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VIGNE

Maladie de la vigne Un nouveau virus émerge

CHRISTELLE STEF - La vigne - n°286 - mai 2016 - page 45

Idéntifié pour la première fois en Slovénie, le « grapevine pinot gris virus » est aussi présent en France.
LE GRAPEVINE PINOT GRIS VIRUS a fait son apparition dans le vignoble français. © GIAMPETRUZZI

LE GRAPEVINE PINOT GRIS VIRUS a fait son apparition dans le vignoble français. © GIAMPETRUZZI

Un nouveau virus a été détecté en France : le grapevine pinot gris virus (GPGV). Il doit son nom au fait d'avoir été identifié pour la première fois sur pinot gris en Slovénie. Mais il infecte bien d'autres variétés. Des chercheurs de l'Inra de Bordeaux et de Colmar l'ont découvert en France, en 2014, dans une parcelle de merlot et de cabernet franc située à Bordeaux...

« Pour l'instant, nous n'avons pas fait de recherche exhaustive en France. Mais il y a des chances qu'il soit présent un peu partout », précise Olivier Lemaire, virologue à l'Inra de Colmar. Le virus sévit également en Italie et en Slovaquie où il s'étend. « L'Europe est relativement inquiète », note Olivier Lemaire. Il y a de quoi. Si certains variants de ce virus ne provoquent pas de symptômes, d'autres sont probablement à l'origine de sévères dégâts : raccourcissement des entre-noeuds, taches chlorotiques, mosaïques, déformation du feuillage, réduction de la production (coulure et millerandage). « Le GPGV est également très proche d'un autre virus présent au Japon : le grapevine berry inner necrosis virus qui, lui, provoque des nécroses sur les baies », détaille Olivier Lemaire.

Pour l'heure, ces symptômes typiques n'ont pas été clairement identifiés en France car, jusqu'à présent, dans les cas où le GPGV a été détecté, il était associé à d'autres virus. Ce virus se transmet par le matériel végétal. Des chercheurs suspectent aussi deux acariens de le propager : l'agent de l'érinose et Calepitrimerus vitis, l'agent de l'acariose (appelée aussi court-noué parasitaire). Mais Olivier Lemaire doute de l'importance de la transmission par C. vitis. « Le GPGV est un virus inféodé au phloème, le tissu conducteur de la sève élaborée. Or, C. vitis ne peut pas piquer les tissus très profondément. Ce vecteur potentiel semble donc peu efficace. »

Olivier Lemaire appelle à la vigilance. « Il faut surveiller le matériel végétal importé des pays où la virose est présente : Italie, Slovénie, Slovaquie, Roumanie... » Et, selon lui, il faut s'attendre à ce que d'ici à cinq ans, la détection de ce virus soit exigée pour la certification des plants. « On tente actuellement de purifier le virus afin de mettre au point un test Elisa », indique le chercheur. Dès lors, le GPGV pourra faire l'objet d'une recherche systématique dans les bois et les plants. « Cependant, il devient nécessaire que des financements nationaux ou européens soient affectés aux recherches sur cette virose émergente », insiste Olivier Lemaire. À bon entendeur...

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