Dans un article paru en juin dernier dans Phytoma sur la résistance à des herbicides antigraminées( 1), une photo p. 35 légendée « ivraie » a pu dérouter des lecteurs hésitants quant à leurs habitudes de détermination de genres de graminées.
Cette photo représente la portion supérieure d'une inflorescence comprenant l'épillet terminal (avec sa fleur inférieure à l'anthèse) et l'axe principal, portant deux pédicelles pourvus chacun d'un épillet. D'après cette portion, l'ensemble de l'inflorescence se révèle environ trois fois plus longue que large et l'on peut imaginer son allure pyramidale.
Parmi les épillets, celui du milieu laisse deviner les glumes, de longueur comprise entre la moitié et les deux-tiers de celle des lemmes. Sur la photo, la partie visible de ces lemmes semble montrer une marge scarieuse large de la moitié (soit le quart de la largeur totale de la lemme si on imagine celle-ci à plat) ; ces lemmes sont dépourvues d'arête.
Habituellement, le terme d'ivraie s. l. (au sens large) correspond au genre Lolium L., incluant les ray-grass et les ivraies s.s. (au sens strict) parmi lesquelles une espèce connue pour sa toxicité justifie l'étymologie du mot « ivraie ». Chez le genre Lolium, selon tous les auteurs consultés pour l'Europe, les inflorescences sont des épis qui ont une grande glume (plus longue que les lemmes) orientée du côté opposé à l'axe principal (ou rachis) et l'autre glume avortée (en général complètement) du côté du rachis.
Ainsi, la photo ne représente pas une inflorescence d'ivraie ou Lolium, entre autres parce qu'elle n'est pas en épi. D'après les caractères visibles, c'est peut-être Festuca pratensis (ou « fétuque des prés »). Des hybrides intergénériques existent entre certaines espèces des genres Lolium et Festuca.
Les lecteurs souhaitant visualiser des inflorescences du genre Lolium peuvent consulter le site internet HYPPA, même si une certaine prudence est recommandée en l'absence de correction.
Daniel Chicouène Arbiotech, 35590 Saint-Gilles daniel.chicouene@orange.fr
<p>(1) <b>C. Délye & al.</b> - Vulpin et ivraies, détecter vite les résistances à certains herbicides blé. Phytoma n° 622-623, juin 2009, p. 33 à 37.</p>