Auxiliaires Les typhlodromes préfèrent les cépages velus

Deux études précisent les facteurs naturels les plus déterminants sur l'abondance des populations de typhlodromes dans les vignes.

Les haies, les arbres plantés dans les vignes (agroforesterie) ou l'enherbement favorisent-ils la biodiversité des typhlodromes dans les vignes ? Marie-Stéphane Tixier et Serge Kreiter constatent que non. Ces enseignants-chercheurs de Montpellier-Supagro travaillent sur cette question depuis 20 ans. Ils viennent de publier leurs résultats.

« Quel que soit le mode de gestion des vignes (agroforesterie, enherbement) et de leurs abords (haies), on trouve à peu près toujours les mêmes espèces de typhlodromes dans les parcelles, à savoir : T. pyri et K. aberrans. Les pratiques culturales sont vraisemblablement le facteur le plus important qui agit sur la diversité des espèces. Elles ont plus d'impact que la diversité végétale que l'on apporte », rapporte Marie-Stéphane Tixier.

Ces arbres, arbustes et herbes ont-ils au moins un impact positif sur l'abondance de typhlodromes dans les vignes ? Oui, mais légèrement car ils servent de réservoir aux typhlodromes, ce qui permet d'augmenter l'efficacité du contrôle biologique des acariens. Mais en réalité, les effectifs de typhlodromes dépendent bien plus du cépage que de l'environnement immédiat des vignes. Ces auxiliaires sont plus abondants dans les parcelles plantées de cépages aux feuilles pileuses que glabres. Ils trouvent abri et nourriture dans les poils des feuilles, ceux-ci retenant des grains de pollen dont ils se nourrissent.

Les observations de la chambre d'agriculture de Charente-Maritime vont dans le même sens. En mars 2010, à la demande de l'association des viticulteurs bio des Charentes (Vitibio), elle a mis en place un essai de bandes fleuries sur le domaine de la famille Leroux à Saint-Eugène. Dans deux parcelles, les expérimentateurs ont semé deux mélanges fleuris de la société Novaflor, l'un dénommé « fleurs vivaces » et l'autre « fleurs sauvages », dans un interrang sur trois.

Les résultats ? Les bandes fleuries ont bien attiré toutes sortes d'insectes. « Leur colonisation par les pucerons a fait venir des syrphes, des coccinelles, des crysopes vertes et des micro-hyménoptères parasitoïdes », précise Michel Girard, conseiller en viticulture à la chambre. Mais ces bandes fleuries n'ont pas eu d'effets probants sur les populations de typhlodromes.

Sur ce point, c'est l'effet année qui s'est avéré le plus important. En 2012, année d'abondance pour les auxiliaires, la chambre d'agriculture a dénombré un peu plus de 300 formes mobiles pour 50 feuilles contre moins de 50 en 2010 et en 2011.

Les expérimentateurs n'ont pas non plus mis en évidence d'effet sur les populations de cicadelles de la flavescence dorée alors que les vignerons bio cherchent un moyen naturel de les réguler. « Le comptage des cicadelles de la flavescence dorée et de leurs larves s'est avéré difficile en raison de leur répartition très hétérogène. À cause de ces variations, nous n'avons pas pu tirer de conclusions précises sur l'infestation », regrette Michel Girard.