Lutte antigel Avec les bougies, le coût flambe

Protection du vignoble Les tours antigel et les hélicoptères coûtent bien moins cher à l'utilisation que les bougies. L'aspersion d'eau se situe entre les deux.

Anastasia Rocque, spécialiste de la lutte contre le gel de printemps à l'assemblée permanente des chambres d'agriculture, a calculé le coût de la lutte contre ce fléau. Elle a présenté ses résultats le 31 janvier lors des rencontres viticoles d'Aquitaine, au lycée de Blanquefort (Gironde). La technicienne a rapporté le coût de chaque type de protection au litre de vin, dans le cas d'un rendement de 50 hl/ha et de trois nuits de protection.

Les tours et les hélicoptères comptent parmi les solutions les moins chères, selon ses calculs. Fixes ou mobiles, les tours sont très efficaces lors de gelées blanches. Les modèles fixes protègent jusqu'à 5 ha par -4 °C avec des vents inférieurs à 10 km/h. Leur mise en oeuvre dans ces conditions coûte 0,21 €/l quand les tours mobiles coûtent 1 centime de moins, tout en protégeant une plus petite surface.

Tout aussi efficace en cas de gelée blanche, un hélicoptère protège 20 à 25 ha en passant toutes les dix à vingt minutes. « En vol, il rabat au sol l'air chaud qui est en altitude et vide les bas-fonds de l'air froid accumulé », explique la technicienne. Coût de revient : 0,18 €/l. Mais les contraintes sont nombreuses : pour les vols de nuit, le pilote doit disposer d'un permis spécial et il faut une autorisation de faire du bruit pour la protection des cultures.

L'aspersion d'eau coûte plus cher : 0,27 €/litre. Mais c'est la solution la plus efficace car elle permet de lutter contre les gelées blanches, noires et advectives. « En gelant, l'eau dégage une chaleur qui maintient le bourgeon à zéro degré. Cette protection est efficace jusqu'à -7 C° », explique l'experte. En termes d'investissement, il faut compter de 8 000 à 14 000 €/ha HT. Cette protection consomme beaucoup d'eau : 40 m3/ha/h en moyenne, ce qui peut gêner la reprise des travaux viticoles. Et avant l'installation, « des études d'impact environnemental doivent être menées. Je connais des demandes réalisées en 2016 qui en sont toujours au traitement de leur impact sur la faune et la flore », rapporte l'experte.

Traditionnelle, la protection par les bougies est aussi la plus chère. Efficaces jusqu'à -4 C° pour tous types de gel, les bougies sont surtout adaptées aux petites parcelles. Il en faut 400/ha pour 20 heures de manutention. Soit 2 500 €/ha et 0,49 €/l. « Le coût de revient est très élevé si les gelées sont fréquentes », appuie Anastasia Rocque.