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ACTUS - FRANCE

Pépiniéristes Haro sur le Pyrévert !

CHRISTELLE STEF - La vigne - n°302 - novembre 2017 - page 22

La flavescence dorée et le Pyrévert ont alimenté les débats du dernier congrès de la FFPV qui s'est tenu à Carcassonne fin octobre. Sans l'avoir nommé, les pépiniéristes ont demandé le retrait de cet insecticide à l'efficacité aléatoire.
De gauche à droite : Éric Bourguet, Pierre-Marie Guillaume, Pierre-Denis Tourette, David Amblevert, Giovanni Varelli et Miguel Mercier, les principaux représentants de la pépinière viticole française. © C. STEF

De gauche à droite : Éric Bourguet, Pierre-Marie Guillaume, Pierre-Denis Tourette, David Amblevert, Giovanni Varelli et Miguel Mercier, les principaux représentants de la pépinière viticole française. © C. STEF

Plus des deux tiers du vignoble français sont en zone de lutte obligatoire contre la flavescence dorée. Cette maladie a donc largement alimenté les débats du dernier congrès de pépiniéristes viticoles, les 25 et 26 octobre à Carcassonne, dans l'Aude.

David Amblevert, le président de la Fédération française de la pépinière viticole (FFPV) a d'abord insisté sur l'implication sans précédent de sa profession dans la lutte contre ce fléau. « En 2017, nous avons prospecté 100 % des vignes mères de greffons. Nous sommes les seuls en Europe à faire preuve d'un tel engagement », a-t-il souligné.

Puis il a interpellé Juliette Auricoste, la cheffe du bureau de la santé des végétaux au ministère de l'Agriculture : « Madame, des interrogations demeurent sur l'efficacité de certaines molécules insecticides utilisées par la viticulture. Nous sommes face à une maladie de quarantaine. La pépinière viticole demande le retrait des molécules si elles s'avèrent inefficaces. Il en va de la pérennité de notre parc de vignes mères. »

Sans l'avoir explicitement cité, David Amblevert visait le Pyrévert, comme son auditoire l'a bien compris. Le seul insecticide bio autorisé contre la cicadelle de la flavescence dorée est dans la ligne de mire des pépiniéristes du fait de son efficacité très irrégulière (voir page 52). Pour eux, les choses sont claires : « Les plus gros foyers se situent dans les zones où sont concentrés les bio », a affirmé Giovanni Varelli, vice-président de la FFPV, à la presse.

Lors de son discours, Bernard Angelras, le président de l'IFV, ne l'a pas contredit. « Nous aurons une attention particulière vis-à-vis des vignerons bio. De nombreux foyers sont partis de chez eux. Le Pyrévert n'est pas rémanent et il coûte cher. Il n'est pas vraiment adapté à la lutte. Nous devons apporter des solutions aux producteurs bio qui sont de plus en plus nombreux », a-t-il déclaré.

Autre inquiétude des pépiniéristes : les plants importés

« Ils sont à l'origine de l'important foyer découvert l'an passé à Saint-Marcel-d'Ardèche », ont-ils affirmé. Ils demandent donc aux autorités de renforcer leurs contrôles sur le matériel étranger importé en France. À ce sujet, ils espèrent pouvoir organiser avec la DGAL une réunion courant 2018 avec les pays membres de l'Union en vue de dresser un état des lieux de l'application de la réglementation.

Vers une pénurie de greffons en Auvergne-Rhône-Alpes ?

L'Assemblée générale de la FFPV a aussi été marquée par l'intervention de la Fédération régionale de la pépinière viticole Auvergne-Rhône-Alpes. Dans cette région, la flavescence dorée explose. Tout nouveau déclassement d'une vigne mère de greffons serait dramatique pour l'approvisionnement des pépiniéristes. Dans la situation actuelle, ils pourraient déjà manquer de greffons de cépages savoyards comme la mondeuse, l'altesse et la jacquère, en 2018. Ils demandent donc l'autorisation de traiter à l'eau chaude les greffons prélevés sur les parcelles abritant des ceps malades. Juliette Auricoste leur a répondu qu'elle allait « travailler avec la FFPV afin de trouver une solution opérationnelle pour 2018 ». À suivre.

Intérêts communs

Les principaux représentants de la viticulture - Jérôme Despey, Jean-Marie Barillère, Bernard Angelras et Denis Carretier - ont participé au congrès des pépiniéristes. Preuve que les deux secteurs marchent main dans la main pour de nombreux dossiers. Jérôme Despey, président du conseil des vins de FranceAgriMer, s'est engagé à soutenir la demande des pépiniéristes de bénéficier des aides OCM pour moderniser leur outil de production. Il va également oeuvrer pour qu'ils entrent au fonds national de mutualisation du risque sanitaire et environnemental. Ils seraient alors indemnisés des pertes en cas de mise en quarantaine d'une vigne mère.

Des chiffres bien orientés

Le parc de vignes mères est en légère croissance. Cette année, il atteint 3 713 ha, soit une hausse de 1,5 % par rapport à 2015-2016. Celle-ci résulte du développement du parc de vignes mères de porte-greffes qui atteint 2 203 ha (+ 3,9 % par rapport à 2015-2016) alors que le parc de vignes mères de greffons se stabilise à 1 509 ha. « La filière redynamise son potentiel de production. C'est un signal fort », indique satisfait Pierre-Denis Tourette, le secrétaire général de la FFPV.

Les mises en oeuvre 2017 sont aussi en hausse : 232 millions de plants, soit 3,1 % de plus que l'an passé. « Avec ces mises en oeuvre, on va pouvoir répondre à la demande », assure Pierre-Denis Tourette. Les taux de reprise sont bons. « Il n'y a pas eu d'accident majeur excepté pour le porte-greffe 41 B qui a subi des gelées », rapporte-t-il.

Une marque collective en gestation

La FFPV a annoncé la création prochaine d'une marque collective nationale de plants de vigne baptisée Origine France. Celle-ci pourra être exploitée par les pépiniéristes qui respecteront le cahier des charges correspondant. Elle sera assortie d'une certification délivrée par un organisme indépendant. La filière travaille à l'élaboration de son cahier des charges et à un plan de contrôle. Parmi les exigences : les bois devront être de sélection française, les greffons et porte-greffes cultivés en France et les plants produits en France. Une entreprise pourra être certifiée pour tout ou partie de sa production. Le pilotage de la marque sera assuré par les pépiniéristes mais avec une gouvernance qui intégrera des sélectionneurs, des viticulteurs et des représentants des pouvoirs publics.

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