Au 31 août, seuls la Provence et le Languedoc-Roussillon avaient donné les premiers coups de sécateurs. En Provence, le gros des vendanges a débuté le 25 août. Fait marquant de l'année : la sécheresse. Entre avril et juillet, il n'est tombé que la moitié des pluies habituelles. Du coup, les maturités sont très hétérogènes selon que les parcelles ont souffert ou non du stress hydrique. « Il y a eu quelques orages, apportant de 10 à 20 mm d'eau, le 30 août. Cela va débloquer certaines situations », apprécie Richard Bertin, de Provence OEnologie.
Néanmoins, la qualité est au rendez-vous. L'état sanitaire est impeccable et les premiers moûts sont un peu plus colorés que d'habitude. « Au niveau aromatique, ils sont plutôt sympas avec des notes de fruits exotiques, d'agrumes et un petit côté floral (thé, verveine) », indique Richard Bertin. Mais les pH sont bas, avec peu d'acide malique à cause des fortes chaleurs. « Je crains des précipitations tartriques par la suite », explique Thomas Benard, oenologue chez Aix nologie.
Dans le Languedoc-Roussillon, la sécheresse est tout aussi marquée. « Elle a retardé la véraison de huit à dix jours », rapporte Jacques Rousseau, de l'ICV. Avec le manque d'eau, les raisins se concentrent. « On prend 1 à 1,5 % vol. par semaine, note l'expert. Mais les pellicules des rouges restent dures, astringentes et herbacées. Il faudrait un peu d'eau pour débloquer la maturité. »
Ailleurs, les vendanges n'étaient pas encore à l'ordre du jour fin août. « Pour l'instant, rien n'est rentré. La maturation prend du temps, même pour les blancs. Ainsi, les degrés du viognier oscillent entre 11,5 et 12,5 avec des niveaux tartriques élevés, de 6 à 7 g/l. Il n'y a pas d'urgence à démarrer les vendanges. L'état sanitaire est bon mais on espère un peu de pluie pour achever la maturité. Les viticulteurs ont le temps de préparer les caves », explique Olivier Roustang, de Rhône-nologie, à Uchaux (Vaucluse).
À Bordeaux, « la véraison a tardé en raison du manque d'eau », indique Loïc Ducourtioux, de l'Adar Haute-Gironde. À l'oenocentre de Saint-Savin, la première analyse de maturité pour les blancs a seulement eu lieu le 29 août.
Dans le Beaujolais, les contrôles de maturité ont démarré tout aussi tardivement. « On a plus de trois semaines de retard par rapport à 2015 », rapporte Florence Hertaut, de la chambre d'agriculture du Rhône.
Fin août, en Bourgogne, beaucoup de vignes arrivaient seulement en fin de véraison. Dans les parcelles très peu chargées en raison du gel, les vendanges devraient démarrer vers le 20 septembre. Mais ces vignes portent deux générations de raisins. « Faudra-t-il vendanger en deux passages ? », s'interroge Éric Grandjean, du centre oenologique de Bourgogne.
C'est aussi une année particulière en Touraine. « On vit un épisode de sécheresse très intense. La maturité est bloquée. Tous les grains ne sont pas encore vérés et, dans les cas extrêmes, ceux qui sont encore verts tombent », déplore Anne Buchet, du laboratoire agronomique et oenologique de la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher.
En Champagne, les premiers coups de sécateur pourraient être donnés vers le 10-12 septembre dans les parcelles les plus précoces et à partir du 19 pour les autres. En raison des différences de maturité, « les vendanges seront très étalées », note Sébastien Debuisson, du Comité Champagne.