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GÉRER - Paroles de pros

PATRICK ET JEAN-BAPTISTE STENPIEN, D'APPLICOM : « Parler en public ne s'improvise pas »

PROPOS RECUEILLIS PAR AUDE LUTUN - La vigne - n°278 - septembre 2015 - page 69

Lorsque l'on parle en public, il faut soigner sa gestuelle et varier les intonations pour capter l'attention. Les conseils de la société Applicom.
PATRICK ET JEAN-BAPTISTE STENPIEN © J.-C. GUTNER

PATRICK ET JEAN-BAPTISTE STENPIEN © J.-C. GUTNER

Patrick et Jean-Baptiste Stenpien sont respectivement gérant et responsable de la formation chez Applicom, un cabinet de conseils en développement commercial de Muizon, dans la Marne. Ils aident des viticulteurs à prendre la parole en public. Voilà comment.

Quelles sont les motivations des vignerons qui suivent votre formation ?

Patrick Stenpien : Nous rencontrons deux profils. Les uns ne sont pas à l'aise en public, ont peur du regard de l'autre. Les autres savent parler devant un auditoire mais leur intervention n'est pas organisée.

Quels conseils donnez-vous à une personne stressée à l'idée de parler en public ?

Jean-Baptiste Stenpien : Être stressé avant de prendre la parole est naturel. Il faut parvenir à maîtriser cette angoisse dès les premiers mots. Cela passe par l'échauffement de la voix et la respiration profonde. Dans notre formation, nous travaillons sur le son et la gestuelle. Quand nous filmons les interventions des participants, nous retirons le son lors du premier visionnage. La gestuelle prend alors toute son importance. Les participants doivent aussi mimer une émotion et la faire deviner au groupe. Tout cela leur permet de prendre conscience de leur capacité à exprimer des émotions.

Vous préconisez une méthode originale, celle des cinq octaves. Expliquez-nous...

J.-B. S. : Effectivement. Nous informons le groupe qu'il va « devoir sortir une note sur cinq octaves ». On commence à faire un son avec le nez, puis à prononcer tous ensemble un « A » fort et puissant. Ensuite, chacun doit dire « A » sur trois notes, puis sur cinq. Tout le monde y parvient. Le but est de se rendre compte que l'on peut moduler sa voix, ce qui permet de faire passer notre message. Si, sur les cinq phrases que je vais prononcer, il y en a une qui est très importante, je vais monter mon intonation pour capter davantage l'attention de mon public. Dans un long discours, on peut aussi dire plus lentement les phrases importantes.

Vous évoquez le pouvoir de l'orateur...

P. S. : Oui, quand on prend la parole en public, on a le pouvoir. Communiquer, c'est vendre une idée. Il faut préparer et répéter son intervention pour être à l'aise. Il faut aussi anticiper et travailler les objections pour savoir y répondre quand elles se présenteront.

Il est essentiel de réfléchir à la manière dont on va présenter les choses pour intéresser l'auditoire. Est-ce que j'utilise l'humour, la peur, l'interpellation ? C'est important également de savoir prendre le groupe en main. On peut débuter l'intervention en expliquant clairement l'ordre du jour et le timing. On aura alors un cadre qui rassure. Il est conseillé d'utiliser le « nous », car celui qui parle fait partie du groupe. Démarrer par une anecdote est aussi une bonne technique. Plutôt que de dire « je viens pour vous présenter telle technique », c'est mieux de débuter par « l'an dernier, j'ai entendu que certains avaient des difficultés sur tel point, je vous propose... ». Il y a également des mots noirs qu'il faut éviter de prononcer.

Des mots noirs ?

P. S. : « Je vais vous faire une petite présentation », « je vais essayer de vous présenter » ou encore « si vous le voulez bien... » sont des formules à bannir. Le mot « petit » est à proscrire ! Il est préférable de dire « je vous remercie d'être là » et d'utiliser souvent les mots « vous », « votre » et « ensemble ». Comme dans un mailing, je conseille d'employer deux tiers de « vous » et seulement un tiers de « nous ». Cela oblige à se mettre à la place du destinataire du message.

Le Point de vue de

ALEXANDRE HENIN, VITICULTEUR ET GÉRANT D'ECOCEP, À VERZENAY (MARNE)

« J'ai appris à garder mon calme »

« L'accompagnement d'Applicom m'a permis d'apprendre à garder mon calme avant de prendre la parole en public et d'être clair et précis. Cela m'a apporté de la confiance et, surtout, j'ai appris à structurer mes propos. Il faut absolument hiérarchiser et organiser son discours, même si l'on connaît très bien son sujet ! C'est en maîtrisant le fond que l'on devient à l'aise sur la forme. On progresse rapidement. Il y a une bonne synergie entre le temps passé en formation et l'acquisition de nouvelles compétences. »

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