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VIGNE

Vendanges Bien préparer sa machine

LUCIE MARNÉ - La vigne - n°288 - juillet 2016 - page 30

La Vigne a assisté à une journée de formation à l'entretien des machines à vendanger organisée par Grégoire. Voici l'essentiel pour appréhender les vendanges à venir en toute sérénité.
Le nettoyage doit être quotidien. Privilégiez des tuyaux de gros diamètre pour laver à grande eau et sans trop de pression. Ici, le lavage d'une G7.260, modèle qui a été remplacé par la G7.240. © GRÉGOIRE

Le nettoyage doit être quotidien. Privilégiez des tuyaux de gros diamètre pour laver à grande eau et sans trop de pression. Ici, le lavage d'une G7.260, modèle qui a été remplacé par la G7.240. © GRÉGOIRE

Les chaînes des têtes de récolte sont des pièces très sollicitées. Un graissage hebdomadaire est conseillé. © L. MARNÉ

Les chaînes des têtes de récolte sont des pièces très sollicitées. Un graissage hebdomadaire est conseillé. © L. MARNÉ

Le branchement électrique connecte la machine au boîtier électronique en cabine. © L. MARNÉ

Le branchement électrique connecte la machine au boîtier électronique en cabine. © L. MARNÉ

Un train d'écaille placé sous chaque rang d'écailles règle leur rigidité sur les modèles Grégoire.  © L. MARNÉ

Un train d'écaille placé sous chaque rang d'écailles règle leur rigidité sur les modèles Grégoire. © L. MARNÉ

L'huile se contrôle au niveau de l'échelle de cabine sur les automotrices Grégoire. © L. MARNÉ

L'huile se contrôle au niveau de l'échelle de cabine sur les automotrices Grégoire. © L. MARNÉ

Les 29 et 30 juin dernier, au siège social de Grégoire, à Châteaubernard (Cognac), ils étaient quelque deux cent cinquante vignerons et concessionnaires à assister aux journées de formation à l'entretien et à la prise en main des machines à vendanger du fabricant. Venus de partout en France, ils ont pu découvrir les machines qu'ils avaient acquises dans l'année afin de se préparer au mieux aux vendanges. Voici les bons conseils de ce fabricant pour des récoltes sans pépins.

1. Montez les secoueurs en quinconce

Entouré d'une vingtaine de vignerons attentifs, Didier Degorças, inspecteur technique chez Grégoire, détaille le remontage de la machine à vendanger avant de débuter la récolte. Premier point : les bras de secouage. Pour les machines à vendanger présentant deux rangs d'écailles en bas du tunnel, « le premier secoueur doit systématiquement être installé du côté de la rangée d'écailles de réception la plus haute », explique l'expert, prenant comme exemple la G8.260. La raison ? Un montage inverse pourrait causer le soulèvement des écailles par les secoueurs. Par ailleurs, les bras de secouage doivent être placés en quinconce sur les barres porteuses afin d'éviter qu'ils s'entrechoquent durant la récolte.

Quand la machine est prête, dans le cas des machines à vendanger tractées, il ne reste plus qu'à l'atteler. « C'est très simple pour les machines tractées, précise Geoffrey Delon, chef de produits chez Grégoire. Elles s'installent à l'attelage en trois points classique. Et comme elles possèdent leur propre réservoir hydraulique, il suffit de brancher la prise de force et l'électronique pour la commande en cabine. »

2. Vérifiez la motorisation

« Une fois la machine remontée, un contrôle classique du moteur s'impose. » Cette fois-ci, c'est Jean-Luc Joubert, de l'atelier SAV de Grégoire, qui prend les commandes pour rappeler l'ensemble des points à vérifier : niveau d'huile, état du filtre à air et du filtre à huile. Pour les moteurs Deutz-Fahr montés sur les Grégoire, le technicien conseille d'effectuer la vidange d'huile toutes les 200 heures de travail ou à la fin de chaque saison. En outre, un nettoyage des radiateurs n'est pas de trop, surtout s'ils sont couverts de projections de vendange. Pour cela, un simple nettoyage à l'eau et au savon est suffisant.

3. Réglez les paramètres de la tête de récolte

« La vitesse d'avancement des tapis, le pincement des bras et leur fréquence de secouage sont les trois paramètres les plus importants à bien régler sur les machines pour garantir une récolte de qualité », insiste Didier Degorças. Ceux-ci dépendent des cépages, de la maturité et du palissage. Ainsi, la vitesse d'avancement des convoyeurs peut varier de 150 à 250 tr/min. Plus la vendange est abondante, plus il faut accélérer la vitesse des tapis. Dès lors, pour garantir une vendange propre et une bonne évacuation des feuilles, l'aspirateur présent au niveau des convoyeurs devra, lui aussi, tourner plus vite. Gare cependant à ne pas trop l'augmenter. « Chez nous, dans la région de Nîmes, la vendange est récoltée bien mûre et a tendance à être happée par les aspirateurs si le rotor tourne trop vite. Dans ce cas, du jus ressort à l'arrière, ta trappe d'évacuation se colmate et l'aspiration ne fonctionne plus », avertit un des vignerons présents. Suffit-il de ralentir le ventilateur ? Non, a expliqué le formateur : le jus dans la vendange peut venir d'un battage trop fort. Il faut alors réduire la fréquence de secouage. « Pour le pincement des secoueurs, on se situe en général entre 7 et 10 cm », explique Gaël Bousquet, inspecteur commercial pour le secteur Sud-Ouest. Ce qui étonne certains vignerons : « Nous, on est plutôt à 3 ou 4 cm, ça dépend s'il y a du bois ou pas », expliquent-ils. Un pincement bien trop petit d'après les techniciens de Grégoire. Petite astuce : pour définir rapidement le bon pincement, il suffit de serrer la végétation entre ses mains et de mesurer sa largeur. Dans les jeunes vignes, cette largeur définit l'écartement des secoueurs. Dans les vignes plus vieilles, il faut prévoir au moins un centimètre de plus pour éviter la casse.

4. Lavez à grande eau quotidiennement

Après une journée de vendange, le labeur n'est pas fini. Reste encore à nettoyer la machine. Celle-ci doit être lavée à grande eau tous les soirs durant les vendanges. Geoffrey Delon nous livre sa méthode : « Contrairement à ce que l'on observe souvent, il n'est pas recommandé de laver au karcher. Cela déplace davantage les impuretés que ça ne les ôte. Utilisez plutôt un tuyau de diamètre important, comme celui des pompiers, avec un étranglement au niveau du goulot. » Les fabricants sont tenus d'informer les utilisateurs qu'il est déconseillé de laisser fonctionner le moteur durant le lavage. Mais, en pratique, il est plus commode de faire tourner les convoyeurs afin que l'eau de lavage des tapis coule dans les bacs et commence à les laver. De même, il est plus facile de nettoyer l'aspirateur lorsqu'il est en marche.

5. Graissez soigneusement les roulements

Une fois la machine propre, il est recommandé de graisser toutes ses articulations tous les trois jours. À noter que l'aspirateur de feuilles constitue le plus gros consommateur de graisse. Un graissage quotidien est donc nécessaire. « Penser à utiliser des graisses alimentaires pour les roulements à l'intérieur du tunnel de récolte, même pour les aspirateurs. On ne sait jamais, il peut y avoir des projections de graisse quand le rotor tourne très vite », rappelle Jean-Luc Joubert.

6. Stockez les pièces au sec durant l'hiver

À la fin des vendanges, se pose la question du stockage de la machine. Durant tout ce temps, la tête de récolte devra toujours rester fermée et au repos pour éviter d'abîmer le Silent Bloc, pièce centrale en plastique ou caoutchouc qui pourrait rester en torsion dans le cas contraire. Pour une meilleure conservation de la batterie, Grégoire recommande de la brancher sur un chargeur séquentiel, en particulier pour les batteries au gel. « Il y a des calculateurs électroniques sur les nouvelles machines qui utilisent de l'énergie, même quand le tracteur est éteint », explique Jean-Luc Joubert. Ensuite, l'ensemble des pièces démontables telles que le joystick, le tapis, les écailles et les bras de secouage, doivent être gardées au sec, en particulier le boîtier électronique de la cabine. À noter que les pièces mobiles peuvent se dégrader à la lumière. Mais Grégoire assure qu'il n'y a aucun risque de ce côté-là avec ses accessoires grâce à leur composition tenue secrète. « Les écailles, mieux vaut les disposer à l'envers pour éviter qu'elles ne se bombent durant l'hiver », souligne Jean-Claude Rousselot, inspecteur technique en charge du secteur Sud-Ouest.

À l'issue de cette formation, chaque participant a reçu un manuel d'entretien et d'utilisation de sa machine, à consulter en cas d'oubli. Puis le repas convivial organisé pour l'occasion a permis à chacun de se remonter le moral quant aux vendanges peu fructueuses qui s'annoncent dans les vignobles septentrionaux.

Conduite des tracteurs et des machines : êtes-vous bien formé ?

Les vignerons ont pu suivre un module sur la sécurité à bord des machines à vendanger au cours des journées organisées par Grégoire. Lors de cette intervention, Francis Moreau, formateur à la conduite d'engins dans un centre en Charente, a souligné le manque de rigueur des exploitations viticoles quant aux formations à la conduite. En effet, le code du travail (article R 4323-55, en vigueur depuis mars 2008) exige que tous les conducteurs d'engins automoteurs agricoles et forestiers soient formés. « Plus de 90 % des agriculteurs en France ne sont pas à jour vis-à-vis de cette loi », s'est indigné Francis Moreau lors de son intervention. Cette remarque n'est pas passée inaperçue : « Qui va payer cette formation ? En plus, il faut se former de nouveau à chaque fois que le matériel évolue ? », s'est interrogé Pierre Ancelin, vigneron à Cognac. « Il suffit de faire une demande au Fafsea [Fond national assurance formation des salariés des exploitations et entreprises agricoles, NDLR] qui peut prendre en charge ces formations, donc pas de surcoût pour les chefs d'exploitation », a répondu Francis Moreau. Une réponse qui n'a pas semblé convaincre les vignerons présents car ils forment la plupart du temps eux-mêmes leurs salariés. Bien après l'intervention de Francis Moreau, ils ont continué à s'interroger sur le bien-fondé de cet article inconnu du code du travail.

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