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VIGNE

Bandes enherbées Place aux rouleaux !

LUCIE MARNÉ - La vigne - n°289 - septembre 2016 - page 30

Pour entretenir un enherbement permanent ou détruire un engrais vert, les rouleaux écraseurs de végétaux font très bien l'affaire, à moindre frais.
Le RoloJack de Viti Meca est doté d'un vérin hydraulique qui reporte le poids du tracteur sur le rouleau. © M. CAILLON

Le RoloJack de Viti Meca est doté d'un vérin hydraulique qui reporte le poids du tracteur sur le rouleau. © M. CAILLON

« L'entretien des couverts est chronophage », « les rouleaux détruisent surtout les couverts de plantes à tiges creuses »..., autant d'idées à revoir. S'ils s'utilisent principalement en viticulture biologique pour la destruction des couverts semés, les rouleurs de végétaux se démocratisent pour le plus grand bonheur de Dame Nature ! Ainsi, chez un nombre croissant de vignerons, ils remplacent tondeuses ou broyeurs pour l'entretien de l'enherbement permanent tout au long de l'année.

Petit rappel : l'action de ces rouleaux repose sur l'arrêt des flux de sève des végétaux et la création d'un mulch non concurrentiel avec la vigne. Les lames coupantes cassent les tiges en plusieurs endroits et le poids du rouleau couche la végétation. Au bout de quelques jours, les plantes meurent, et le couvert jaunit.

« Cette technique favorise l'apparition de légumineuses. Alors qu'en tondant, on privilégie plutôt les graminées », précise Patrick Meyer, viticulteur en biodynamie sur 8,5 ha, à Nothalten (Bas-Rhin). Autre point : le roulage crée un mulch qui garde l'humidité du sol tout en apportant de la biomasse. Et la liste des avantages de cette pratique n'est pas exhaustive. « Nous avons mis en place un essai pour mesurer l'impact du roulage sur l'infiltration de l'eau dans le sol », explique Sébastien Labails, responsable de l'innovation à la cave des Vignerons de Buzet.

Reste que le passage à cette technique n'est pas évident. « Quand on roule l'herbe, il faut accepter que des tiges se relèvent, les plantes n'étant pas toutes au même stade de maturité lorsqu'on intervient. C'est juste un cap psychologique à passer », note Sébastien Labails.

Côté pratique, les rouleaux apportent un confort et une simplicité de conduite appréciés des vignerons. « Depuis six ou sept ans, je n'utilise plus que le Rolofaca de Gerber H&M pour la gestion de mon enherbement. Attelé à l'arrière de mon tracteur vigneron, je gère mon enherbement en même temps que je rogne ou que je palisse. En outre, le rouleau fait un contrepoids à l'arrière du tracteur », explique Benoît Kobloth, viticulteur à Nothalten, en Alsace.

Pour la date du premier roulage, les avis sont partagés : « Nous attendons que la végétation atteigne environ 80 cm pour attaquer », précise Sébastien Labails. Pour Benoît Kobloth, « le facteur décisif, c'est plutôt le moment où je vais aller palisser ».

Mais au-delà des arguments techniques, la biologie de la vigne et du sol priment dans la réflexion de l'itinéraire technique à mener. « Mieux vaut détruire le couvert au moment du débourrement de la vigne quand elle a besoin de nutriments. Tout dépend du type de couvert et de ses objectifs de rendement. Si on veut éviter que le couvert ne reparte trop vite, on peut attendre la fin de son développement végétatif, car les plantes n'ont plus besoin de puiser leurs ressources dans le sol », précise Patrick Meyer.

« À la fin de son cycle végétatif, le couvert ne pompe plus l'eau du sol. Il n'y a donc plus de concurrence hydrique avec la vigne si l'on roule à ce moment-là », ajoute Sébastien Labails.

L'ensemble des vignerons interrogés possédaient auparavant des tondeuses ou des gyrobroyeurs. Ils ont abandonné ces outils sans état d'âme. Quand la consommation en carburant est évoquée, le calcul est vite fait : « Maintenant, je ne fais le plein que tous les deux jours. Avant, c'était tous les jours quand je combinais le broyage et le rognage ou le palissage », se félicite Benoît Kobloth. Sans compter qu'avec un rouleur, on avance au minimum à 10 km/h. Le débit de chantier est donc bien plus élevé qu'avec une tondeuse ou un broyeur. Mais attention néanmoins aux vitesses trop élevées sur les terrains accidentés : le rouleau peut rebondir, ce qui est susceptible de compromettre l'homogénéité du travail.

À Buzet, l'usage des rouleaux gagne du terrain. « Nous communiquons sur cet outil depuis deux ans. À ce jour, nos adhérents maîtrisent déjà 30 % de leurs enherbements grâce aux rouleaux », se réjouit Sébastien Labails. « Cet outil nous fait gagner du temps et faire des économies. La conduite demande peu de concentration et aucun entretien, excepté un petit graissage de temps en temps, ajoute Benoît Kobloth. Alors pourquoi s'en priver ? »

Pas si simple de choisir

Rolofaca de Gerber H&M.  © L. MARNÉ

Rolofaca de Gerber H&M. © L. MARNÉ

Les outils de roulage, ça paraît simple. Mais il existe différents modèles qui se distinguent par leur poids et la géométrie de leurs lames coupantes, montées horizontalement ou en biais, crantées ou ondulées. Mais quels que soient les modèles, les constructeurs insistent sur l'homogénéité du travail de leurs outils sur les couverts. Cette régularité résulte du juste équilibre entre le poids du rouleau, sa stabilité au sol et la disposition des lames. À titre indicatif, le Rolofaca proposé par Gerber H&M pèse environ 300 kg pour le modèle d'un mètre de large. « Avec cet outil, vous pouvez travailler sans problème à 12 km/h », explique Hubert Gerber, dirigeant de la société éponyme. Mais il existe des systèmes qui allègent l'outil tout en appuyant sur le sol. Le RoloJack de Viti Meca dispose, par exemple, d'un vérin hydraulique installé au niveau du trois-points qui reporte le poids du tracteur sur le rouleau. « On adapte donc le poids du rouleau à la densité et à la composition du couvert. Cela évite de tasser le sol », souligne Gilles Duvin, gérant de VitiMéca. Reste que « c'est un outil simple que l'on peut même faire chez soi si l'on est bricoleur. Pour ma part, c'est un concessionnaire du coin qui me l'a fait sur mesure. Quant à son poids, j'ai juste à le remplir d'eau », explique Serge Lhérisson, vigneron à la cave des Vignerons de Buzet.

Le Point de vue de

EMMANUEL LASSAIGNE, VIGNERON SUR 3,5 HA, À MONTGUEUX, DANS L'AUBE

« Il est impossible de deviner que je ne tonds plus mes interrangs »

 © CHAMPAGNE J. LASSAIGNE

© CHAMPAGNE J. LASSAIGNE

« J'utilise le RoloJack de Viti Meca depuis 2010 pour détruire l'enherbement naturel sur mon vignoble, excepté sur les parcelles en dévers car le tracteur manque de stabilité. Auparavant, je tondais mes bandes enherbées de 65 cm pour un interrang de 1,20 m. Comme je désherbe mécaniquement sous les rangs, je me suis équipé d'un rouleau pour me dégager du temps. Maintenant, je peux atteler le RoloJack à l'arrière de mon enjambeur pendant que je travaille avec les interceps. Au total, je passe huit fois les interceps sous les rangs entre avril et août, dont trois passages combinés avec le rouleau. Quand j'ai commencé à utiliser le RoloJack, j'ai dû accepter que quelques plantes se relèvent. Mais j'ai remarqué qu'avec cet outil, le mulch créé limitait mieux la repousse d'herbe et apportait plus de biomasse au sol. Aujourd'hui, après six ans d'utilisation du RoloJack, il est impossible de deviner que je ne tonds plus mes interrangs. »

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