Tout est faux... Vous n'allez pas continuer ? Oubliez-moi ! », s'emporte Yanka Ferrer, avant de raccrocher. Son négoce de Libourne, Signes de Terres, fait l'objet d'une enquête. Il est soupçonné d'avoir transformé des vins en vrac languedociens en AOC bordelaises. Découverte en 2014 à la suite d'un contrôle des Douanes, la fraude concernerait les plus grands noms de la place de Bordeaux. Parmi les acheteurs de vins languedociens transformés en AOC girondines figureraient notamment le groupe Castel, les Grands Chais de France, les Grands Vins de Gironde et même le Cellier vinicole du Blayais, filiale de Tutiac.
Le mécanisme de la fraude ? Après l'achat d'un lot de vrac par Signes de Terres, un premier DAE annonçait une adresse de livraison factice. C'est en cours de livraison que le transporteur était réorienté vers le client final. Un deuxième DAE était alors délivré, stipulant le même volume transporté que le premier, mais une autre qualité. Après ce tour de passe-passe, le lot affichait une nouvelle appellation, voire un autre millésime.
La fraude concernerait 4 200 hl, entre 2012 et 2014, dont 1 300 hl de vin transformés en bordeaux, 700 hl en bordeaux supérieur, 700 hl en pomerol, 600 hl en margaux, 350 hl en pauillac et 100 hl en saint-julien. Le tout à partir d'IGP Pays d'Oc ou de vins de France, achetés pour leurs cépages bordelais et leurs coûts bien moindres.
Le 6 décembre, alors qu'il n'y avait aucune trace d'une procédure judiciaire à l'encontre de Signes de Terres, la Confédération Paysanne de Gironde demandait à l'interprofession (CIVB), à la Fédération des grands vins de Bordeaux et aux appellations victimes de cette fraude de déposer plainte. Cet été, la société de Sandrine Yanka Ferrer a notifié sa cessation d'activité rétroactive au 31 décembre 2015.