Retour

imprimer l'article Imprimer

VIGNE

Biostimulants Des effets revendiqués sur le botrytis

CHRISTELLE STEF - La vigne - n°276 - juin 2015 - page 34

Certains biostimulants affirment améliorer l'état sanitaire et la qualité de la vendange. Les distributeurs restent prudents à l'égard de ces produits. Ils veulent les tester avant de les proposer à leurs clients
LES DISTRIBUTEURS SE MONTRENT PRUDENTS et préfèrent tester les produits avant de les référencer. © GUTNER

LES DISTRIBUTEURS SE MONTRENT PRUDENTS et préfèrent tester les produits avant de les référencer. © GUTNER

De nombreux produits « biostimulants » sont présents sur le marché. Plusieurs d'entre eux sont vendus pour limiter les attaques de pourriture grise et améliorer la qualité des vins. C'est le cas d'Ecobios, commercialisé de longue date par la société Sofrapar. Selon elle, il augmente l'épaisseur de la pellicule des baies, d'où une meilleure résistance au botrytis et une augmentation des teneurs en polyphénols. Il devrait être appliqué sur environ 15 000 ha cette année.

D'autres produits sont plus récents. Compo a ainsi lancé en 2012 la gamme Basfoliar Kelp, à base d'une algue, Ecklonia maxima, riche en auxine qui a pour propriété d'allonger les rafles. Cela favoriserait l'aération des grappes d'où un meilleur état sanitaire. D'après Compo, Basfoliar Kelp est appliqué sur 20 000 à 30 000 ha par an. Sur le même créneau, Sumi-Agro vient de lancer Kelpak, un produit similaire au Basfoliar Kelp. Et il en existe d'autres.

Ces produits ont-ils un réel intérêt ? Les distributeurs se montrent prudents. Beaucoup d'entre eux préfèrent les essayer avant de les référencer. « Nous n'avons pas pour politique de vendre des produits qui n'ont pas d'AMM (autorisation de mise sur le marché). Mais comme il existe une demande, nous allons tester Kelpak et Basfoliar Kelp cette année, pour voir s'ils allongent effectivement les grappes. Comme ce sont des produits qui contiennent des hormones, nous voulons également vérifier qu'ils n'ont pas d'effets secondaires », insiste Emmanuel Brosse, responsable technique de Raisonnance, la filiale de conseil et de service du groupe Isidore, qui couvre les vignobles de Cognac, Bordeaux et Bergerac.

Son confrère Bernard Taïx, des Établissements Magne, basés dans l'Hérault, va lui aussi tester Basfoliar Kelp.

Euralis, un distributeur du Sud-Ouest, s'est déjà lancé dans des essais. « Dans le cadre du réseau Dephy Euralis, nous testons des produits alternatifs pour réduire les IFT. L'an passé, nous avons ainsi expérimenté chez un viticulteur un programme associant trois produits de Compo : Basfoliar Kelp, Basfoliar Si et Invelop. L'objectif était de voir s'ils avaient un effet sur le botrytis », explique Stéphanie Peyrot, la responsable technique vigne et vin.

Avec le programme Compo, le viticulteur est intervenu quatre fois : à la nouaison, à la fermeture de la grappe, au début de la véraison et dix jours plus tard. « Nous avons comparé ce programme à la stratégie antibotrytis classique du viticulteur (Switch au stade A), à un témoin non traité et à une modalité Compo + Switch. »

Les résultats ? « Avec le Compo, il y avait moins de pourriture que dans le témoin pour les trois cépages sur lesquels nous avons fait le test (cabernet-sauvignon, merlot, muscadelle). Nous avons mesuré les grappes avant les vendanges et constaté que c'est dans le programme alternatif qu'elles étaient les plus longues. » Cependant, ce protocole est contraignant car il implique de faire quatre traitements. De plus, il coûte de 150 à 200 €/ha rien qu'en produits. « Nous avons gagné 10 % de poids de récolte sur les trois cépages et la qualité de la vendange a également été améliorée. Nous allons renouveler l'essai avant de conseiller ces produits », rapporte Stéphanie Peyrot.

Un essai avec Ecobios a également été suivi l'an passé par cette dernière. Sur une parcelle de merlot, elle a comparé deux applications d'Ecobios à un témoin non traité. « Le 10 septembre, la parcelle traitée par Ecobios était plus homogène, avec des grappes plus importantes et des baies plus grosses. Gustativement, les baies étaient plus riches et plus fruitées. En 2014, la pression du botrytis a été plutôt faible. Malgré cela, le témoin non traité a dû être vendangé une semaine plus tôt en raison de la dégradation de l'état sanitaire. »

Dans le Val de Loire, la CAPL confirme l'intérêt d'Ecobios. « Nous l'utilisons depuis 2011 sur une parcelle de chenin à raison de deux applications. Les années normales, il est aussi efficace qu'un antibotrytis classique. Mais lorsque la pression est élevée, il montre ses limites. C'est un produit que nous avons ajouté à notre gamme. Il est intéressant dans les parcelles correctement effeuillées, moyennement vigoureuses et sur les cépages assez peu ou peu sensibles à la pourriture grise », indique Romain Dandois, de la CAPL.

Des produits en vogue

- Ecobios (Sofrapar) est à base de lipoxyline, un composé qui stimule la photosynthèse. Il s'applique à la dose de 150 ml/ha à partir de la nouaison et à 200 ml/ha de la fermeture de la grappe au début de la véraison. En cas de traitement unique, la dose conseillée est de 300 ml/ha. Son coût est inférieur à 130 €/an pour les deux applications.

- Basfoliar Kelp (Compo) est constitué d'une solution à base « d'équivalents auxines » extraits d'une algue : Ecklonia maxima. Dans le cadre d'un objectif de sécurisation de la qualité et des rendements, Compo recommande deux applications foliaires à une dose située entre 1,5 l/ha et 3 l/ha aux stades nouaison et fermeture de la grappe. La gamme comprend Basfoliar Kelp Oligo Max pour les conventionnels et Basfoliar Kelp Bio pour la viticulture biologique. Son prix de vente est compris entre 38 et 45 €/ha à la dose moyenne de 3 l/ha.

- Kelpak (Sumi-Agro) est également un produit à base d'Ecklonia maxima avec un rapport en équivalents auxines/cytokinines de 360. Si le viticulteur souhaite obtenir un allongement des grappes, la firme recommande deux applications à la dose de 3 l/ha : la première en milieu de floraison, la deuxième 15 jours plus tard. Si le viticulteur veut augmenter les rendements, il peut faire une application supplémentaire avant la floraison. Prix : environ 45 €/ha à la dose de 3 l/ha.

Mégagreen contre le stress hydrique

Mégagreen d'Agronutrition est un engrais foliaire qui se compose de carbonate de calcium, de magnésie et de silice. Selon cette société, il favoriserait la croissance et la résistance des plantes et réduirait leurs besoins en eau. De 2006 à 2009, l'association d'expérimentation de la ferme départementale d'Anglars-Juillac (Lot) et la chambre d'agriculture du Lot l'ont testé sur une parcelle de côt très sensible au stress hydrique. Les expérimentateurs ont réalisé deux applications foliaires : l'une au stade fermeture de la grappe, l'autre quinze jours plus tard à la dose de 1,5 kg/ha. Les résultats ont montré que la modalité traitée avec Mégagreen présentait un feuillage plus vert que le témoin non traité. Les feuilles sont restées en place plus longtemps, favorisant la mise en réserve dans les bois. Le feuillage a été moins touché par le mildiou mosaïque. Dans les vins issus de la modalité traitée avec Mégagreen, les teneurs en anthocyanes étaient significativement supérieures. Les dégustateurs les ont jugés plus colorés, plus fruités, plus ronds avec des tanins plus souples et moins asséchants.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :