Depuis le 1er janvier, les cumuls de pluie sont impressionnants : 360 à 590 mm en Alsace, 450 mm dans le Bordelais, plus de 500 mm en Côte-d'Or. Ce n'est pas pour déplaire au mildiou. Dans bon nombre de régions, le parasite met la pression aux viticulteurs. « On observe des taches sporulantes dans toutes les vignes. Cela va de quelques-unes par parcelle à plusieurs par pieds. On note également des sorties sur les inflorescences avec des grappes déformées en crosse », rapporte Marie-Noëlle Lauer, de la chambre d'agriculture d'Alsace.
Dans un bulletin du 31 mai, celle-ci avertit les viticulteurs : « La cadence des traitements doit être réduite à 10 jours avec les produits ayant une rémanence de 12 à 14 jours. Les produits de contact sont à renouveler après lessivage et/ou au bout de 8 jours. »
Le mildiou explose aussi dans les vignes du nord du Beaujolais conduites en gobelet bas. « Le risque est très élevé. Les viticulteurs ont démarré les traitements tôt mais il est tombé plus de 100 mm en mai. Ils ont trouvé des créneaux pour intervenir, mais à cause de ces cumuls de pluie, les produits atteignent leurs limites. Il faut donc rester vigilant. Espérons que juin sera chaud et sec pour sécher le parasite », explique Nicolas Besset, de la chambre d'agriculture du Rhône.
À Sancerre, « nous sommes noyés sous la pluie. En mai, nous avons compté 16 à 17 jours de pluie. Les viticulteurs ont positionné leur deuxième traitement pendant la semaine du 23 mai. Depuis, ils ont reçu quasiment 100 mm de pluie. De plus, les temps d'humectation sont colossaux, de l'ordre de 20 heures par jour depuis trois semaines. Le mildiou est en pleine forme. On s'attend à des sorties importantes », déplorait François Dal le 1er juin.
En Côte-d'Or, dans la plupart des parcelles, la situation était maîtrisée au 1er juin. « Au vu des cumuls de pluie, la présence du mildiou est étonnamment limitée », notait Benoît Bazerolle, de la chambre d'agriculture. En apparence seulement ? Peut-être. « Ces derniers jours, il y a eu des déficits de protection. De grosses pluies ont lessivé le cuivre puis d'autres sont tombées alors que les parcelles n'étaient plus protégées », expliquait-il.
Même les Pyrénées-Orientales étaient en alerte. « Habituellement, le mildiou n'est pas très virulent chez nous. Mais, cette année, nous observons pas mal de taches sur les feuilles et des symptômes sur les inflorescences », rapporte Marc Guisset, de la chambre d'agriculture. De même dans l'Aude : « Cette année, les taches sur feuilles ne sont pas rares. Mais ce n'est pas la catastrophe car, avec les températures fraîches, les cycles sont longs. Ceux-ci pourraient s'accélérer si les températures remontaient », explique Emmanuel Rouchaud, de la chambre d'agriculture.
Dans le Bordelais, la pression était très élevée mais le vignoble sain. « Les viticulteurs ont démarré les traitements très tôt, dès la mi-avril », rapporte Cédric Élia, de l'Adar des Deux Rives.
En Charente-Maritime, la situation était également plutôt calme au 1er juin. « Dans les témoins non traités, les symptômes commencent à sortir mais ce n'est pas l'explosion. On s'attend à en voir plus la semaine prochaine [celle du 6 juin, NDLR] », indique Magdalena Girard, de la chambre d'agriculture.