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DOSSIER - BIOCONTRÔLE PREMIERS RETOURS DU TERRAIN

Biocontrôle Premiers retours du terrain

PAR CHRISTELLE STEF - La vigne - n°306 - mars 2018 - page 18

En 2015, le gouvernement a créé les produitsde biocontrôle qui comptent pour zéro dans le calcul de l'IFT. Deux de ces produits se distinguent par leur efficacitéet leur simplicité d'emploi : les phosphonates et le soufre. Le point sur cette nouvelle offre de fongicides.
TRAITEMENT AU SOUFRE Cette matière active est plébiscitée car elle est bon marché, efficace et sans risque de résistance. Elle est utilisable en bio . © C. WATIER

TRAITEMENT AU SOUFRE Cette matière active est plébiscitée car elle est bon marché, efficace et sans risque de résistance. Elle est utilisable en bio . © C. WATIER

« Limocide est un produit facile d'emploi et efficace. »      Rémy Dupret, viticulteur à Vauvert, dans le Gard.

« Limocide est un produit facile d'emploi et efficace. » Rémy Dupret, viticulteur à Vauvert, dans le Gard.

JEAN LITOUX, DE SYNGENTA,  vante les mérites du Cos-Oga lors d'une visite d'essais. ©  C. STEF

JEAN LITOUX, DE SYNGENTA, vante les mérites du Cos-Oga lors d'une visite d'essais. © C. STEF

« J'ai fait cinq Messager.La pression n'étaitpas très élevée.Le résultat futtrès satisfaisant. »      Arnaud Margaine, viticulteur à Villers-Marmery, dans la Marne

« J'ai fait cinq Messager.La pression n'étaitpas très élevée.Le résultat futtrès satisfaisant. » Arnaud Margaine, viticulteur à Villers-Marmery, dans la Marne

PHOSPHONATES

Une valeur sûre

Après le soufre, les phosphonates purs sont les produits de biocontrôle les plus prisés des viticulteurs. Deux de ces antimildious sont disponibles : LBG-01F34, commercialisé par De Sangosse, et Redeli, de Syngenta. Tous deux s'emploient avec des produits partenaires. Leur utilisation a doublé entre 2015 et 2017. L'an dernier, ils ont représenté près de 6 % du marché des antimildious qui se situe entre 5 et 6 millions d'hectares déployés selon les années. Leader de cette famille en raison de son ancienneté, « LBG couvre environ 250 000 ha », indique Johanna Sigel, chef de marché vigne chez De Sangosse. Ce produit est aussi vendu sous les marques Étonan et Pertinan.

Les phosphonates s'intègrent dans les programmes comme des produits conventionnels. Pas besoin de faire preuve d'une technicité particulière pour les employer. « Nous sommes les premiers à avoir référencé LBG en Gironde. Depuis le début, nous sommes convaincus de son efficacité », indique Éric Capredon, chez Euralis. Ce distributeur recommande LBG dès le début des programmes, avec un partenaire à base d'une ou deux matières actives « en fonction du risque ».

En réalité, les phosphonates appartiennent à la même famille chimique que le fosétyl-Al. En les associant au folpel, on recompose en quelque sorte du Mikal et, avec du mancozèbe, du Rhodax. Deux produits connus de longue date pour leur efficacité.

Mais on peut associer les phosphonates à d'autres matières actives. À l'Union agricole du Pays de Loire (UAPL), Romain Dandois exploite cette liberté. Pour répondre aux attentes de ses clients qui ne veulent plus de CMR, il leur conseille d'ajouter du cuivre ou du métirame à LBG. Le résultat est « un fongicide aussi efficace qu'un conventionnel, poursuit ce distributeur. Grâce à sa systémie, il est intéressant en début de campagne - lorsque la pousse de la vigne est active - ou en fin de programme pour protéger les pointes du mildiou mosaïque. »

Pascal Maran, d'Océalia, en Charente, confirme l'efficacité des phosphonates. « Avec LBG, les viticulteurs n'ont jamais été déçus. Chez nous, quatre hectares sur dix reçoivent au moins une application de ce produit. On le préconise au printemps, dès le stade quatre à cinq feuilles étalées, jusqu'à la préfloraison. On l'associe avec le mancozèbe ou le métirame pour avoir une action sur le mildiou et le black-rot, ou avec le folpel si l'on veut renforcer l'efficacité contre le mildiou. On conseille aussi de l'appliquer à la fermeture de la grappe en association avec du cuivre. »

Rémy Dupret, viticulteur sur 60 ha à Vauvert, dans le Gard, utilise LBG depuis cinq ans. « Il offre un bon rapport qualité/prix. Il renforce l'immunité de la vigne contre le mildiou. Je l'ajoute à quasiment tous mes traitements contre cette maladie, ce qui me permet de diminuer les doses du produit associé. Ainsi, j'ai réduit mes IFT de deux ou trois points selon les années. »

Bien plus récent, Redeli est moins utilisé à ce jour mais il séduit aussi les viticulteurs. Le négoce PCEB, basé à Limoux (Aude), l'a référencé. « C'est un produit facile d'emploi, qui fonctionne bien et qui ne nécessite pas d'accompagnement particulier. Nous le recommandons plutôt en début de campagne, avant la floraison, en association avec un contact ou un pénétrant à dose réduite de 25 à 40 % selon le stade de la végétation », explique Charles Crosnier, responsable technique.

Viticulteur à Frontenas (Rhône) sur 14,5 ha, Yannick Debrun l'a essayé l'an passé pour la première fois. « Je l'ai positionné en dernier traitement avec une demi-dose de Frégate, un sulfate de cuivre. Je suis content du résultat car je n'ai passé que six antimildious contre sept habituellement. Je pense avoir gagné en rémanence avec Redeli, mais la pression du mildiou était modérée. Je vais continuer à le tester. » Un bémol toutefois : les phosphonates ne sont pas utilisables en bio. Le comité national de l'agriculture biologique les a exclus car ils sont obtenus par synthèse chimique.

ORANGE DOUCE

Utile pour éteindre le feu

Autre produit que les viticulteurs commencent à bien connaître : l'huile essentielle d'orange douce. C'est la matière active de deux produits : Limocide/Essen'ciel, de Vivagro, et Prev-Am Plus, de Nufarm. Tous deux sont homologués contre le mildiou, l'oïdium et, depuis peu, contre l'érinose, les cicadelles et les thrips.

Adeline Boulfray-Mallet, de la chambre d'agriculture d'Indre-et-Loire, les aborde avec prudence. Elle estime que leur emploi demande une certaine technicité et que leur efficacité est variable. « Ils sont utilisés les années de forte pression pour assécher les taches de mildiou ou d'oïdium. On les associe au cuivre en viticulture biologique. Leur efficacité dépend des produits que le viticulteur applique par la suite. Deux traitements successifs sont conseillés en présence de taches de mildiou », explique cette conseillère en viticulture.

Euralis a référencé Essen'ciel. « Il est surtout utilisé en urgence sur mildiou déclaré, car il a un effet asséchant sur les spores. Cet effet est net, mais fugace. Il ne dure que trois jours. Il faut donc appliquer un cuivre ou un produit de synthèse rapidement après Essen'ciel », indique Éric Capredon. Mais ce distributeur le plébiscite en début de campagne contre l'oïdium. « Par son effet asséchant, il réduit l'inoculum tout agissant sur l'érinose et les cicadelles. » Pour les mêmes raisons, dans le val de Loire, Romain Dandois le recommande pour les deux premiers traitements anti-oïdium dans les parcelles à historique, souvent en association avec 6 kg/ha de soufre mouillable. « Pour que son efficacité soit optimale, il faut une bonne luminosité », précise ce technicien.

Jean-François Guiet, viticulteur à Bougneau (Charente-Maritime), sur 17 ha, utilise Essen'ciel en début de programme. « Je travaille en face par face à bas volume. Avec le soufre, j'ai bouché des buses. Essen'ciel n'a pas cet inconvénient. J'en suis très content. Ce produit est efficace contre l'oïdium tout en ayant un effet sur le mildiou. Il permet aussi de contrôler l'érinose et j'ai même constaté un effet secondaire sur l'excoriose. L'an passé, j'ai appliqué Essen'ciel (0,4 l) lors de mes deux premiers traitements, d'abord avec Cuprofix (2,5 kg), ensuite avec Enervin (1,25 kg). » Rémy Dupret utilise Limocide depuis un an. « L'an passé, je l'ai appliqué à 0,3 l/ha au stade 1 à 2 feuilles étalées avec Microthiol à 1 kg/ha sur les cépages sensibles à l'oïdium comme la roussanne et le chardonnay. Cela nettoie l'inoculum en début de campagne. J'ai fait un autre traitement en fin de campagne pour stopper une attaque d'oïdium sur le chardonnay. Cette fois, je l'ai appliqué à 0,4 l/ha avec 0,3 l/ha de Safran et ça a bien fonctionné. Le feutrage gris des grappes a disparu. C'est un produit intéressant, facile d'emploi et efficace. »

ARMICARB

Il assèche l'oïdium

L'Armicarb contre l'oïdium ? « Non. Je ne l'ai pas référencé. On a déjà le soufre qui est efficace et moins cher », affirme un distributeur. « Il coûte trop cher », confirme un autre. Ce produit vaut en effet 78,50 €/ha (source : Coût des fournitures) à sa dose homologuée contre l'oïdium, soit plus du double d'un soufre. Malgré son coût, Euralis l'a référencé. « Nous le recommandons en début de saison au stade cinq ou six feuilles étalées pour réduire le stock d'inoculum ou en saison sur les symptômes déclarés. Lors d'une attaque avérée, il fonctionne bien. Il marche même mieux que le meptyldinocap », assure Éric Capredon. Ce distributeur précise qu'Armicarb est de plus en plus employé en deuxième partie de programme contre les attaques déclarées d'oïdium. À cette période, les utilisateurs bénéficient aussi de son effet contre le botrytis. À la chambre d'agriculture d'Indre-et-Loire, Adeline Boulfray-Mallet estime que le produit présente une efficacité variable mais « qu'il semble donner satisfaction pour son effet asséchant sur l'oïdium, en complément du soufre ».

Armicarb est homologué à 5 kg/ha contre l'oïdium. Mais De Sangosse le préconise à 3 kg/ha avec 2 kg/ha de soufre mouillable lorsqu'il est positionné en préventif. Sur une attaque déclarée, l'entreprise conseille 3 à 6 kg/ha.

COS-OGA

Efficace mais cher

L'an dernier, Syngenta a lancéBastid/Blason avec de gros moyens auprès de nombreux distributeurs. La firme mise beaucoup sur ce produit, identique à Messager de Jouffray-Drillaud. Bastid/Blason et Messager renferment 12,5 g/l de Cos-Oga. Il s'agit de fragments de sucre provenant de la carapace de crustacés (Cos) et de pectines de fruits (Oga). Ils stimulent les défenses de la plante. Bastid/Blason et Messager sont homologués contre le mildiou et l'oïdium mais pas contre le black-rot. Ils sont utilisés en préventif avec un produit partenaire, soit en début ou fin de programme. Et pour cause. « Même associés à des matières actives classiques, ces produits ont du mal à rivaliser avec les solutions conventionnelles en encadrement de floraison par forte pression de mildiou », prévient Pascal Maran, de la coopérative Océalia.

Ce conseiller a référencé Blason qu'il préconise à deux moments. D'abord, dès le stade deux ou trois feuilles étalées, en traitement strictement préventif, avec un antimildiou de contact à 70 % de sa dose et du soufre mouillable à 4 kg/ha. Puis juste avant la fermeture de la grappe comme dernier anti-oïdium, associé à du cuivre contre le mildiou. « À cette période, les grappes sont moins sensibles à l'oïdium. Blason seul permet de boucler le programme anti-oïdium et de faire l'économie d'un produit classique. Mais cette stratégie est valable uniquement si la pression de mildiou est modérée en fin de campagne. »

Ces produits sont chers : 48 €/ha selon le tarif 2018 des fournitures en viticulture et oenologie. « Pour qu'ils soient efficaces, il faut au moins deux applications successives espacées de huit à dix jours. À cela s'ajoutent les produits partenaires. Les viticulteurs sont réceptifs au biocontrôle mais pas à ce niveau de surcoût », déplore un distributeur.

Autre facteur de hausse des coûts : il faut commencer à traiter très tôt. « Contre le mildiou, Messager doit être appliqué quelques jours avant la première pluie contaminatrice si la vigne est réceptive. Cela diffère des stratégies actuelles où l'on intervient après cette pluie », indique un distributeur du Sud de la France.

Syngenta reconnaît que Bastid/Blason est cher. « Le Cos-Oga est extrait de produits naturels. Nous espérons que son prix baissera avec l'augmentation des ventes. Cependant, il ne faut pas oublier que le produit est mixte contre le mildiou et l'oïdium. Il faut donc le comparer à un mélange antimildiou-anti-oïdium. Dès lors, l'écart de prix est plus acceptable », précise Jean-Baptiste Drouillard, expert technique vigne chez Syngenta.

Ces considérations n'ont pas empêché Arnaud Margaine, viticulteur à Villers-Marmery, dans la Marne, de le tester l'an passé. « J'ai fait un premier traitement avec de la tisane d'osier puis cinq applications de Messager (Cos-Oga) à 2 l/ha avec du cuivre et du soufre à dose réduite, à dix jours d'intervalle. J'ai fait des passages successifs de Messager car son effet est cumulatif. La pression de mildiou et d'oïdium n'était pas très élevée. Le résultat est très satisfaisant. Je n'ai pas vu de maladies à la récolte et j'ai réduit les doses de soufre et de cuivre. »

Frédéric Verneuil, vigneron à Villars-en-Pons (Charente-Maritime) sur 30 ha, a testé Blason en 2017. Il l'a appliqué lors des deux derniers traitements, le 4 et le 14 juillet, avec 1 kg/ha de bouillie bordelaise. « Ce n'était pas le positionnement le plus judicieux, car nous avons subi des orages qui ont provoqué un développement de mildiou mosaïque, malgré ces traitements. Ces attaques n'ont pas eu d'incidence sur la récolte. Mais, cette année, je vais positionner Blason en début de campagne avec de la bouillie bordelaise et Elios. »

Son confrère Jean-François Guiet a appliqué Blason en juillet, juste avant la fermeture de la grappe, avec 2 kg de métirame. Après cela, il a positionné deux traitements au cuivre. « J'ai mis Blason pour économiser un IBS. Je ne suis pas mécontent du résultat mais la pression du mildiou était faible. Je vais le réutiliser cette année à la même période que l'an dernier pour avoir plus de recul sur son efficacité. »

Chez LVVD, après une première campagne d'utilisation, Xavier Besson « a l'impression que Messager maîtrise plus facilement l'oïdium que le mildiou ». Et pour se prononcer davantage sur l'intérêt de ce produit, il attend une année de plus forte pression de mildiou et d'oïdium que 2017.

CEREVISANE

Doit faireses preuves

Aymé Dumas, responsable technique d'Armbruster Vignes, un distributeur alsacien, a testé Roméo trois ans de suite au sein du réseau Étamines. Il s'agit d'un nouveau produit de biocontrôle de BASF homologué contre le mildiou, l'oïdium et le botrytis que la firme lance cette année. « Il est plus efficace contre le mildiou que contre l'oïdium. C'est donc contre le mildiou que nous allons le conseiller en priorité. C'est un produit intéressant, facile à utiliser.Et il est meilleur marché que le Cos-Oga », explique-t-il.

Au vu de ses essais, Armbruster Vignes avance prudemment. « En conventionnel, nous allons préconiser Roméo en début de programme avec un antimildiou à 75 % de sa dose. Mais seulement aux viticulteurs qui disposent d'un pulvérisateur au top. Nous contrôlerons leur appareil en début de campagne pour nous en assurer. Nous conseillerons aussi Roméo en fin de saison, sur des vignes saines et avec un antimildiou à 75 % de sa dose. »

Pour contrôler l'oïdium, l'expert distingue deux situations. « Les viticulteurs qui associent Roméo à un anti-oïdium haut de gamme comme Luna Sensation, par exemple, pourront réduire la dose de ce dernier de 10 à 15 %. En revanche, nous recommanderons d'employer à pleine dose les anti-oïdiums moins performants et sujets à des risques de résistance. »

BASF recommande Roméo en préventif, à la dose de 0,25 kg/ha, de préférence en début ou en fin de programme. Pour cette première campagne, elle ne conseille pas de l'utiliser contre le botrytis. Son prix pour l'utilisateur est de 38 euros à l'hectare. Roméo est homologué en bio.

Soufre Le premier produit de biocontrôle utilisé par les viticulteurs

 © C. WATIER

© C. WATIER

Le soufre a intégré la liste des produits de biocontrôle dès sa première parution en avril 2015. C'est de loin le premier produit de biocontrôle utilisé par les viticulteurs. Le soufre mouillable représente à lui seul 35 à 40 % du marché des anti-oïdiums lequel s'est situé entre 5 et 5,8 millions d'hectares déployés ces cinq dernières années. De plus, son utilisation augmente, particulièrement celle des formulations liquides car elles sont pratiques d'emploi et homologuées, pour les plus récentes d'entre elles, à faible dose. Moins utilisé, le soufre pour poudrage représente tout de même 4 à 5 % des hectares déployés. Il réapparaît un peu partout car il renforce les programmes en cas de difficulté de contrôle de l'oïdium. Pourquoi un tel plébiscite ? Le soufre est bon marché. Son efficacité n'est plus à démontrer. Il n'est pas sujet à des risques de résistance et utilisable en bio. Et il compte aussi pour zéro dans le calcul de l'IFT. En ajouter dans un programme permet donc de faire baisser l'IFT sans compromettre l'efficacité de la protection. Si on l'emploie seul, le traitement compte pour rien. Si on l'emploie avec un fongicide conventionnel à dose réduite, l'IFT est diminué d'autant. « Par exemple, l'an dernier, dès que Yaris (anti-oïdium à base de Xemium) est arrivé sur le marché, nous l'avons conseillé à une dose réduite de 20 % avec du soufre », illustre Xavier Besson, distributeur dans le val de Loire. Un tel traitement ne compte que pour 0,8 IFT. Autant de gagné pour montrer les efforts faits en faveur de l'environnement.

« Des produits plus difficiles à mettre en oeuvre »

Jean-Charles Nabera-Sartoulet, chef de culture du Château Beaumont,à Cussac-Fort-Médoc (Gironde), 110 ha de vignes ©L. WANGERMEZ

Jean-Charles Nabera-Sartoulet, chef de culture du Château Beaumont,à Cussac-Fort-Médoc (Gironde), 110 ha de vignes ©L. WANGERMEZ

«Depuis plus de quinze ans, nous avons à coeur de réduire notre impact sur l'environnement. En 2017, nous avons intégré le biocontrôle contre le mildiou, l'oïdium et la pourriture grise sur 6 ha de vignes peu vigoureuses. Notre distributeur, les établissements Touzan, nous a aidés. Les produits de biocontrôle sont plus difficiles à mettre en oeuvre que les produits classiques. Il faut être prêt à réagir. Le raisonnement est différent qu'en traitement conventionnel car on travaille avec des produits de contact. Le programme retenu reposait sur une base de cuivre et de soufre à laquelle nous avons ajouté les produits de biocontrôle pour augmenter leur efficacité. Nous avons ainsi débuté les traitements dès le stade 5 à 6 feuilles étalées, un peu avant la première pluie qui allait engendrer les contaminations primaires de mildiou. Nous avons commencé par deux traitements à base de bouillie bordelaise (0,2 kg), de soufre (4 kg) et de Vacciplant (laminarine, 2 l), un produit qui stimule les défenses de la plante. Ensuite, nous avons fait une application de Pertinan (2,5 l) + bouillie bordelaise (2 kg) + soufre (6 kg). Puis, nous sommes intervenus deux fois avec du Champ Flo (1,5 l) associé à du Pertinan (3 l) et du soufre (6 kg). Nous avons terminé par du Nordox seul (1 kg). Ce programme nous a pleinement satisfaits. Il a coûté 150 €/ha, avec un IFT de 3,4, alors que le programme classique nous a coûté 390 €/ha pour un ITF de 9,1. Mais la pression de mildiou et d'oïdium était faible à moyenne. Avant tout, nous apportons un grand soin à la prophylaxie. Nous veillons notamment à bien retirer les pampres qui peuvent servir d'échelle au mildiou. Nous voulons augmenter la part du biocontrôle dans des secteurs de la propriété plus sensibles aux maladies, dans le but de diminuer le recours aux produits de synthèse. Mais, dans l'immédiat, nous ne passerons pas tout le domaine au biocontrôle. »

Des programmes 100 % biocontrôle contre l'oïdium

THIERRY FAVIER,chef du service vigne de la CAPL.

THIERRY FAVIER,chef du service vigne de la CAPL.

En Provence, la CAPL propose un programme 100 % biocontrôle contre l'oïdium. « Si le viticulteur a subi une attaque d'oïdium l'année précédente, on lui recommande de démarrer dès le stade 2 à 3 feuilles étalées avec 2 kg de soufre associé à 2 kg d'Armicarb, puis de renouveler cette intervention au bout de 8 à 10 jours. Ensuite, on augmente les doses de soufre. On recommande un soufre solo à 8 kg. Au moment de la fleur on monte à 10 kg de soufre solo avec un poudrage à 25 kg. Après la fleur, on préconise de poursuivre avec trois traitements à base de soufre solo entre 8 et 10 kg ou 5 kg de soufre associé à du Limocide à 0,6 %. On termine par un poudrage à la fin de la fermeture de la grappe. À tout moment, on peut renforcer le soufre solo avec du Limocide qui est efficace sur d'autres parasites », détaille Thierry Favier, chef du service vigne de la CAPL. Selon lui, les programmes 100 % biocontrôle sont beaucoup plus difficiles à mettre en place pour lutter contre le mildiou. « Sur cette maladie, on peut aller jusqu'à 70 % de biocontrôle mais pas au-delà. Et, sur le black-rot, c'est impossible car aucun produit de biocontrôle n'est homologué et efficace contre cette maladie. »

Arysta va relancer Vacciplant

 ©L. WANGERMEZ

©L. WANGERMEZ

Vacciplant Fruits et Légumes est homologué depuis plusieurs années contre l'oïdium. Des distributeurs le testent mais il n'a jamais été vraiment commercialisé en vigne. Arysta, qui a racheté Goëmar, à l'origine de Vacciplant, souhaite le relancer pour la campagne 2020. À cette fin, l'entreprise travaille à définir le positionnement le mieux adapté. Vacciplant se compose de 45 g/l de laminarine, un stimuleur des défenses des plantes tiré d'algues marines.

Cet article fait partie du dossier BIOCONTRÔLE PREMIERS RETOURS DU TERRAIN

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