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VIGNE

Les chambres d'agriculture à l'offensive

CHRISTELLE STEF - La vigne - n°296 - avril 2017 - page 38

Les conseillers vigne et vin des chambres d'agriculture ont organisé leur première convention nationale à Paris. Ils fourmillent de projets pour rendre service aux viticulteurs.
UNE CENTAINE DE CONSEILLERS VIGNE ET VIN se sont réunis lors de leur première convention, en mars, à Paris. PHOTO : A. CHAPUIS

UNE CENTAINE DE CONSEILLERS VIGNE ET VIN se sont réunis lors de leur première convention, en mars, à Paris. PHOTO : A. CHAPUIS

MICHEL BADIER, de la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher, anime le groupe technique national viticulture.  PHOTO : A. CHAPUIS

MICHEL BADIER, de la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher, anime le groupe technique national viticulture. PHOTO : A. CHAPUIS

GUILLAUME GASTALDI, de la chambre d'agriculture du Maine-et-Loire, a présenté quelques idées innovantes pour animer les groupes de viticulteurs.  PHOTO : A. CHAPUIS

GUILLAUME GASTALDI, de la chambre d'agriculture du Maine-et-Loire, a présenté quelques idées innovantes pour animer les groupes de viticulteurs. PHOTO : A. CHAPUIS

Le message est clair : « Notre but est de bâtir un réseau fort et efficace », a insisté Bernard Artigue, le vice-président de l'Apca (Assemblée permanente des chambres d'agriculture) lors de l'ouverture de la première convention des conseillers vigne et vin. L'événement a réuni la moitié d'entre eux, les 21 et 22 mars, à Paris.

Aujourd'hui, plus de 220 conseil-lers travaillent au service des vignerons dans les chambres d'agriculture de France. En 2009, quelques-uns ont créé le groupe technique viticulture, animé par Michel Badier, du Loir-et-Cher. En juin dernier, ce groupe de travail s'est organisé autour de référents nationaux et régionaux sur tous les sujets relevant de leur compétence comme le matériel végétal, la biodiversité, la protection du vignoble, la vinification, etc. Ainsi, c'est l'Audois Didier Viguier qui est le référent national pour le matériel végétal et le Bordelais Maxime Christen, le spécialiste de l'agronomie et de l'entretien des sols.

Cette organisation a pour but de renforcer la visibilité et la coordination des chambres et de faire face à la concurrence de la distribution. Quant à la convention, elle avait pour objectif de créer des liens entre les conseillers des différents vignobles, de partager des idées et de présenter des projets.

Les chambres travaillent ainsi sur deux offres de services aux viticulteurs : le pack performance technico-économique et le pack performance agroécologie. Tous deux, facturés sur devis, seront lancés lors du prochain Sitévi.

Le premier vise à atteindre un objectif de production et de qualité et à améliorer la compétitivité. Dans ce cadre, les conseillers feront une visite en morte saison chez le viticulteur. Ils travailleront avec lui sur la fertilisation, l'entretien des sols, la protection phyto et les coûts de production.

La deuxième vise à préserver les sols, la plante et la biodiversité, à valoriser la production ainsi qu'à renforcer la compétitivité de l'entreprise. Ces offres comprendront un socle commun et des modules à la demande des viticulteurs. Toutes deux mettront en avant l'indépendance du conseil. Pour gagner en visibilité, les chambres vont les lancer sous une marque commune : Proviti. D'autres services devraient suivre sous cette marque. « Nous allons définir un référentiel commun pour les prestations Proviti », a expliqué Thomas Mineur, de la chambre d'agriculture de la Marne.

Les conseillers ont également présenté des services qu'ils vendent déjà. La chambre d'agriculture du vignoble champenois propose ainsi plusieurs prestations en machinisme. « La porte d'entrée, c'est le réglage du pulvérisateur », a expliqué Dimitrios Skoutelas, qui propose cette prestation depuis quatre ans, en début de campagne. Souvent, les vignerons nous sollicitent car ils ont rencontré des difficultés pour maîtriser des maladies l'année précédente. Ils veulent commencer la campagne avec un appareil bien réglé. »

Pendant deux heures, le technicien inspecte le pulvérisateur : état général, filtres, contrôle des débits, orientation des buses... En même temps, il forme le viticulteur ou le tractoriste au réglage. La prestation coûte 260 €. La chambre en réalise une trentaine par an. Le technicien propose également d'autres prestations comme le réglage des DPAE, la formation à l'entretien des enjambeurs, le réglage des interceps qui débute par une inspection des outils de l'exploitation... Le tarif est fixé en fonction du temps passé. La chambre prévoit aussi de lancer un service de réglage des épandeurs.

De son côté, Guillaume Gastaldi, de la chambre d'agriculture du Maine-et-Loire, a donné quelques idées innovantes en termes d'animation collective. Ce conseiller encadre un groupe de onze viticulteurs, membres d'un réseau Dephy. Pour favoriser le partage d'expérience, il a instauré des réunions téléphoniques hebdomadaires durant la campagne de traitement. « Je ne fais pas de conseil, juste de l'animation. Ce sont les viticulteurs qui échangent sur leurs stratégies. »

Plus classique, il organise également des voyages d'étude dans d'autres régions viticoles. « Cela permet aux vignerons de sortir du cadre de leur exploitation et de se rendre compte des contraintes qui existent dans les autres vignobles », a-t-il observé. Ces initiatives ont plu. Un conseiller de Bourgogne a ainsi annoncé qu'il allait tester les réunions téléphoniques.

Plus administratif, Benjamin Alban, de la chambre d'agriculture de Saône-et-Loire, finalise une fiche sur le conseil individuel pour son département au titre des CEPP. Une fois validée par l'Inra, elle sera exportée dans d'autres départements et déclinée pour le conseil collectif.

Plus global, les chambres d'agriculture ont pris part au plan d'action national de lutte contre les dépérissements du vignoble. « Nous avons missionné une personne sur ce sujet. Elle identifie les actions que nous menons et celles que nous sommes en mesure de proposer », a expliqué Bernard Artigue. Une émulation s'est créée. L'objectif est atteint.

Trois nouveaux outils de gestion

Avis aux geeks. Les chambres d'agriculture ont mis trois outils de gestion en ligne. Ils sont développés par la chambre du Loir-et-Cher.

- Le premier est le référentiel économique du vigneron (www.referentiel-vigneron.chambres-agriculture.fr). En renseignant un formulaire en ligne, les vignerons de huit régions calculent leurs coûts de production à la vigne, à la cave et au conditionnement puis les comparent aux références de leur région. Ils peuvent simuler des changements - augmenter ou baisser les rendements, passer à la puvlé confinée ou au travail du sol sur le rang - et en calculer le coût.

- Le deuxième outil estime la vulnérabilité d'une exploitation à cinq niveaux : production, commercialisation, gestion humaine, gestion financière et environnement de l'entreprise. Après avoir répondu à une trentaine de questions, l'utilisateur sait quels sont ses points forts et points faibles (http://vulnerabilite.centre.chambagri.fr).

- Le dernier outil évalue l'intérêt et le coût de divers systèmes de lutte antigel. Rendez-vous sur http://impact-gel.centre.chambagri.fr.

Communiquer auprès des riverains

C'est un fait : les relations entre viticulteurs et riverains se compliquent. Si les produits phytosanitaires cristallisent une grande part des tensions, ils n'en sont pas la seule cause. Le bruit est une autre source de conflit. Lors de la convention des conseillers vigne et vin, Dominique Girault, viticulteur et élu à la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher, l'a évoqué. « Au moment d'installer la première tour antigel à Noyers-sur-Cher, on a vite compris qu'il fallait communiquer auprès des riverains car nous savions que la tour causerait des nuisances visuelles et sonores. Nous avons donc fait une réunion publique et tout s'est bien passé. » Moralité : pour éviter les conflits, il faut anticiper et communiquer. Et surtout ne pas nier les problèmes.

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