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VIGNE

Maladies Deux modèles pour savoir quand traiter

INGRID PROUST - La vigne - n°275 - mai 2015 - page 34

Les modèles de prévision des risques de mildiou et d'oïdium de Bayer et Promété indiquent quand renouveler les traitements selon la pression de ces maladies et les produits déjà appliqués. Deux modèles bien accueillis sur le terrain.
DES OUTILS D'AIDE À LA DÉCISION (OAD) permettent d'adapter au plus juste le besoin en traitement des parcelles. © GUTNER

DES OUTILS D'AIDE À LA DÉCISION (OAD) permettent d'adapter au plus juste le besoin en traitement des parcelles. © GUTNER

Movida de Bayer : Une aide au choix des produits

Le modèle Movida permet un suivi et une prévision des risques d'attaque du mildiou et de l'oïdium. « Cet outil d'aide à la décision (OAD) est connecté en temps réel avec un réseau de stations météo. Il est aussi capable de fonctionner avec tout type de station météo installée par un vigneron sur l'une de ses parcelles », explique Renaud Grasset, responsable des outils d'aide à la décision au sein de la société Bayer.

Une aide pour des traitements adaptés

Movida analyse les risques en fonction de la météo passée et des prévisions météorologiques à six jours. Il prend en compte le niveau de sensibilité de la vigne selon son stade de développement et intègre aussi la rémanence des produits que le vigneron a appliqués ou qu'il a prévu de pulvériser sur sa parcelle. « Avec notre outil, le vigneron sait si des contaminations vont survenir et quand il doit intervenir, poursuit Renaud Grasset. Il peut recevoir des alertes par SMS ou mail sur l'arrivée des premières contaminations de mildiou. »

Movida est utilisé par cent cinquante vignerons membres de Charentes Alliance, un groupe coopératif basé à Cognac (Charente) qui comprend, notamment, quatre caves et un service d'agrofournitures. « Les alertes données par Movida sont très fiables. Cela nous indique le niveau de risque en début de campagne. Et, en fin de rémanence des traitements, le système nous signale s'il faut traiter ou non », déclare Patrick Mandon, animateur terrain chez Charentes Alliance.

Loire Vini Viti Distribution, à Chinon (Indre-et-Loire), a également adopté Movida. « On l'utilise beaucoup pour le renouvellement des traitements et pour savoir si le vigneron peut retarder son intervention de quelques jours, indique Jérôme Fillon, technico-commercial vigne. Pour l'oïdium, en fin de saison, cet OAD est intéressant pour cerner le moment où l'on peut arrêter la protection. »

« Les analyses de Movida nous permettent de préconiser tel ou tel type de produit, ajoute Patrick Mandon de Charentes Alliance. En 2013, lors de la nouaison, l'outil nous a indiqué des contaminations épisodiques de mildiou. Grâce à cela, nous n'avons pas conseillé aux vignerons de passer aux produits cupriques, alors qu'habituellement, à ce stade, il est possible d'utiliser de tels phytos. »

Arnaud Florent, chef de culture au Domaine Charles Pain, à Panzoult (Indre-et-Loire), utilise Movida en lien avec son distributeur LVVD. Cela lui coûte 300 euros par an pour suivre six secteurs. Il apprécie ce modèle pour l'aider à choisir les antimildious les plus adaptés. « Si le risque prévu est faible, on opte pour une spécialité de contact, par exemple du métirame ou du cuivre, surtout en fin de saison. Si l'OAD signale un risque fort et une pluviométrie élevée, nous nous orientons vers un produit plus curatif, notamment l'association diméthomorphe + dithianon (Arco DTI) ou un antimildiou avec du cymoxanil », relate-t-il.

Bien gérer ses traitements

Movida l'aide également à organiser ses chantiers de traitements. « Jusqu'à cette année, nous ne possédions qu'un seul pulvérisateur à panneaux récupérateurs pour traiter nos 52 ha. Avec Movida, nos six secteurs sont cartographiés. Si l'outil alerte sur un risque de mildiou à venir dans une zone particulière, nous traitons ces parcelles en priorité. »

Agroclim de Promété : Des économies d'IFT

Le modèle Agroclim de Promété, une petite société de Narbonne (Aude), fonctionne à partir de données recueillies au vignoble par une station météo dédiée. Celle-ci est connectée avec l'outil d'aide à la décision. Elle collecte la température, l'humidité relative, l'humectation foliaire, la pluviométrie, autant d'informations valables, en général, pour les parcelles situées dans un rayon de 2 km autour de la station. Le vigneron renseigne l'OAD sur ses cépages, les stades phénologiques et l'historique de ses traitements. Agroclim modélise le développement du mildiou et de l'oïdium, puis définit des seuils d'intervention. « Il aide les vignerons à gérer la lutte "à l'aveugle" avant l'apparition des symptômes. Il leur permet de démarrer les traitements au bon moment et de ne pas traiter inutilement », explique Édouard Loiseau, dirigeant de Promété. L'OAD calcule un risque d'infection cumulé depuis le dernier traitement. Si le niveau de risque est élevé, que le produit appliqué précédemment arrive en fin de rémanence et que des pluies sont annoncées, le modèle indique au viticulteur qu'il doit renouveler le traitement. Si le risque est faible, il lui signale qu'il peut retarder l'intervention.

Un peu moins de recul sur l'oïdium

Responsable technique et commercial de la Coopérative agricole Mâconnais Beaujolais, à Mâcon (Saône-et-Loire), Gilles Saunier est satisfait du modèle de Promété. « En 2013, nous avons subi une forte pression de mildiou, et cet OAD a bien fonctionné. Il permet de gérer les cadences et les rémanences en fonction des données climatiques. Sur l'oïdium, nous avons un peu moins de recul, c'est un champignon plus imprévisible. »

Vigneron à Verdille (Charente) sur 26 ha, Christophe Parthenay va entamer sa troisième campagne avec Agroclim. Cela lui coûte 150 euros par an pour le suivi d'une seule parcelle. « Avec cet OAD, je sais où en est la protection de mes vignes et jusqu'où je peux aller avant de traiter à nouveau. Je le trouve performant pour l'oïdium comme pour le mildiou. »

Le dispositif aide également ses utilisateurs dans le choix de leurs produits phyto. « Les analyses de risques intègrent l'historique des traitements. Le vigneron peut ainsi choisir le type de produit le plus adapté », commente Édouard Loiseau.

Des préconisations utiles

« Agroclim nous rend service dans nos préconisations. Si le risque de mildiou est faible, on recommande un produit de contact, par exemple », confirme Gilles Saunier. En accompagnant le vigneron dans sa stratégie de traitements suivant les risques, l'OAD favorise l'économie de phytos. « Nous l'avons testé sur une parcelle en 2014. Il a permis de supprimer un passage d'antimildiou et de baisser l'IFT de 0,5 point », signale Mélanie Boucherat, conseillère viticole à la chambre d'agriculture de l'Aube. « J'essaie de démarrer la protection le plus tard possible. Agroclim est précieux pour fixer au mieux le moment du premier traitement, souligne Christophe Parthenay. J'utilise un pulvérisateur à panneaux récupérateurs et je pratique la réduction de doses avec le programme Optidose. Avec l'aide du modèle Promété, j'ai baissé mon IFT de 30 % par rapport à la référence régionale. »

Deux modes de commercialisation

Pour les vignerons, la souscription au service Movida passe par les distributeurs de produits phytosanitaires. On peut ensuite l'utiliser avec son technico-commercial ou de façon autonome. « Nous avons choisi d'accompagner les vignerons, note Patrick Mandon, de Charentes Alliance. Notre prix pour le forfait Movida est de 100 euros environ par an pour trois parcelles. » Chez LVVD, à Chinon, Movida est aussi vu comme un outil « d'échanges de données et de points de vue entre techniciens et vignerons », indique Jérôme Fillon, technico-commercial, qui évoque un tarif de 50 euros en moyenne par parcelle et par an. « Plusieurs centaines de vignerons ont adopté Movida sur des milliers de parcelles », souligne Renaud Grasset, de Bayer. À l'inverse, Agroclim de Promété peut être acquis en direct par le vigneron (abonnement annuel à partir de 150 euros par parcelle, location station météo 800 euros). Mais le modèle est aussi employé par des distributeurs de produits phyto, notamment dans le réseau Agridis. « Promété compte plus de six cents utilisateurs en France », précise Édouard Loiseau, le dirigeant de Promété.

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