTE La Maison des vins de Cheverny s'est installée face au château qui a servi de modèle à Hergé pour dessiner Moulinsart. Elle fut l'une des premières à s'équiper d'automates pour distribuer des vins au verre aux visiteurs. En route pour une visite ludique.

L'ancienne forge de Cherveny (Loir-et-Cher), située face aux grilles du château, est devenue la Maison des vins de cette appellation. Dans ce lieu dédié aux produits de la vigne, le visiteur peut se troubler de voir si peu de bouteilles. Seuls quelques cols sur un présentoir et une table de dégustation lui assurent qu'il est bien au bon endroit.

Des cols... et Célia Couderc. « Ici, nous faisons déguster 96 cuvées des vignerons des appellations Cheverny et Cour-Cheverny, plus quatre bouteilles en offre "vins du jour". Cela fait une centaine de références à découvrir ! » s'enthousiasme la responsable du lieu. Toutes ces bouteilles sont dissimulées dans trois grands cylindres qui occupent la salle. C'est là, autour de ces tours, que se jouent les dégustations. Le visiteur vient y poser son verre sous un des becs verseurs qui va lui délivrer quelques centilitres de vin.

La Maison des vins de Cheverny a innové, dès son ouverture en 2008, en proposant de goûter les vins de ses 32 vignerons adhérents grâce au système de distribution de vin au verre Vinomatic. « C'est très ludique, reconnaît Célia Couderc. Les gens adorent ! »

Plusieurs modes de dégustation sont proposés. « Pour les vins du jour, il s'agit d'une dégustation classique gratuite, explique Quentin Pennaneach, qui anime le lieu. Nous présentons quatre vins - un rouge, un rosé, un blanc de Cheverny et une référence de Cour-Cheverny - de quatre vignerons différents. Je sers les gens tout en leur donnant des explications sur les vins. Ensuite, ceux qui veulent aller un peu plus loin peuvent sélectionner eux-mêmes nos vins grâce aux machines. » Deux choix s'offrent alors aux visiteurs : goûter trois vins pour 4 euros ou sept vins pour 6,50 euros, avec en plus un petit carnet et un crayon pour noter leurs impressions.

« Les vins du jour sont représentatifs de l'appellation, précise Célia Couderc. Chaque vigneron choisit, à tour de rôle, la cuvée qu'il veut présenter ainsi. Il en donne deux cents bouteilles. Une fois que nous avons tout vendu, nous passons aux vins d'un autre vigneron. Ce sont des vins d'entrée de gamme, à 7 euros en moyenne, pour faire découvrir l'appellation. Ensuite, les clients approfondissent s'ils le souhaitent grâce à la dégustation payante. Cette fois, les vins sont vendus entre 6,50 et 16 euros le col. » En 2014, l'institution a écoulé plus de 55 000 cols, tous au prix départ cave. Plus de la moitié (56 %) était en dégustation gratuite.

Un groupe de jeunes Parisiens entre dans la boutique. L'un d'eux a une maison de famille à quelques kilomètres de là. « Je suis déjà venu ici, raconte-t-il. Et je souhaite faire connaître ce lieu à mes amis car j'y ai découvert les vins de Cheverny. Pour moi, ils avaient mauvaise réputation. Mais, j'ai fait ici des découvertes vraiment intéressantes. » Les jeunes gens entourent Quentin, qui orchestre les dégustations. L'un d'eux se montre intéressé par le cour-cheverny qu'il vient de goûter et son cépage, le romorantin. « C'est François Ier qui l'a importé jusqu'ici », raconte Quentin, pour la petite histoire.

Un autre membre du groupe est intrigué par les becs verseurs. Il n'a jamais tenté l'expérience de la dégustation à la machine. Avec une amie, ils se décident pour un verre à 4 euros. Honneur aux dames. « Il faut se lancer ! », lui conseille Quentin. Mais comment choisir parmi quatre-vingt-seize étiquettes ? « C'est une question qui revient tout le temps, confie Célia Couderc. Les gens nous demandent quel est le meilleur vin, mais nous ne pouvons pas répondre à leur place ! En outre, la Maison des vins se doit de représenter avec équité chacun des 32 adhérents. Nous ne privilégions jamais un vigneron par rapport à un autre, c'est une règle d'or ici. » « Nous pouvons orienter le choix du consommateur en fonction de ses goûts, explique Quentin. C'est à ça que sert la dégustation des "vins du jour". Si quelqu'un me dit préférer des vins boisés, je saurais quelles cuvées lui conseiller. »

Finalement, la jeune femme tente sa chance un peu au hasard et jette son dévolu sur la cuvée Le Vivier du domaine des Huards, un cheverny en biodynamie. Elle pose son verre muni d'une puce électronique sur le socle situé sous la fiche signalétique du vin. Automatiquement, le bec verseur lui délivre 3 cl. « C'est génial ! », s'exclame-t-elle, avant d'emporter son verre à l'arrière de la boutique, où l'attendent ses amis, confortablement installés dans des fauteuils.

Les vendeurs sont sollicités en permanence bien que les machines assurent aux visiteurs une certaine autonomie. « Les gens sont très demandeurs d'informations, constate Célia Couderc. Ils aiment qu'on leur parle des vignerons. Notre discours est très important. Après la dégustation gratuite des "vins du jour", les gens ont tendance à acheter davantage de blancs, parce que nous leur avons expliqué que nous sommes une région de blancs. En revanche, après une dégustation payante, où nous intervenons moins, les gens s'offrent plutôt des vins rouges, sans doute par habitude. »

Entre-temps, la Maison des vins s'est vidée et remplie au rythme des sorties des visiteurs du château. Les achats se succèdent : de plusieurs cartons pour un fidèle venu remplir sa cave à deux cols seulement pour les jeunes Parisiens. Un groupe de touristes anglais est même reparti avec une bouteille de rosé ouverte pour la déguster directement dans le parc. Difficile de mieux faire rimer tourisme et vin !