Les AOC rongent leur frein

Pour la Cnaoc, tester les variétés résistantes au mildiou et à l'oïdium ou adaptées au changement climatique devient un enjeu majeur. Reste à assouplir la réglementation.

« Trouver des cépages nécessitant moins d'intrants, c'est une priorité pour les AOC, plaide Bernard Farges, président de la Cnaoc, la confédération des syndicats d'AOC. Nous devons répondre à l'attente sociétale qui est aussi celle des viticulteurs et de leurs salariés car ce sont les premiers concernés par les traitements. Nous devons aussi tester des cépages adaptés au changement climatique. Sachant que tous doivent respecter la typicité de nos appellations. »

En soi, l'équation est déjà compliquée à résoudre. Or, la réglementation n'aide en rien ceux qui veulent s'y attaquer. Elle interdit toute dérogation aux cahiers des charges, fut-ce pour lancer des essais. Les vins produits avec des cépages ne figurant pas au cahier des charges d'une appellation ne peuvent pas être vendus sous le nom de celle-ci.

L'expérimentation de nouveaux cépages en AOC se pratique, en raison de cette règle, à petite échelle et est prise en charge par des organismes publics. Un système qui présente deux inconvénients : il ne permet de tester que peu de variétés à la fois et dans peu de situations.

Comme l'opposition aux traitements grandit et que quantité de variétés résistantes sortent des stations de recherche allemandes, italiennes, suisses et bientôt françaises, il faut changer d'échelle ou laisser passer le train. Une option que Bernard Farges n'envisage pas. « Les AOC ne doivent pas rester figées. Elles ne peuvent pas laisser aux autres segments l'initiative d'adapter le vignoble aux nouvelles contraintes. » La Cnaoc et le comité national des vins AOC de l'Inao ont donc demandé la possibilité de vendre sous AOC des vins issus de programmes expérimentaux dûment autorisés.

Pour le moment, c'est non. Au ministère de l'Agriculture, on leur a répondu que c'était impossible dans le cadre de l'actuelle OCM. « On doit pouvoir trouver une solution, insiste Bernard Farges. [...] Ce serait magique d'avoir des variétés qu'il suffirait de traiter deux fois pour maintenir leur bon état sanitaire. »