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DOSSIER - La HVE prend son envol

Les coops entrent dans la danse

La vigne - n°297 - mai 2017 - page 25

Poussées par leurs clients et la volonté de faire reconnaître leurs efforts en faveur de la planète, les caves coopératives se lancent à leur tour dans la HVE. À l'image de Sabledoc, des Vignerons du Brulhois et de la Cave coopérative de Rauzan.
LES VIGNERONS DU BRULHOIS (de g. à d.) : Francis Rubin, Roger Val (président de l'AOC Brulhois), Michel Delpech (président de la cave), Gil Benac (cadre technique), David Delpech et Joël Carcenac. © L. LECARPENTIER

LES VIGNERONS DU BRULHOIS (de g. à d.) : Francis Rubin, Roger Val (président de l'AOC Brulhois), Michel Delpech (président de la cave), Gil Benac (cadre technique), David Delpech et Joël Carcenac. © L. LECARPENTIER

Sabledoc

« Une demande d'un client »

« Nous nous sommes lancés dans la HVE à la demande des Grands Domaines du Littoral, l'un de nos gros clients, explique Audrey Rouleau, conseillère viticole de la coopérative Sabledoc, à Aigues-Mortes, dans le Gard (600 ha, 1 000 coopérateurs, 50 000 hl à 65 % vendus en vrac). Nous sommes en IGP Sable de Camargue, dans l'environnement fragile de la Petite Camargue que nous devons préserver. »

En juin 2015, dix exploitations représentant 200 ha ont obtenu la certification. Un an plus tard, douze autres ont rejoint la démarche. Toutes sont volontaires. À ce jour, 400 ha sont certifiés.

Les pionniers ont suivi une journée de formation à la HVE à la chambre d'agriculture du Gard. Après cela, ils ont diagnostiqué leur exploitation pour vérifier s'ils étaient conformes au dispositif et corriger ce qui devait l'être. Puis, la chambre d'agriculture a calculé leurs indicateurs de performance pour s'assurer qu'ils étaient dans les clous. Enfin, elle a pris contact avec l'organisme certificateur pour faire auditer chaque coopérateur. La cave a payé la prestation de la chambre d'agriculture et le coût de l'audit de certification, soit 700 à 900 € HT/exploitation. Elle vise 80 % du vignoble en HVE en 2018. « À terme, nous vinifierons séparément les vins issus des parcelles certifiées pour satisfaire notre acheteur », assure Audrey Rouleau.

Vignerons du Brulhois

« Conforter l'export »

« Nous réalisons 30 à 35 % de notre chiffre d'affaires à l'export, selon les années. Or, en Amérique du Nord, un label porté par l'État a plus de valeur qu'une certification privée. En 2015, nous nous sommes donc lancés dans la HVE. Ce projet concerne sept de nos coopérateurs. Nous voulons convertir 70 ha, soit 60 % de notre vignoble en AOC », expose Gil Benac, cadre technique des Vignerons du Brulhois, à Donzac, dans le Tarn-et-Garonne (160 ha, 70 adhérents, 10 000 hl à 70 % vendus en bouteilles).

Les sept vignerons ont suivi une formation de deux jours organisée par la chambre d'agriculture du Tarn. Trois d'entre eux sont déjà aux normes. Ils vont présenter leurs exploitations à l'audit de certification dès cette année. Les autres suivront l'an prochain.

Parallèlement, les adhérents veulent améliorer leurs pratiques. Pour cela, la coop a pris contact avec le syndicat apicole du Tarn-et-Garonne. Et elle a demandé au conservatoire d'espaces naturels de Midi-Pyrénées comment préserver et améliorer l'habitat des chauves-souris de la région. « Le conservatoire nous a dit où planter des haies, indique Gil Bénac. Nous communiquerons sur nos réalisations agroécologiques auprès du grand public. L'ODG fera part de notre expérience aux autres vignerons de l'appellation. En plus de conforter nos positions à l'export, nous espérons améliorer notre image. »

Rauzan

« Montrer nos efforts »

« Notre cave a le label AgriConfiance depuis 2011. Elle a obtenu le niveau confirmé de la norme Iso 26000 de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Nous voulons promouvoir ces efforts auprès des consommateurs », expose Philippe Hébrard, directeur de la cave coopérative de Rauzan (Gironde) : 3 600 ha, 350 adhérents et 200 000 hl à 20 % vendus en bouteille. Pour cela, elle veut miser sur une autre distinction : la HVE car elle semble mieux comprise du grand public qu'AgriConfiance et RSE.

Son service amont a sélectionné dix exploitations susceptibles de remplir les obligations du cahier des charges HVE. Chacune d'elles cultive entre 35 et 40 ha de vignes. Et huit sont d'ores et déjà prêtes. La coopérative les présentera en juin prochain à la nouvelle procédure de certification collective permise depuis décembre dernier.

Rauzan veut aller vite. L'entreprise espère atteindre une trentaine d'exploitations avant la fin de l'année et vise 50 % de ses membres engagés d'ici trois ans. Pour les encourager, elle offre 1 000 à 3 000 €, suivant leur taille, à celles qui s'engagent.

« Dès la récolte 2017, nous apposerons le logo HVE sur les bouteilles de vin des exploitations certifiées, explique Philippe Hébrard. Nous communiquerons sur ce sigle avec nos clients de la grande distribution en le présentant, par exemple, dans les catalogues promotionnels. Si le label suscite l'intérêt des consommateurs, nous verrons si nous pouvons augmenter nos prix. »

L'essentiel de l'offre

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