En juin 2009, Phytoma évoquait la dispersion de Tuta absoluta (Meyrick) en France, pays où le ravageur est apparu en octobre 2008 (1). En février 2010, la revue signalait que ce micro lépidoptère était repéré sur pièges à phéromone dans deux nouvelles régions (2) : T. absoluta ne cesse de gagner du terrain. La société Koppert suit ce ravageur depuis le début de son invasion en France. Dès février 2009, elle s'est investie pour optimiser la stratégie de lutte. Une étude a été menée durant 6 mois dans le Sud-Est sur production de tomate par Émeline Feuvrier, élève ingénieur. Les objectifs étaient d'acquérir des références sur la dynamique spatio-temporelle du ravageur et de comprendre son comportement alimentaire. Il était intéressant, aussi, de pouvoir mesurer l'impact de différentes méthodes de lutte. Vu le grand nombre de données, une partie seulement des résultats est décrite ici.
Dans son aire d'origine, il est important de rappeler que Tuta absoluta est résistant à de nombreux produits phytosanitaires. Par ailleurs, l'expérience des pays voisins (Espagne, Algérie, Tunisie, Maroc) touchés avant la France par les dégâts de T. absoluta, montre que le seul recours à la lutte chimique est insuffisant.
Un ravageur difficile à combattre
C'est la combinaison de l'ensemble des méthodes de lutte qui pourrait le contenir. C'est pourquoi la lutte intégrée par l'utilisation d'insecticide homologué pour la lutte biologique, par la réalisation de lâchers d'auxiliaires, la lutte biotechnique avec la mise en place de pièges à phéromone sexuelle et la lutte physique (réalisation d'un vide sanitaire avec pose de filets) est à privilégier.
Déroulement de l'étude
Pour réaliser cette étude, 16 exploitations de culture de tomate sous abri ont été retenues dans les quatre bassins de production suivants : Berre-l'Étang (Bouches-du-Rhône, 13), Saint-Martin-de-Crau (Bouches-du-Rhône, 13), Avignon (Vaucluse, 84) et Pierrelatte (Drôme, 26). Les exploitations ont été choisies en fonction de la présence ou non de l'auxiliaire Macrolophus caliginosus et de la stratégie de lutte envisagée en début de campagne.
Les pièges et les trois types de suivi
Dans chaque culture, en début de suivi, des pièges Delta englués Deltatrap® ont été disposés à 1,2 m du sol et répartis de façon homogène dans la serre à raison de 4 par hectare (1 pour 2 500 m2) avec des capsules de phéromone sexuelle de T. absoluta (Pherodis®). Ces pièges ne capturent que les mâles. Ils permettent de suivre les populations de papillons.
Les capsules ont été renouvelées toutes les quatre semaines. Les plaques engluées des pièges étaient changées régulièrement pour éviter leur saturation.
Les observations dans les exploitations ont été réalisées de façon hebdomadaire. Trois types de suivis ont été menés :
– un suivi des pièges Delta englués,
– un suivi rapide global dans les cultures faiblement infestées,
– un suivi précis dans les cultures fortement infestées.
La réalisation de ces suivis dépendait de différents facteurs préalablement établis et définis selon les critères bien précis mentionnés ci-dessous.
Suivi des pièges Delta
Toutes les semaines (de la semaine 16 mi-avril à 31 début août), les pièges avec phéromone ont été contrôlés afin de dénombrer les mâles piégés ; l'emplacement des pièges avait été noté sur un plan ainsi que l'orientation des ouvrants.
Dès la présence d'un papillon piégé, un suivi rapide global de la culture était réalisé. Dans le cas contraire, l'observation s'arrêtait là.
Suivi rapide et global de la culture
Dès le premier adulte de T. absoluta piégé dans une serre, cinq rangs pris au hasard étaient observés dans celle-ci le jour-même puis toutes les semaines. Les plantes attaquées par au moins une mine étaient alors comptabilisées.
Le but de ce suivi rapide global était d'évaluer d'une part la répartition des dégâts dans la culture et d'autre part de déterminer la fréquence d'attaque (nombre de plantes avec dégâts – au moins une galerie sur feuille – sur le nombre de plantes total). Si la fréquence d'attaque constatée par le suivi rapide était supérieure à 5 %, on réalisait un suivi précis.
Suivi précis
Le suivi précis consistait à observer de manière hebdomadaire 10 plantes repérées par hectare choisies au niveau des foyers de dégâts et 30 plantes prises au hasard sur un hectare. Les 30 plantes prises au hasard étaient réparties de façon aléatoire selon les quatre points cardinaux : 5 au nord, 5 au sud, 5 à l'est, 5 à l'ouest et 10 plantes au centre de la serre de manière à obtenir une vision la plus représentative de l'ensemble de la culture. Pour chaque plante observée, le rapport du nombre de feuilles attaquées sur le nombre de feuilles total donnait l'intensité d'attaque exprimé en pourcentage. Par ailleurs, des notations portaient sur trois étages de feuilles délimités auparavant sur les plantes : l'étage supérieur, l'étage intermédiaire et l'étage inférieur. À chaque étage, une feuille était prise de manière aléatoire et le nombre de galeries, la présence de larves, leur nombre et le nombre de pupes étaient notés.
Le dénombrement des Macrolophus caliginosus, Nesidiocoris tenuis, Dicyphus sp (Hétéroptère : Miridae) était également relevé. Enfin, trois bouquets de fruits sur chaque plante étaient observés et les dégâts relevés.
Comparaison de quatre stratégies de lutte engagées
Vue l'étendue du territoire à suivre, ce sont 4 stratégies de lutte qui ont été répertoriées comme suit :
1) Stratégie dite témoin : « aucune intervention de protection » ; elle sera indicatrice de l'évolution des dégâts.
2) Stratégie dite lutte biologique « lâcher de M. caliginosus (2,5/m²) ».
3) Stratégie lutte intégrée « lâchers de M. caliginosus (2,5/m²) et traitements insecticides compatibles ».
4) Stratégie « lutte conventionnelle ».
Dans l'ensemble des exploitations il est à noter que le piégeage à l'aide de pièges à eau (Tutasan)+ phéromone a été mis en place avec en moyenne 25 pièges/ha sauf dans la stratégie témoin.
Résultats
Le nombre important de données obtenues au cours de cette étude fait l'objet d'un rapport impossible à présenter en totalité dans les pages de cet article.
Seuls les résultats les plus applicables en situation de production ont été retenus et mentionnés ci-après. Par ailleurs toutes les données n'ont pas encore été analysées, elles feront l'objet d'un autre travail d'étude.
Dynamique spatio-temporelle de la population de Tuta absoluta : des différences entre bassins de production
Nous avons effectué un suivi du nombre de T. absoluta piégés dans les pièges Delta sur l'ensemble des bassins de production. Dans tous, la mineuse est présente et le nombre de papillons piégés augmente au cours de la saison.
Dans la région de Saint-Martin-de-Crau (13), le nombre de papillons piégés va de 50 papillons en semaine 20 à 210 captures par piège en semaine 27.
En revanche, dans le bassin d'Avignon (84), le piégeage est moins important : de 4 captures par piège en semaine 20 à 17 par piège en semaine 27. Cependant un pic est observé en semaine 29 avec 137 individus sur une exploitation. Dans cette région, les exploitations sont relativement éloignées les unes des autres.
Pour la région de Berre-l'Étang, dès la semaine 23, le piégeage est important avec 202 individus par piège. L'évolution est globalement similaire à celle de Saint-Martin-de-Crau avec des populations importantes. Berre-l'Etang est un bassin à forte densité de production avec de nombreuses exploitations. Le potentiel de dissémination du ravageur est plus élevé de par cette proximité entre sites mais aussi de par un climat légèrement plus tempéré que dans les autres bassins de production. Cette hypothèse reste à confirmer.
C'est la région la plus au nord, Pierrelatte, qui présente les niveaux de captures les plus faibles avec 8 individus en semaine 24 pour atteindre 144 individus en semaine 29 dans une seule exploitation.
Impact significatif du changement des capsules de phéromone
Compte tenu du fort piégeage et des variations remarquées, une étude statistique a été réalisée pour mesurer l'impact du changement des capsules de phéromone. En effet, l'échantillon étant grand (n = 390), les données sont normales. Un test de Student sur données appariées révèle que le nombre de papillons piégés semaine t+1 est significativement supérieur au nombre de papillons piégés en semaine t (p-value = 5,38*10-5) (Figure 1). Cela signifie qu'après chaque changement de capsule de phéromone, une augmentation significative du piégeage est observée dans la semaine qui suit, et que le piégeage est semblable les autres semaines.
Une répartition de l'insecte bien définie dans la serre
L'analyse des relevés des pièges a permis de mettre en évidence des différences statistiquement significatives sur l'intensité de piégeage en fonction de la localisation des pièges dans les abris. En effet, le test de Wilcoxon (logiciel R) unilatéral sur données appariées montre que l'intensité de piégeage des pièges situés à l'ouest est significativement supérieure à celle des pièges situés à l'est (V = 7601, p-value= 0,0005348) (Figure 2).
De plus, les premiers dégâts ont tous été observés au niveau des parois.
Enfin, cent pour cent des premiers dégâts se situent au nord de la serre et, plus précisément, 92 % sur la paroi nord-ouest des abris. Le nombre de papillons piégés augmente au cours des semaines en fonction des bassins de production et des températures qui augmentent.
Ainsi, au cours de la semaine 24, les températures moyennes journalières ont dépassé 22 °C, on a noté une forte intensité de piégeage ainsi que l'apparition des premiers dégâts contre les parois au nord et à l'ouest des abris.
Un comportement alimentaire changeant, Tuta absoluta serait-elle capricieuse ?
Les résultats présentés ici ont été calculés sur les 30 plantes prises au hasard. Seules les plantes attaquées ont été prises en compte pour le calcul du pourcentage d'attaque pour chaque étage chaque semaine et chaque culture (soit 558 données). Les observations et l'analyse des résultats ont permis de mettre en évidence des différences significatives sur le comportement alimentaire de T. absoluta (Figure 3).
Cependant, de par leur mode de vie, les larves peuvent quitter leur galerie à chaque mue pour aller en creuser une autre sur la même foliole ; elles intensifient de ce fait les dégâts sur feuilles. C'est pourquoi le pourcentage moyen d'occupation des galeries par les larves a été évalué. Le résultat ainsi obtenu de 21,58 % de galeries occupées signifie dans nos observations, que seulement une galerie sur 4,87 était habitée. Il est possible d'en déduire que l'importance des dégâts sur une même foliole n'est donc pas forcément liée à la population.
Pourtant, la comparaison des dégâts sur feuilles entre les différents étages de la plante réalisée par des tests statistiques (Shapiro, Kruskal Wallis, Wilconxon) montre que :
– les 558 données ne suivent pas une distribution de loi normale ;
– les attaques sur l'étage inférieur sont significativement supérieures aux attaques de l'étage intermédiaire ;
– les attaques sur l'étage intermédiaire sont significativement supérieures aux attaques sur l'étage supérieur.
De plus, une relation entre la fréquence d'attaque de la culture et la localisation des dégâts sur la plante a pu être mise en évidence. Enfin, les résultats de la figure 3 peuvent être mis en relation avec le tableau de risque d'attaque encouru élaboré par Monserrat Delgado (tableau 2) qui classe les dégâts présents dans les cultures en 5 catégories.
Ainsi les résultats obtenus et analysés montrent que lorsque la fréquence de dégâts de la culture est inférieure ou égale à 5 % (niveau 1), seul l'étage inférieur est susceptible d'être attaqué. Lorsque cette fréquence se situe entre 5 % et 25 % (niveau 2), l'étage inférieur et l'étage intermédiaire des plantes sont susceptibles d'être attaqués. Enfin, lorsque celle-ci est supérieure à 25 % (niveau 3, 4 et 5), tous les étages de la plante sont susceptibles d'être attaqués.
Par ailleurs, la fréquence d'attaque identifiée par étage foliaire a donné une indication sur le taux de présence du ravageur. Il a pu être noté que les premiers dégâts sur fruits étaient apparus lorsque le niveau d'attaque de la culture était de 4-5. Suite à ces observations, un tableau synthétique indicateur a pu être élaboré (Tableau 3).
Discussion
Intérêt et importance des pièges Delta englués
Au vu des résultats, la stratégie établie en 2009 par Koppert France en début de campagne semble être adaptée. En effet, la mise en place de 4 pièges Delta/hectare permet de voir de manière pertinente l'évolution de la population d'adultes de T. absoluta dans la culture.
Le suivi régulier des pièges (monitoring) donne une bonne indication au conseiller agronome sur l'évolution des populations et des risques encourus, permettant ainsi d'intervenir rapidement.
Il est important de noter que l'intensité du piégeage dépend des températures extérieures. Ainsi, à l'approche de l'été, il convient de surveiller davantage la population du ravageur surtout lorsque les températures moyennes hebdomadaires sont supérieures à 22 °C.
Les parois ouest, nord et principalement nord-ouest des cultures doivent être suivies avec une grande attention. En effet, dans notre étude, les premiers dégâts sont apparus en majorité dans ces zones.
Ainsi, il est conseillé de disposer au moins un piège Delta dans ces parties des abris afin de détecter plus rapidement l'apparition des premiers adultes dans la culture.
Les travaux de Monserrat Delgado (Chambre d'agriculture de la région de Murcia), montrent que c'est environ quinze jours à trois semaines après le piégeage qu'on peut observer les premiers dégâts.
Un comportement alimentaire changeant
Durant cette étude, il a été observé que, lorsque le niveau de piégeage était bas, les dégâts étaient faibles et principalement localisés sur la partie inférieure des plantes. Puis, au fur et à mesure que la fréquence d'attaque de la culture augmentait, les dégâts devenaient visibles sur l'étage supérieur et l'observation des pontes était plus facile et régulière. Enfin, dès que la fréquence des dégâts dépassait 70 %, les larves attaquaient les fruits, les tiges et les apex.
Une hypothèse peut être émise : il semblerait qu'en fonction de la densité de la population l'insecte change de comportement alimentaire et qu'il s'attaquerait plus rapidement aux jeunes fruits verts, hypothèse à confirmer. Il a été également remarqué que certaines variétés de tomate paraissaient être plus attractives. Des suivis précis pourraient permettre de valider cette théorie.
La lutte biologique réussie
Les lâchers de M. caliginosus dans la lutte contre T. absoluta est un succès.
Nous présentons, figure 4, l'évolution des populations du ravageur en présence de la miride prédatrice M. caliginosus. La courbe de piégeage augmente au fil du temps : de 17 papillons en semaine 26 à plus de 60 la semaine suivante. Cependant à partir de la semaine 23, plus aucun dégât n'est observé dans la culture. Le nombre de M. caliginosus augmente régulièrement, permettant ainsi le contrôle du ravageur jusqu'à la fin de la campagne. Il faut noter que 4 traitements à base de Bacillus thuringiensis réalisés contre des noctuelles ont eu un effet visible sur les larves de T. absoluta (lépidoptère comme les noctuelles) sans affecter M. caliginosus.
Nous mettons en évidence dans le cadre de notre étude, après analyse des différentes situations, que M. caliginosus permet de contenir les populations s'il est lâché de façon précoce. Ceci confirme l'étude de prédation réalisée par Urbaneja, en 2009, qui a montré qu'un M. caliginosus peut consommer jusqu'à 30 œufs par jours de T. absoluta. Il est également capable de consommer les 4 stades larvaires mais préfère le premier et le second stades (Urbaneja, 2009).
Mais attention, l'équilibre est fragile dans la maîtrise de T. absoluta. En effet comme illustré dans la figure 5, le choix d'un produit phytosanitaire est essentiel. C'est même un élément majeur dont il faut tenir compte dans la gestion de T. absoluta. Une application d'acrinathrine (Orytis) réalisée en semaine 25, a fait chuter la population de M. caliginosus laissant la porte ouverte à T. absoluta. La fréquence d'attaque augmente alors de façon très significative et il faudra environ 3 semaines pour que la population de M. caliginosus se reconstitue. Pendant ce temps, avec une fréquence d'attaque qui atteint 100 % en semaine 31, les fruits sont touchés, engendrant une perte économique.
Conclusion
De par la multitude des situations observées et les nombreuses données engrangées, il n'a pas encore été possible de tout analyser. De même, le caractère d'observation et non d'expérimentation de cette étude a nécessité une constante adaptation – donc modification – du protocole lors de notre suivi.
Néanmoins, ce suivi dans 16 cultures de tomate du sud de la France a permis de mettre en lumière des résultats qui n'avaient encore jamais été présentés, en particulier la localisation des premiers dégâts sur des cultures, la fréquence d'attaque et le pourcentage de dégâts sur les plantes.
Une stratégie de lutte à confirmer pour 2010
Il convient de mettre l'accent sur les mesures prophylactiques avant plantation dans les zones contaminées plus particulièrement. Les abris doivent être nettoyés entre chaque cycle de culture et les résidus doivent être détruits. Par ailleurs, un vide sanitaire de 4 à 6 semaines doit séparer l'arrachage d'une culture et la nouvelle plantation afin que les derniers adultes émergent des pupes tombées au sol.
Mais dans tous les cas et quelle que soit la région, les pièges Delta doivent être mis en place afin de détecter les premiers adultes. Un suivi régulier est primordial. Dès les premiers piégeages, 25 pièges à eau par hectare doivent être installés et une surveillance hebdomadaire des cultures doit être réalisée.
Il est indispensable de privilégier en début d'infestation ou en début de culture une vigilance accrue en particulier dans la zone proche des parois nord-ouest de la serre, zone d'apparition des premiers dégâts.
L'introduction de M. caliginosus doit être réalisée de façon très précoce et, si possible, directement en pépinière afin que les auxiliaires soient suffisamment présents dans la culture avant l'arrivée du ravageur. La phase d'installation de M. caliginosus requiert en effet du temps.
Accompagner M. caliginosus
Par ailleurs, Nesidiocoris tenuis, miride phytophage naturellement présente dans le Sud-Est doit bénéficier d'une gestion raisonnée afin que son action sur T. absoluta puisse accompagner celle des M. caliginosus en cas de forte attaque du ravageur. Cependant sa nuisibilité doit être étroitement surveillée. L'arrivée bien que tardive de Dicyphus sp. permet également d'aider au contrôle du ravageur.
À l'heure de la rédaction de cet article, un nouveau produit phytosanitaire à base de spinosad ayant démontré son efficacité dans d'autres pays, aurait obtenu une homologation en France pour lutter contre T. absoluta (Dow Agrosciences). C'est une solution supplémentaire pour la gestion du ravageur. Néanmoins, il est important d'en limiter le nombre d'applications afin d'éviter l'apparition de résistance.
Enfin, de nouveaux auxiliaires sont étudiés par des centres de recherche et proposés par les fournisseurs d'auxiliaires. Il s'agit de trichogrammes, parasitoïdes d'œufs de T. absoluta. De nouvelles solutions biologiques, basées sur des lâchers d'ennemis naturels indigènes, sont donc attendues pour cette campagne 2010.
Pour conclure, ce petit lépidoptère qu'est T. absoluta mérite une attention soutenue et une vigilance stricte. C'est l'ensemble des méthodes de lutte qui permettra de maîtriser les populations.
Des équipes unies contre Tuta absoluta
En 2010, la société Koppert France continue le suivi des populations. Une nouvelle étude a débuté en février pour une durée de 7 mois.
Par ailleurs, suite à la rencontre annuelle des expérimentateurs en protection intégrée sur les cultures légumières sous abri, en décembre 2009, animée par le Ctiflde Balandran, un groupe de travail spécifique T. absoluta s'est constitué dans le Sud de la France en 2010. Il a pour but, dans un premier temps, de proposer et mettre en commun une méthode de suivi et d'observation des populations à la fois du ravageur et des auxiliaires dans les cultures. Ce groupe est composé de divers organismes : CtiflBalandran, la Sonito, Biotop, INRA Alenya, APREL, Koppert France, Service régional de l'alimentation et de la protection des végétaux de Provence-Alpes-Côte-d'Azur, le GRAB, Chambre d'Agriculture des Bouches-du-Rhône.
<p>* Koppert France, Département Recherche et Développement, responsable secteur Macro-organismes. 147, avenue des Banquets, 84300 Cavaillon.</p> <p>** Koppert France, stagiaire fin d'études ingénieur agronome spécialisation Protection des plantes et de l'environnement Montpellier SupAgro.</p> <p>(1) Phytoma n° 622-623, juin 2009, p. 3.</p> <p>(2) Phytoma n° 631, février 2010, p. 44.</p>
Rappel sur Tuta absoluta (Meyrick) et mise à jour de sa dispersion
Tuta absoluta est un lépidoptère ravageur des solanacées présent en culture de tomate aussi bien sous abri qu'en plein champ. Cité pour la première fois en Amérique du Sud en 1935, il ne cesse de progresser : il a été identifié au Japon en 1983, en Espagne en 2006, au Maroc, Tunisie, Algérie, France (sud) et Italie en 2008 et, enfin, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Albanie, Portugal, Suisse et France Nord en 2009.
Son cycle de développement se décompose comme suit. Le stade adulte qui mesure 7 mm de long, un stade œuf ovale de 0,36 mm de long sur 0,22 mm de large de couleur crème, 4 stades larvaires mesurant de 6 mm à 8 mm et le stade nymphal de 4 à 5 mm de longueur dont la chrysalide est de couleur brune. La durée de développement de T. absoluta varie en fonction des températures et peut évoluer au cours d'une saison (Tableau 1), c'est pourquoi son contrôle est délicat.
C'est la larve qui occasionne des dégâts en creusant des galeries dans les feuilles, tiges et fruits des plantes engendrant d'importantes pertes économiques (photo). La forte capacité reproductive des adultes (12 générations/an) ainsi que leur rapidité de propagation à travers le monde, en ont fait le sujet de préoccupation majeur en France pour l'année 2009 en culture de tomate.
Figure 1 - Impact du changement d'une capsule de phéromone : comparaisons statistiques du nombre de papillons piégés. Soit t la semaine où la phéromone a été mise en place et t+n dont n = nombre de semaines.
Figure 2 - Intensité de piégeage selon l'emplacement des pièges (nord-ouest/sud-est/sud-est/nord-est).
Figure 3 - Répartition des dégâts par étage foliaire des plantes en fonction du niveau d'attaque de la culture.
Figure 4 - Comparaison de la fréquence d'attaque et du nombre de mirides au cours du printemps 2009.