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Magazine - Terroir & tradition

Les trois dimensions du chardonnay

CÉDRIC MICHELIN - La vigne - n°277 - juillet 2015 - page 79

Emmanuel Nonain, adhérent de la cave de Lugny, historien et géographe de formation, fait découvrir le village, le cépage et la diversité des vins de chardonnay.
SITUÉ EN HAUT-MÂCONNAIS,  le village de Chardonnay est entouré de vignes plantées du fameux cépage. © BIVB/ARMELLEPHOTOGRAPHE.COM

SITUÉ EN HAUT-MÂCONNAIS, le village de Chardonnay est entouré de vignes plantées du fameux cépage. © BIVB/ARMELLEPHOTOGRAPHE.COM

EMMANUEL NONAIN, féru d'histoire, explique aux visiteurs les liens qui unissent le village au cépage et aux vins. © C. MICHELIN

EMMANUEL NONAIN, féru d'histoire, explique aux visiteurs les liens qui unissent le village au cépage et aux vins. © C. MICHELIN

LE VILLAGE de Chardonnay doit-il son nom au cépage ? La réponse n'a pas été tranchée. © C. MICHELIN

LE VILLAGE de Chardonnay doit-il son nom au cépage ? La réponse n'a pas été tranchée. © C. MICHELIN

« Le vin est une culture », commence Emmanuel Nonain, coopérateur à la cave de Lugny (Saône-et-Loire) et guide oenotouristique dans son village de Chardonnay. Issu d'une lignée de vignerons depuis 1750, il propose des parcours pédestres à la découverte d'un univers à « trois dimensions » : son village du sud de la Bourgogne - en appellation Mâcon-Chardonnay -, le fameux cépage du même nom et, bien sûr, les vins.

Rendez-vous est donné place du Millénaire. Deux parcours sont au choix : une visite guidée avec trois arrêts-dégustations de vins du cru (1 h 30) ou un rallye en autonomie. C'est parti pour la visite. Arrivé en haut du village, Emmanuel Nonain, historien et géographe de formation, décrit le paysage qui s'étend jusqu'aux Alpes. « Nous sommes sur la deuxième chaîne du Mâconnais, avant le val de Saône », précise le viticulteur, soulignant au passage qu'un tiers de la commune est couvert de vignes.

La visite se poursuit jusqu'au lieu-dit Les Busserettes. « Ce nom vient du latin buxus qui signifie buis », explique-t-il. Puis il sort de sa besace une bouteille issue de ces vignes qu'il nous invite à déguster. « Ce vin a un nez très expressif. Ses arômes rappellent les fruits à chair blanche », fait-il remarquer. Durant le parcours, nous goûterons deux autres vins : un assemblage de parcelles du village et un clos. Parvenu à une autre parcelle, le guide nous remet un petit cahier avec des illustrations soulignant les caractéristiques du chardonnay : sa grappe « peu épaulée » et ses feuilles à cinq lobes, au sinus ouvert et délimité par les nervures. Il nous invite à les reconnaître sur un cep.

Une question nous taraude : le village doit-il son nom au cépage ? Ou est-ce l'inverse ? Emmanuel Nonain se garde bien de trancher. Tout juste souligne-t-il qu'ici le chardonnay est connu de longue date. Il rappelle que Jules Guyot - l'agronome qui a donné son nom à la fameuse taille - écrivit en 1860 sa découverte du « chardonet dans le village de Chardonnay ». Il explique aussi que le cépage est issu d'un croisement entre le pinot noir, toujours cultivé à Chardonnay, et le gouais, aujourd'hui disparu. « À l'issue du parcours, je veux que les visiteurs aient compris les relations entre le cépage, le village et ses vins. »

De retour au village, l'expédition s'achève par la dégustation de chardonnays de France et d'ailleurs. « Les chardonnays industriels du Nouveau Monde ont un nez très vanillé. En bouche, ils sont puissants, sans beaucoup de finesse ni d'acidité, mais amples et gras », affirme-t-il en ouvrant une bouteille de Yellow Tail (Australie) pour illustrer son propos. « Mais le Nouveau Monde se met aussi à faire des vins de terroir. »

Emmanuel Nonain accueille ainsi trois cents visiteurs par an. La majorité de ses clients sont des entreprises, des retraités ou des scolaires. Pas facile de concilier son activité de guide et de viticulteur, notamment lors des vendanges. « Une fois cependant, cela m'a dépanné. Mes visiteurs m'ont aidé à finir de ramasser les raisins pour les crémants », sourit-il.

Jeux de piste

Emmanuel Nonain exerce son activité de guide dans le cadre de sa société EnoCulture. Il facture sa prestation 15 à 20 € HT par personne. Les entreprises sont ses principaux clients. Mais il officie parfois pour des enterrements de vie de garçons ou de filles. Ces groupes optent le plus souvent pour l'option « road book ». Répartis en équipes, les participants doivent réaliser au plus vite le parcours et les quelques activités figurant sur le book (remuage de bouteilles de crémant...), tout en répondant au mieux à une série de questions, de tests et de jeux.

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