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Magazine - Terroir & tradition

Le sentier des loges de Trépail

AUDE LUTUN - La vigne - n°280 - novembre 2015 - page 108

En Champagne, les viticulteurs de Trépail ont restauré les loges de vignes, bâties il y a plus d'un siècle, qui furent des lieux de vie intense.
ARNAUD BEAUFORT, viticulteur à Trépail et vice-président du parc régional de la Montage de Reims, dans sa loge. Sur le mur, une inscription d'un poilu : « À nos camarades tombés au champ d'honneur ». © S. LEVAILLANT ET PR MONTAGNE DE REIMS

ARNAUD BEAUFORT, viticulteur à Trépail et vice-président du parc régional de la Montage de Reims, dans sa loge. Sur le mur, une inscription d'un poilu : « À nos camarades tombés au champ d'honneur ». © S. LEVAILLANT ET PR MONTAGNE DE REIMS

LES LOGES ABRITAIENT le viticulteur et son cheval durant la pause de midi et pour quelques travaux viticoles (préparation des piquets, etc.). © M. SMEETS

LES LOGES ABRITAIENT le viticulteur et son cheval durant la pause de midi et pour quelques travaux viticoles (préparation des piquets, etc.). © M. SMEETS

Elles servaient d'abri pour les déjeuners, de lieu de stockage du matériel ou de rendez-vous pour les amoureux. Les loges de vigne font partie du paysage viticole champenois.

Leur construction s'est intensifiée à la fin du XIXe siècle avec la crise du phylloxéra. Il a fallu replanter le vignoble, les vignes en foule laissant la place aux vignes palissées. Ce changement nécessitait un travail important. Les loges ont alors eu un usage presque quotidien. Elles accueillaient le vigneron et son cheval pour la pause de midi. Elles permettaient également de stocker les fils, les sécateurs, les chaufferettes, etc. Les plus vastes disposaient de cheminées pour se chauffer et de mangeoires pour les chevaux, ou encore de greniers pour stocker le foin. Des viticulteurs s'en servaient aussi pour récupérer les eaux de pluie, comme en témoigne la présence de puits, de citernes ou de cuves.

Avec la mécanisation, ces petites bâtisses ont perdu de leur utilité. Celles qui étaient en bois ont presque toutes disparu. Restait une grande partie de celles construites en briques. « Nous nous sommes aperçus que les loges disparaissaient les unes après les autres, témoigne Arnaud Beaufort, viticulteur à Trépail, dans la Marne, et vice-président du parc régional de la Montagne de Reims. En 2011, nous nous sommes rassemblés pour maintenir et valoriser ce patrimoine. »

Un inventaire précis a été mené, recensant 120 petits édifices. Un travail de restauration des loges a débuté. En parallèle, le Parc a organisé une exposition photographique, en juin 2012, sur les loges et sur leur fonction. « Notre objectif était de sensibiliser les viticulteurs au patrimoine qui leur appartient, précise Olaf Holm, directeur du parc. Les photographies montraient les loges, mais également tout ce qui s'y passait. C'étaient des lieux de repas, de repos et de fête. »

Ces constructions ont également servi de lieu de repli pendant la Première Guerre mondiale, la Champagne étant une zone de combat. « Dans ma loge, des soldats ont inscrit leurs noms, confirme Arnaud Beaufort. On peut également y voir le dessin d'un poilu avec la mention À nos camarades tombés au champ d'honneur. » Cette loge, Arnaud Beaufort, l'a toujours connue. « Elle a plus d'un siècle. Je me souviens y avoir coupé et aiguisé des piquets. Maintenant, on s'y abrite lorsqu'il pleut pendant les vendanges. »

Après la restauration des loges est né le projet de créer un sentier. « L'idée était de proposer aux randonneurs un parcours sur le thème des loges et du paysage viticole, précise Olaf Holm. L'objectif est de montrer comment celui-ci a été façonné par l'homme. » Le parcours, inauguré le 24 mai 2014, s'étend sur 5,2 km. Il comprend sept tables d'orientation qui expliquent le travail de la vigne et les loges dans le paysage viticole. Chaque panneau est équipé d'un QR code qui permet d'obtenir des informations plus détaillées et la traduction en plusieurs langues. Dix-huit mois après sa création, ce sentier tient ses promesses. « Des écoliers le parcourent, de même que des habitants de la région, souligne Arnaud Beaufort. Nous avons également des groupes, français et étrangers. » Allier l'architecture, la viticulture et l'histoire : l'objectif est atteint !

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