« Pour maîtriser la vigueur, j'ai enherbé l'interrang en 2000. Les années suivantes, j'ai commencé à observer des débourrements plus tardifs, une pousse irrégulière et des bois plus chétifs à la taille. En 2006 et 2007, mes rendements ont légèrement fléchi. Il fallait réagir », raconte Fabien Tarascon, qui cultive 10 ha en bio dans l'appellation Côtes du Marmandais.
Pour comprendre ce qui se passe, il réalise des profils de sol, et constate alors la présence d'un horizon compacté. « Celui-ci empêchait les racines de la vigne de descendre et de s'adapter à la présence de l'enherbement », explique-t-il. Ses sols sablo-limoneux se tassent facilement avec les passages du tracteur. « Pour conserver l'enherbement tout en maintenant des rendements réguliers, je décompacte désormais tous les ans à une profondeur de 40 à 50 cm, avec un outil équipé de dents Michel (dents courbées vers l'avant, NDLR). »
Depuis cinq ans, il plante également des engrais verts, qu'il sème sur l'enherbement permanent à l'automne, en griffant légèrement le sol. Il associe trois espèces : avoine, féverole et vesce. « Les racines de l'avoine descendent en profondeur et complètent le décompactage mécanique. La féverole et la vesce, elles, apportent de l'azote. »
Au printemps suivant, avant le débourrement, il aplatit ces engrais verts en passant un rouleau en même temps qu'il décompacte le sol. « La structure et la vie du sol se sont améliorées. Il contient plus de vers de terre. L'humidité s'évacuant mieux, il se réchauffe plus vite au printemps, ce qui améliore la minéralisation de la matière organique », note-t-il. Pour nourrir ses vignes, il ne se contente pas des engrais verts : en février, il apporte également 400 kg/ha de fumier de brebis composté.
Toutes ces pratiques contrebalancent la concurrence de l'enherbement. « Le chevelu racinaire est plus dense, ce qui améliore l'absorption des éléments nutritifs. Avec un meilleur équilibre minéral, les vignes ont gagné en vitalité, ce qui favorise une floraison régulière », souligne-t-il.
Les bois de taille ont retrouvé de la vigueur. « Le débourrement est plus régulier, de même que la croissance de la végétation et la taille des grappes », observe-t-il. Tout cela lui permet d'obtenir une maturité plus homogène et plus poussée. « C'est positif pour la qualité des vins ! »
Les rendements s'établissent autour de 50 hl/ha, ce qui correspond à son objectif. « En 2015, j'ai obtenu 52 hl/ha malgré la sécheresse. Lorsque les sols sont compactés, les vignes, moins bien enracinées, sont plus vulnérables à l'excès comme au manque d'eau. Quand il y a un problème, il faut regarder ce qui se passe dans le sol. C'est la base ! », insiste-t-il.
Avec l'enherbement et les engrais verts, il a désormais deux leviers pour maintenir une vigueur équilibrée de ses vignes. « Rien ne m'empêche, en cas de sécheresse, par exemple, de détruire l'enherbement un rang sur deux pour réduire la concurrence, avant de l'implanter à nouveau l'année suivante. »