Retour

imprimer l'article Imprimer

GÉRER

Cartographiez vos risques

AUDE LUTUN - La vigne - n°288 - juillet 2016 - page 64

Un logiciel d'autodiagnostic permet de faire le point sur l'ensemble des risques encourus par une exploitation. Cet outil révèle des fragilités insoupçonnées.

« Les exploitants agricoles sont plus exposés aux risques qu'ils le pensent », témoigne Muriel Clarac, conseillère d'entreprise à Cerfrance Midi Méditerranée, à Castelnaudary (Aude). Ce CER, comme d'autres en France, propose une formation de deux jours sur les risques encourus par les exploitations, quelle que soit leur nature : mauvaise récolte, redressement fiscal, contentieux avec un salarié, amende pour atteinte à l'environnement, disparition du chef d'exploitation, etc.

La formation comprend une présentation des risques, avec des exemples concrets. Après cela, les participants font le diagnostic de leur propre situation. Chacun doit répondre à 49 questions par « oui », « non » ou « partiellement ». Le viticulteur doit par exemple répondre à la question : « La défaillance ou la disparition d'un fournisseur pourrait-elle nuire aux activités de votre entreprise ? » ou encore « Votre organisation patrimoniale remet-elle en cause la pérennité de votre entreprise en cas de décès ? ».

En tout, les questions touchent à six domaines : activité et production, économique et financier, entreprise et dirigeant, environnement, juridique et social.

Pour réaliser ce diagnostic, Cerfrance Midi Méditerranée utilise un logiciel créé en 2008 par le cabinet de conseil Peri-G, basé dans la Somme.

Quels sont les points les plus critiques des 1 500 diagnostics établis depuis 2008 ? « La disparition, l'absence pour maladie ou accident grave du chef d'exploitation figurent parmi les risques les moins bien appréhendés, estime Sébastien Mérat, risk manager chez Peri-G. Or, il en résulte des difficultés opérationnelles : qui va faire les fiches de paie et signer les chèques ? Où est le calendrier des traitements ? etc. De même, les exploitants mesurent mal les conséquences de leur décès imprévu sur la fiscalité de leur société ou de leurs ayants droit, sur leurs baux ou leur patrimoine. Ceux qui sont en société pensent trop souvent être protégés, mais ce n'est pas toujours le cas. »

Si l'autodiagnostic permet d'identifier et d'évaluer les risques, reste ensuite à y remédier. « Il y a trois façons de traiter un risque, précise Muriel Clarac. Soit on ne fait rien et on assume le risque lorsqu'il survient. Soit on confie la gestion du risque à un tiers, ce qui est le cas quand on prend une assurance, soit on agit préventivement. »

Lors de la formation qu'elle anime, Muriel Clarac fait intervenir un expert en assurance pour les risques climatiques et un spécialiste des questions sociales qui fait le point sur les obligations de l'employeur et sur les notions de travail dissimulé et de sous-traitance. « Le risque social n'est pas suffisamment intégré par les viticulteurs, souligne-t-elle. Or, il est de plus en plus important, d'autant que les contrôles de la MSA et de la Dirrecte sont plus nombreux. »

Sébastien Mérat constate que les exploitants ont évolué. « En 2008, quand on leur proposait de faire de la gestion des risques, ils ne voyaient pas ce qu'on pouvait faire. Maintenant, ils le savent. La conjoncture économique et la pression sociétale fragilisent les exploitations. La notion de prévention commence à être prise en compte. Mais les exploitants ont plus une attitude de prudence que de gestion des risques. Face au danger d'incendie, c'est bien d'acheter un extincteur. Mais il faut aussi vérifier que son installation électrique est aux normes... »

SIMON TEISSERENC, ASSOCIÉ DU DOMAINE DE L'ARJOLLE DANS L'HÉRAULT (110 HA EN CÔTES-DE-THONGUE, 7 ASSOCIÉS, 800 000 BOUTEILLES) « Nous travaillons sur le risque d'incendie »

« Nous avons suivi cette formation dans le cadre de la démarche Iso 14001. Un viticulteur, dont la récolte avait été grêlée à 80 %, a constaté qu'il était moins bien assuré qu'il ne le pensait. Cela m'a incité à vérifier nos assurances. La cartographie a confirmé les points sur lesquels nous savions que nous devions agir. Le premier point critique est le risque d'incendie. L'exploitation date de 1974 et une partie des bâtiments a été construite il y a 80 ans. Notre installation était donc obsolète. Nous avons vérifié l'ensemble du réseau électrique et nos extincteurs. Nous avons également créé des sorties de secours et un point de rassemblement. Le local phytos a été mis aux normes et nous nous sommes équipés de cuves GNR à double paroi. C'est donc principalement sur la sécurité au travail et la protection de l'environnement que nous avons travaillé grâce à la cartographie. Pour les autres risques, nous sommes déjà accompagnés par Cerfrance. »

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :