Pourquoi les stimulateurs des défenses des plantes sont-ils d'une efficacité irrégulière ? Elsa Ballini, chercheuse à Montpellier SupAgro, a donné des éléments de réponse lors de la 9e journée scientifique de la vigne et du vin, le 7 mars, à Montpellier.
Plusieurs causes à cette irrégularité
Pour commencer, elle a suggéré que tous les cépages ne sont vraisemblablement pas égaux sur ce point. Il est fort probable que certains ont plus de capacités que d'autres à activer leurs défenses. Les éliciteurs seraient donc plus efficaces sur eux. Quels sont ces cépages ? « Peu de données ont été publiées à ce sujet. Mais sachant que c'est vrai pour les autres plantes, il n'y a pas de raison que ce soit différent pour la vigne », nous a expliqué la chercheuse.
Autre cause : le stress hydrique ou l'excès d'azote ont un impact négatif sur les défenses de la vigne. En cas d'excès d'azote, cet impact est aggravé par une hausse de l'agressivité des pathogènes. Les défenses naturelles deviennent alors obsolètes. « On développe des produits qui agissent sur des caniches et ceux-ci se transforment en bouledogues », a-t-elle illustré.
Enfin, dernière explication avancée par la chercheuse : les pathogènes sont eux-mêmes en cause. Chez le botrytis, il existe des souches capables de contourner les défenses naturelles de la vigne et d'autres non. Si une société teste un produit avec une souche sensible aux défenses de la plante, son efficacité paraîtra élevée. Avec une souche qui contourne les défenses, son efficacité sera nulle. Pour bien faire, il faudrait donc tester les produits avec toutes sortes de souches...
La vigne sauvage plus combative
Quant aux vignes sauvages, elles se défendent mieux que les vignes cultivées. « Leur niveau d'acide salicylique est très élevé, de manière constitutive. Elles se défendent naturellement bien, même sans éliciteurs. Ça vaudrait le coup d'observer les gènes induisant cette défense élevée », précise-t-elle. Ces vignes ultracombatives pourraient entrer dans des programmes de création de nouveaux cépages.