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éditorial

Tire-bouchon

PAR BERTRAND COLLARD, RÉDACTEUR EN CHEF DE LA VIGNE - La vigne - n°300 - septembre 2017 - page 3

Comme si la consommation de vin ne baissait pas assez vite en France, le gouvernement incite les Français à s'en détourner encore davantage. Le ministère de la Santé et l'Institut national du cancer (INCa) viennent en effet de lancer une campagne de communication affirmant que « réduire sa consommation d'alcool diminue le risque de cancer ». Comment ont-ils illustré leur propos ? Avec un tire-bouchon ! Bien évidemment.

Le message sous-jacent est clair : cessez de boire du vin ! Mais les communicants qui ont imaginé ce visuel sont en retard d'une guerre. Il n'y a presque plus de consommateurs réguliers de vin en France. Et ces irréductibles - que dire ? -ces inconscients sont pour la plupart âgés. Ils iront donc naturellement en diminuant. La moitié des Français qui continuent de boire du vin ne le font qu'occasionnellement pour le plaisir, avec leur famille ou leurs amis, et au mieux quelques fois par semaine. L'INCa ne peut l'ignorer. Apparemment, c'est encore trop pour lui. Car il ajoute, dans le dossier de présentation de sa nouvelle campagne, qu'« il est recommandé de limiter, voire d'éviter la consommation d'alcool ». C'est donc bien vers l'abstinence qu'on veut nous entraîner, peu à peu. Au nom de quoi ? On se le demande. Car il faut le répéter : les personnes qui boivent régulièrement du vin, sans excès et lors des repas, ont une meilleure espérance de vie que les abstinents. Une multitude d'études le montre. Les explications physiologiques, elles, varient. Peut-être est-ce tout simplement parce qu'en ouvrant une bouteille, on passe des moments plus heureux avec ses convives qu'en se contentant d'eau plate.

L'une des dernières études en date, parue en avril dernier, confirme une nouvelle fois les bienfaits du régime méditerranéen, particulièrement de l'huile d'olive et du vin rouge pour la longévité. C'est l'étude Prédimed menée à Barcelone.

Par un hasard du calendrier, des responsables de la filière du Languedoc avaient rendez-vous au ministère de l'Agriculture le lendemain de la parution de cette campagne publicitaire partiale. Ils ont dit au cabinet du ministre tout le mal qu'ils en pensaient. Plus vite ils seront entendus, mieux cela vaudra.

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