Le marché foncier s'active à Châteauneuf-du-Pape. Selon la Safer, 160 ha se sont vendus cette année contre 19 ha en 2016 et 53 en 2015. Pour quel montant ? 407 730 €/ha, en moyenne, soit une augmentation de 5,4 % par rapport à l'an passé et 8 % de plus qu'en 2015.
Au total, sept domaines ont trouvé acquéreurs contre trois en 2016. « Nos vins sont connus dans le monde entier, justifie Thierry Usseglio, président de l'ODG. Notre vignoble attire des opérateurs extérieurs d'autant que certains secteurs du Bordelais ou de Bourgogne deviennent inaccessibles. »
Si les vignerons s'en félicitent, ils s'en inquiètent également. « À ces tarifs, transmettre nos entreprises à nos enfants devient mission impossible, déplore Julien Cellier, vigneron au domaine des 3 Cellier. À terme, nos exploitations courent le risque de partir dans des mains étrangères. »
« Notre présence empêche les prix de s'enflammer », tempère Fabrice Triep-Capdeville, le directeur de la Safer Vaucluse. Cette année, elle a acquis 19,3 ha de vignes mis en vente par un coopérateur. « Nous nous sommes engagés à racheter la propriété au prix de 8,4 millions d'euros, soit 434 500 €/ha pour les vignes, commente le responsable. Notre intervention a limité l'inflation et a offert des opportunités de développement à des vignerons locaux. » La Safer a revendu 8 ha à deux jeunes en cours d'installation et a rétrocédé 6 ha à la cave coopérative. Les 5 ha restant ont permis à une exploitation voisine de s'agrandir.
Lors d'une conférence de presse le 23 novembre, la Safer a tenu à faire taire une rumeur selon laquelle le domaine de Nalys se serait vendu 50 millions d'euros, en juillet, à la maison Guigal d'Ampuis. « Non, l'hectare de vigne à Châteauneuf-du-Pape ne se vend pas au-dessus de 450 000 € », a assuré Jean-Louis Canto, président du comité technique de la Safer Vaucluse.