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VIGNE

Le futur de la viti

MICHÈLE TRÉVOUX - La vigne - n°301 - octobre 2017 - page 46

Dans son Mas numérique, Montpellier SupAgro applique en conditions réelles des solutions numériques pour la filière vin. Comme un avant-goût du monde viticole de demain...
AU MAS NUMÉRIQUE, dans l'Hérault, Thomas Crestey, responsable du projet, met en oeuvre des solutions numériques innovantes. © M. TRÉVOUX

AU MAS NUMÉRIQUE, dans l'Hérault, Thomas Crestey, responsable du projet, met en oeuvre des solutions numériques innovantes. © M. TRÉVOUX

Non, ce n'est pas de la science-fiction. La viticulture de demain est déjà à l'oeuvre au Domaine du Chapitre, à Villeneuve-lès-Maguelone, dans l'Hérault. Dans cette exploitation agricole de 95 ha, dont 35 de vigne, Montpellier SupAgro déploie depuis un an quinze applications high-tech, mises à leur disposition par quatorze entreprises spécialisées dans l'agriculture numérique (1). Baptisé « Mas numérique », ce site unique en France propose une démonstration d'outils numériques innovants en viticulture et oenologie dans des conditions réelles de production.

Deux axes ont été mis en place. L'un est dédié à l'apport du numérique dans la protection des plantes. Sont ainsi mis en oeuvre une station météo, des logiciels de modélisation de la pression des maladies, un outil d'aide à la réduction des doses, un logiciel de gestion et partage des travaux et un outil de traçabilité et de suivi de la pulvérisation qui vérifie l'homogénéité et la continuité du fonctionnement des appareils.

L'autre axe est consacré à la gestion qualitative et quantitative des productions. À cette fin, on utilise une cartographie parcellaire de la vigueur, le suivi et la maîtrise du stress hydrique, de la maturité et du statut azoté, ainsi qu'un pressoir connecté avec des capteurs placés dans les cuves pour contrôler les fermentations... « Il ne s'agit pas de prototypes. Les technologies présentes sur le domaine sont commercialisées », précise Thomas Crestey, responsable du Mas numérique.

Ce site est avant tout destiné à l'enseignement des élèves de SupAgro, notamment ceux de l'option AgroTIC (technologie de l'information et de la communication). Mais il sera également ouvert aux élèves de l'enseignement technique agricole en formation initiale. Il est financé par SupAgro et quatre des entreprises impliquées dans le projet (Vivelys, Smag, ITK, Pera-Pellenc).

Cet outil pédagogique doit ainsi contribuer à donner une dimension plus concrète à l'enseignement et une vue précise de l'environnement professionnel dans lequel les futurs ingénieurs et techniciens agricoles évolueront.

« C'est aussi un moyen de renforcer l'attractivité des professions agricoles qui souffrent d'une crise des vocations. Les technologies numériques demandent des compétences. Elles reposent sur des outils pointus qui peuvent inciter la nouvelle génération à s'installer », souligne Thomas Crestey.

Autre public visé : les techniciens viticoles qui pourront venir en formation continue ou seront accueillis pour des visites. L'accueil de viticulteurs n'est pas exclu, mais il se fera par l'intermédiaire des chambres d'agriculture, coopératives ou négoces.

Enfin, le Mas numérique vise à favoriser les échanges entre les sociétés partenaires pour qu'elles améliorent l'ergonomie, l'efficacité et le transfert de données entre leurs produits. Mis en oeuvre en conditions réelles et connectés entre elles, ces derniers pourront ainsi être articulés plus efficacement les uns avec les autres, en évitant par exemple la double saisie de données. Pour Thomas Crestey, l'enjeu est clair : « Limiter la fracture numérique et permettre à tout le monde de prendre ce train. »

(1) Vivelys, Smag, Pera-Pellenc, ITK, Groupe ICV, IFV, TerraNIS, Geocarta, Axe Environnement, Sika France, Force A, Agriscope, Bayer et Cap 2020.

THOMAS CRESTEY (PHOTO), RESPONSABLE DU MAS NUMÉRIQUE, AU DOMAINE DU CHAPITRE, À VILLENEUVE-LÈS-MAGUELONE, DANS L'HÉRAULT, « Des enseignements concrets dès la première année »

« Après cette première année de fonctionnement, on peut déjà tirer des enseignements concrets. Grâce à la cartographie satellitaire de la vigueur, complétée par des mesures de maturité, nous avons changé la destination d'une parcelle dévolue au rosé. En raison de sa faible vigueur, la vigne était en effet plus propice au rouge. Les suivis de maturité par la mesure de la charge en sucre des baies ont ensuite permis de déterminer la date de vendange optimale. Au niveau de la pulvérisation, des capteurs ont révélé une baisse de débit en fin de cuve sur un de nos appareils, engendrant une protection insuffisante du vignoble. C'est un point que nous avons pu corriger pour les traitements ultérieurs. Enfin, le dispositif Vintel d'ITK, corrélé à des mesures sur le terrain, a également mis en évidence un stress hydrique dans une de nos parcelles qui ne collait pas avec le profil de fruit frais que nous avions prévu. Nous corrigerons cela l'an prochain avec l'irrigation. Plus globalement, les outils dédiés à la protection du vignoble permettent de valider qu'on a pris la bonne décision en traitant et que les traitements ont été correctement effectués. C'est très rassurant. »

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