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VENDRE - Paroles de consommateurs

Au marché aux vins de Cairanne (Vaucluse) « Transmettez-nous votre passion ! »

CHANTAL SARRAZIN - La vigne - n°275 - mai 2015 - page 66

La Vigne a profité du Marché aux vins de Cairanne pour demander aux consommateurs ce qu'ils attendent de l'accueil au caveau. Réponse : le sentiment d'être les bienvenus et découvrir un producteur, sa région et ses vins.
Christine et Christian, responsables administratif et financier « Déguster avant d'acheter, c'est ce qui différencie un caveau d'une grande surface. » PHOTOS : C. SARRAZIN

Christine et Christian, responsables administratif et financier « Déguster avant d'acheter, c'est ce qui différencie un caveau d'une grande surface. » PHOTOS : C. SARRAZIN

Ludovic, technicien R & D « J'aime qu'on me laisse le temps de regarder les bouteilles avant de m'aborder, surtout dans les caveaux spacieux des coopératives. »

Ludovic, technicien R & D « J'aime qu'on me laisse le temps de regarder les bouteilles avant de m'aborder, surtout dans les caveaux spacieux des coopératives. »

Gérard, directeur réseau magasin, Nora, cadre commerciale « Une fiche explicative sur le vin qu'on déguste est appréciable. Si elle comporte le prix du vin, c'est très utile aussi ! »

Gérard, directeur réseau magasin, Nora, cadre commerciale « Une fiche explicative sur le vin qu'on déguste est appréciable. Si elle comporte le prix du vin, c'est très utile aussi ! »

Anne-Laure, chef de produits textiles « Je suis avide de conseils sur les accords mets et vins. S'il y a de la documentation sur le sujet, je l'emporte. »

Anne-Laure, chef de produits textiles « Je suis avide de conseils sur les accords mets et vins. S'il y a de la documentation sur le sujet, je l'emporte. »

Thierry, chauffeur de poids lourds, entouré de ses enfants Célia et Cédric, « Les vignerons ne savent pas tous se vendre ! Dans ce cas, mieux vaut faire appel à du personnel compétent et motivé. »

Thierry, chauffeur de poids lourds, entouré de ses enfants Célia et Cédric, « Les vignerons ne savent pas tous se vendre ! Dans ce cas, mieux vaut faire appel à du personnel compétent et motivé. »

Pierre-Yves, ingénieur, Véronique, professeur, et Marguerite, retraitée « Nous aimons que les vignerons nous donnent des détails différents sur leur appellation de ceux qu'on trouve dans les livres. »

Pierre-Yves, ingénieur, Véronique, professeur, et Marguerite, retraitée « Nous aimons que les vignerons nous donnent des détails différents sur leur appellation de ceux qu'on trouve dans les livres. »

Bérénice, responsable supply chain, Véronique, directrice d'école « Nous apprécions les caveaux ouverts le week-end et qui vendent des produits du terroir. Ça nous dépanne pour improviser un apéro ! »

Bérénice, responsable supply chain, Véronique, directrice d'école « Nous apprécions les caveaux ouverts le week-end et qui vendent des produits du terroir. Ça nous dépanne pour improviser un apéro ! »

Que veulent les consommateurs qui se rendent dans le caveau d'un vigneron ou d'une coopérative ? « L'échange », le « partage », la « transmission d'un savoir-faire et d'une passion par le vigneron » nous ont répondu les visiteurs que nous avons interrogés au Marché aux vins de Cairanne (Vaucluse), les 18 et 19 avril dernier.

À leur arrivée dans un caveau, les particuliers attendent un bonjour et un sourire. C'est le B. A. BA de l'accueil. Presque tous préfèrent être reçus par le maître des lieux plutôt que par un employé. Mais, dans tous les cas, la personne qui les accueille doit se montrer « compétente », c'est-à-dire qu'elle doit bien connaître le domaine, ses particularités, la gamme des vins et leur élaboration...

Les visiteurs apprécient aussi qu'on s'intéresse à eux. « Êtes-vous en vacances ? », « De quelle région venez-vous ? » : voilà des questions simples qu'ils aiment entendre. « J'apprécie quand la personne qui me reçoit se souvient de mon passage l'été précédent et qu'elle demande de mes nouvelles », ajoute Berth, une Américaine qui possède une résidence secondaire à Cairanne. En revanche, il ne faut pas montrer trop d'empressement à les aborder. « Je veux avoir le temps de regarder avant d'être accosté. Surtout dans les caveaux de coopératives qui sont généralement plus spacieux que ceux des caves particulières », confie ainsi Ludovic, technicien R & D qui écume les caves de France et de Navarre durant ses vacances.

Les clients recherchent aussi une information originale et personnalisée. « Je suis fan d'explications sur la région et le vignoble où je me trouve, surtout si elles sont différentes de celles que l'on trouve dans les livres », observe Pierre-Yves, ingénieur. Bérénice, responsable supply chain, veut savoir comment se sont déroulées les dernières vendanges, les conditions météo de l'année, leurs conséquences sur la vigne...

La culture de la vigne et la transformation du raisin se trouvent au centre de leurs intérêts. « J'aime savoir comment le vigneron travaille sa terre et élabore son vin », dit Christine, responsable administrative et financière. Thierry, chauffeur de poids lourds, partage cet avis. « C'est important de connaître le type d'agriculture que le vigneron pratique, souligne-t-il. Nous sommes de plus en plus sensibilisés à ces sujets par les médias. » « Le vin est un produit convivial, souligne Véronique, directrice d'école. Ce n'est pas un bien de consommation courante. On a donc besoin de discuter de son métier avec le vigneron. »

Anne-Laure, chef de produit textile, curieuse de tout, trouve que les termes techniques sur la conduite des vignes et la vinification lui sont parfois incompréhensibles. D'après elle, il est possible d'y remédier. « Des vignerons illustrent leur propos par des photos, relate-t-elle. C'est beaucoup plus parlant qu'un long discours et ça nous permet de visualiser les vignes et les installations, sans en faire la visite. » Pour cette jeune femme, le conseil est primordial. « J'achète uniquement mes vins à la propriété ou chez un caviste, car je sais que je vais bénéficier de conseils avisés, ce qui n'est pas le cas dans les grandes surfaces. » Elle attend surtout des suggestions d'accords de mets et de vins. Rose-Anne, elle, est un cordon-bleu et attend des idées de recettes de la région.

La durée de garde des vins intéresse peu les consommateurs que nous avons interrogés. « Nous n'avons n'a pas de cave, on boit les vins assez rapidement après les avoir achetés », nous ont dit plusieurs d'entre eux.

Déguster avant d'acheter leur paraît indispensable. « Il nous est arrivé de devoir insister pour goûter », se souvient Christine, la responsable administrative et financière. Selon elle, il est difficile d'acheter sans passer par cette étape. « Un vigneron qui ne fait pas déguster, c'est suspect », renchérit Gérard, directeur d'un réseau de magasins. « La dégustation, ça nous permet de sortir des sentiers battus, renchérit Lisbeth, une retraitée danoise. Sinon, on repart uniquement avec des bouteilles que l'on a déjà testées auparavant. »

Pour Nora, cadre commerciale, trois vins suffisent. « Au-delà, je sature, observe-t-elle. Il est donc important que le vigneron cible nos goûts et nos attentes avant de nous servir. » Comme les autres consommateurs, elle veut connaître les cépages qui entrent dans la composition des vins, elle s'intéresse aux terroirs et aux parcelles dont ils proviennent, à l'âge des vignes, au mode d'élevage - cuves ou barriques - et aux anecdotes sur le nom des cuvées. En revanche, elle préfère qu'on lui laisse deviner les arômes du vin. C'est aussi le cas d'un couple de Belges, Fernand, kinésithérapeute, et Rose-Anne, femme au foyer : « On dit d'abord ce que l'on ressent, puis le vigneron renchérit, c'est source de dialogue et d'échange. »

Une fiche de présentation du vin dégusté constitue un support intéressant. Les dépliants sur les domaines sont appréciés, surtout des étrangers qui les emportent. Gérard souhaite que le vigneron l'oriente vers certains de ses confrères d'autres régions et qu'il lui donne des bonnes adresses de restaurants.

Pour annoncer vos prix, il faut du tact. Beaucoup trouvent gênant de les demander. « L'affichage des tarifs doit être visible, mais discret, considère Gérard. Avoir un énorme panneau sous le nez, ce n'est guère sympathique. » Il suggère des petites étiquettes collées sur les bouteilles en présentation. Et, en cas d'achat de quantités importantes - six à huit cartons -, une bouteille en cadeau n'est pas de refus ! Surtout ne faites pas comme ce vigneron chez qui Véronique, professeure, s'est rendue l'été dernier. Elle raconte : « Dès que j'ai franchi la porte de son caveau, il m'a tendu ses tarifs ! Quand on fait la démarche de se rendre chez le vigneron, ce n'est pas le genre d'accueil que l'on attend. On n'a pas envie de se retrouver face à un commercial pur et dur. » D'ailleurs, elle a tourné les talons.

Outre les vins du domaine ou de la coopérative, les visiteurs aiment trouver des produits du terroir dans les boutiques. « Ça dépanne lorsqu'on reçoit des invités, sourit Véronique. Une tapenade, des olives, un pâté... pour accompagner l'apéritif. » Les touristes en font provision avant de regagner leur domicile.

Côté aspect, les caveaux tape-à-l'oeil intimident généralement les consommateurs. « Ils doivent être simples, propres et beaux, dit Martine, guichetière. Il est indispensable qu'il y ait un comptoir. Des chaises, c'est bien, mais pas indispensable. » Les femmes apprécient qu'il y ait des toilettes. La présence d'un espace de jeu pour les enfants divise. Les couples y sont favorables. Les amateurs éclairés y sont opposés. « Je souhaite déguster dans la tranquillité, précise Ludovic. Les caveaux ne doivent pas devenir des parcs d'attraction ! »

Les actifs plébiscitent les caveaux ouverts le week-end, « au moins les samedis et les dimanches matins », précise Thierry, le chauffeur de poids lourds, qui passe une partie de ses vacances à faire ses emplettes de vin à la propriété. Pour Véronique, qui habite à Cairanne, une fermeture tardive, 19 heures ou 19 h 30 au moins un soir par semaine, s'avère judicieux. Michel, huissier et fin connaisseur, recherche aussi des caveaux ouverts le week-end. « À l'entrée des domaines, les horaires d'ouverture sont rarement indiqués », déplore-t-il. Et sur les sites internet, qu'il consulte avant d'organiser des visites de cave, il a parfois du mal à trouver cette information de base.

NOS CONSEILS POUR BIEN RECEVOIR VOS VISITEURS

- Présentez-vous. À l'arrivée de visiteurs au caveau, déclinez votre identité. Les consommateurs aiment savoir à qui ils ont affaire, au vigneron ou à un responsable commercial.

- Soyez à l'écoute. Les attentes des consommateurs varient. Un connaisseur peut poser des questions très pointues sur les vinifications, l'élevage... D'autres s'intéressent davantage au travail réalisé dans les vignes, à l'histoire de la région, de l'appellation... Certains ont surtout besoin de conseils pratiques. Apprenez à cerner leurs attentes afin de leur apporter des réponses personnalisées.

- Parlez de votre métier. C'est la meilleure façon de transmettre son savoir-faire, sa passion et de créer un lien avec les visiteurs.

- Conduisez la dégustation. Demandez aux clients le type de vins qu'ils aiment ou qu'ils recherchent. Servez-leur ceux qui correspondent à leurs attentes. Décrivez-les en désignant la parcelle et les cépages dont ils sont issus et, s'il y a lieu, donnez des détails sur le nom de la cuvée. Ensuite, laissez-les s'exprimer sur les arômes et les sensations au palais. Puis entamez le dialogue.

- Utilisez des photos, offrez des dépliants. Grâce à des photos sur le travail dans les vignes et en cave, vous parviendrez à retenir davantage l'attention de vos visiteurs. Les dépliants des interprofessions sur les accords mets/vins et les millésimes les intéressent aussi.

- Affichez vos horaires d'ouverture. Dès l'entrée de votre propriété si possible. Vous éviterez ainsi de décevoir des personnes qui viennent jusqu'au caveau.

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