Depuis cinq ans, Diemme Enologia commercialise le Microflex, un système de filtration frontale sur cartouches organiques de 1 µm absolu. Ce dispositif filtre les vins tranquilles, les effervescents et les moûts, quelle que soit leur température, tant que leur turbidité passe sous le seuil des 100 NTU. Il se substitue à une filtration tangentielle, sur terres roses ou plaques.
« Microflex rend le produit filtré pauvre en germes. Cet état perdure plusieurs semaines si les contenants, pompes et tuyaux sont stériles », assure Jean Schaufelberger, commercial pour Diemme. En pratique, l'utilisateur effectue ensuite une, voire deux filtrations pré-mise en bouteilles, par sécurité (1,2 µm à 5 µm) ou pour stériliser le vin, notamment les blancs destinés à l'export (de 0,65 à 0,45 µm). Diemme annonce des débits compris entre 1 et 5 hl/h par cartouche. « Chaque cartouche vaut 500 € et a une durée de vie d'environ 4 000 hl. » Trois formats sont proposés : 12, 24 ou 48 cartouches. Ils sont tous pourvus de vannes pneumatiques gérées par un logiciel. Une fois la machine en route, la filtration et les lavages intermédiaires se succèdent automatiquement.
Autre point fort : « Ce système est très respectueux du vin. On travaille à basse pression, sans recirculation ni montées en température. Il est sans incidence sur la structure et la couleur du vin, dont le profil aromatique ressort beaucoup plus net. » Par ailleurs, il ne nécessite pas d'intrants et engendre très peu de pertes de vin.
AMAURY COUET, GÉRANT DE CLIMAVIN ET DE FILTR'VIN, À SANCERRE (CHER) « Il est impossible de mal faire »
De plus en plus de nos clients nous demandent de filtrer leurs vins, alors que nous sommes spécialisés dans la filtration des bourbes. Jusqu'alors, nous le faisions avec nos filtres-presse, mais nous n'en étions pas très satisfaits. Le vignoble sancerrois est riche en équipements, nous nous devions d'être à la hauteur.
Nous avons fait du repérage au Vinitech en 2015. Puis Diemme est venu présenter son Microflex à Sancerre. Nous avons fait des essais et nous nous sommes équipés en mars 2016.
À Sancerre, les filtres tangentiels n'ont pas séduit. Il y en a moins d'une dizaine. Les vignerons préfèrent les filtres à terre qui respectent le vin, à condition d'éviter les montées en pression. Avec le Microflex, tout est automatisé, il est impossible de mal faire. Autre avantage : on perd dix fois moins de vin qu'avec un filtre à terre.
En revanche, ce n'est pas un 4 x 4 : pour qu'il n'y ait pas de problème, les vins doivent avoir suffisamment sédimenté et été bien soutirés. Nous avons eu ainsi de mauvaises surprises. Nous avons filtré les vins d'un client qui avait utilisé de la CMC pour la stabilisation tartrique. Le vin était trop visqueux. À peine quelques hectolitres et il fallait déjà enclencher un lavage intermédiaire. Depuis, nous ne prenons plus de risques. Diemme nous a fourni l'I.C. Lab, une petite mallette pour analyser le vin avant filtration. En quelques minutes, on sait si le vin est prêt. On peut prévoir le débit de filtration et le nombre de nettoyages intermédiaires. On connaît ainsi à l'avance la durée de filtration.
Le Microflex a un petit point négatif : il demande 150 l d'eau à chaque lavage intermédiaire et 800 l pour le nettoyage final.
Pendant quelques mois, nous avons proposé cette filtration de manière confidentielle. Nous en faisons désormais la promotion. Nous la facturons 5,50 €/hl. À ce jour, nous avons traité 3 000 hl à un débit moyen de 50 hl/h. Nous allons conserver nos filtres-presse car certains clients veulent filtrer plus lâche que le Microflex.
MATHIEU FLEURIET, DOMAINE BERNARD FLEURIET ET FILS, 30 HA À MENETOU-RÂTEL (CHER) « C'est simple comme bonjour »
Nous produisons environ 1 200 hl chaque année et en achetons à peu près autant. Avant, nous faisions appel à un prestataire pour filtrer nos vins. Nous avons testé les plaques et les terres Kieselguhr. Je n'étais pas très satisfait du résultat, si bien que je filtrais de moins en moins, et plus du tout les rouges. J'étais néanmoins conscient du risque que je prenais, notamment vis-à-vis des vins qui partent à l'export. J'ai donc testé le Microflex et je l'ai acheté en mars 2016. J'ai complètement changé de stratégie. Tous mes vins passent dans le Microflex. Ils sont soumis, au maximum, à 0,3 bar, l'équivalent de la pression qu'ils subissent lors d'un simple pompage ! À la dégustation, je les trouve plus nets. D'ailleurs, j'avais participé aux dégustations de la Sicavac et j'avais toujours mieux noté les vins passés par le Microflex.
L'opération est simple comme bonjour, tout est automatique. Je ne reste pas à côté du filtre lorsqu'il tourne. Je colle mes vins blancs à la bentonite et je les stabilise au froid. Lorsqu'il les filtre, le Microflex n'a jamais besoin de régénérer ses cartouches. En revanche, un à deux lavages intermédiaires sont généralement nécessaires lorsque je filtre 100 hl de vin rouge. L'opération demande environ trois heures. En fin de cycle, je récupère à peine un demi-seau de vin. Je le renvoie dans une cuve en attente de filtration.
Je lance les lavages chimiques la nuit. Lorsque je reviens le matin, l'indicateur vert me confirme que tout s'est bien déroulé. Je ne refiltre plus mes vins avant la mise en bouteilles.
DAMIEN LAURENT, OENOLOGUE AU DOMAINE FOURNIER, 120 HA À VERDIGNY (CHER) « Nos sauvignons ont gagné en précision »
Nous filtrons 10 000 hl par an environ, des vins de notre récolte et des vins que nous achetons. Nous avons longtemps utilisé des filtres à terre, mais, en plus d'être dangereux pour les opérateurs, ils sont contraignants. Il nous fallait sans cesse gérer le recyclage des intrants. Nous souhaitions également un système automatisé pour libérer les cavistes. Enfin, nous voulions filtrer les vins sans les abîmer. Il n'est pas rare de monter à 5 ou 6 bars de pression avec un filtre à terre. Les vins ont besoin de quelques mois pour se remettre. C'est pire avec la filtration tangentielle. Microflex était le système le plus indiqué pour répondre à nos demandes de mises en marché rapides. Nous l'avons acquis en juin 2016.
Nos sauvignons ont gagné en netteté. La Sicavac a comparé des vins filtrés sur terre et par le Microflex. À l'aveugle, 12 dégustateurs sur 20 ont jugé les vins différents.
Nous filtrons en douceur, à moins de 0,3 bar de pression. Pour lancer une filtration, nous n'avons qu'à indiquer sur l'écran tactile le débit souhaité, en général 60 hl par heure, et le volume à filtrer. Le débit diminue au fur et à mesure que les cartouches se colmatent. Lorsqu'il tombe à 20 hl/h, un cycle de lavage se déclenche automatiquement. Nous pouvons modifier ce seuil à tout moment, même en cours de filtration. Il est aussi possible de modifier le programme de lavage : eau froide ou chaude, nettoyage à l'eau ou chimique. En général, un rinçage à l'eau froide suffit.
Avec nos vins, nous n'en avons parfois même pas besoin. Ils sont bien clarifiés, collés à la bentonite et enzymés à la fin de la fermentation. Des cuves de 127 et de 163 hl peuvent être filtrées en une fois, en deux heures, sans lavage intermédiaire.
C'est souvent plus compliqué avec les vins que nous achetons. Le Microflex lance parfois cinq lavages intermédiaires, notamment avec des vins issus de raisins botrytisés.
Après la filtration, le nettoyage chimique demande 4 à 5 heures. Nous le mettons en route la nuit. Lorsque nous revenons le matin, un indicateur vert nous informe que tout s'est bien passé. Il est rouge en cas d'incident, comme une panne de courant. Dans ce cas-là, il faut tout relancer.
Pour réaliser de bons lavages, nous avons acheté à Diemme l'Aquaflex : c'est un système qui filtre l'eau, l'adoucit et peut la chauffer. L'eau est stockée dans un réservoir de 8 hl. L'ensemble est connecté à la cuve tampon de 3 hl du Microflex.
Après filtration, nos vins affichent moins de 0,3 NTU. Pour garantir à nos clients une sécurité optimale, nous les repassons sur une palette pré-mise juste avant l'embouteillage. Nous les filtrons donc deux fois seulement.