« Depuis 2012, mes rendements faiblissent. Ils n'atteignent même plus 40 hl/ha, alors que, dans les années 2000, j'arrivais à 50 hl/ha. Je vends tout en bouteilles. Mes stocks se sont épuisés peu à peu. J'ai besoin de les reconstituer », explique François Cazin, qui cultive 23 ha à Cheverny, dans le Loir-et-Cher.
En 2015, il se décide à réduire l'enherbement naturel, en constatant les effets de la sécheresse sur ses vignes. « Il devenait trop concurrentiel », souligne-t-il. Dans certaines parcelles, il le supprime complètement en passant un outil à dents suivi d'une houe rotative. Dans d'autres, plus argileuses, il conserve l'enherbement un rang sur deux de façon à garder de la portance pour traiter, en cas de besoin. Le résultat est positif. « À la taille, les bois étaient plus jolis que dans les vignes que je n'avais pas eu le temps de labourer. Dans ces dernières, la végétation s'est moins développée, je n'ai eu qu'un seul rognage à faire. Et les grappes étaient plus petites », note-t-il.
Dès l'automne, l'herbe repousse avec le retour des pluies. Ce printemps, il va labourer en priorité les vignes qui ont souffert de la concurrence de l'enherbement l'an dernier. Dans les prochaines années, il prévoit de revenir partiellement au travail du sol sur l'interrang, comme il le pratique déjà sur le rang. « Cela coûte plus cher et cela prend du temps. Mais c'est nécessaire pour que mes vignes retrouvent de la vigueur. »
François Cazin mise aussi sur la complantation et le renouvellement pour restaurer son vignoble qui souffre aussi des maladies du bois, entamant son potentiel. Il arbitre entre les deux en fonction du cépage, de l'âge des vignes et du pourcentage de manquants. « Le gel de 2012 a encore accentué la mortalité. Des ceps ont perdu un bras. Pour le pinot noir, j'arrive à les recéper. C'est plus difficile pour le sauvignon. J'ai arrêté de complanter ce cépage et j'ai mis en place un plan de renouvellement. »
Chaque année, il remplace 2 000 manquants, en se concentrant sur quelques parcelles pour grouper le travail et limiter les temps de déplacement. Il replante également en moyenne un demi-hectare, en revenant aux sélections massales. « J'ai plus de mortalité sur des clones de sauvignon de 15 ans que sur de vieilles sélections massales. J'ai prélevé des bois dans ces parcelles et fait faire le greffage à mon pépiniériste. » Certes, il se prive des primes à la restructuration, mais il espère bien redonner de la pérennité à ses plantations. « Je veux transmettre un vignoble en bonne santé ! »