La tordeuse orientale du pêcher, déjà plus très orientale car acclimatée en France depuis presque 90 ans, est de moins en moins « du pêcher ». Elle se comporte en ravageur émergent des fruits à pépins (pommes, poires, coings) ainsi que de l'abricot, même si elle est aussi en recrudescence sur pêcher. Pourquoi cette émergence-recrudescence constatée depuis 2003 ? Comment y faire face ? Pour le savoir, il faut se baser sur une bonne connaissance de la biologie de l'espèce, y compris la façon dont elle évolue en s'adaptant à ses nouveaux hôtes. Nous présentons ici une synthèse bibliographique et nos observations récentes sur cette biologie, complétées par un point sur la résistance du ravageur aux insecticides et par un aperçu sur les nouvelles méthodes de protection.
La tordeuse orientale, Cydia molesta Busk, est un lépidoptère dont la larve s'attaque aux pousses et aux fruits de son hôte d'origine, le pêcher. Connue initialement pour migrer en fin de saison sur les fruits mûrs de pommiers et poiriers, elle a récemment acquis en Italie la capacité à effectuer la totalité de son cycle sur monoculture d'arbres fruitiers à pépins. Cette adaptation s'observe aussi depuis quelques années en France. Elle est en lien probable avec le remplacement progressif de la lutte chimique non spécifique contre le carpocapse des pommes (principal ravageur des pommiers en zones tempérées) par des moyens de lutte plus ciblés.
La protection contre la tordeuse orientale nécessite souvent l'application de plus de 10 traitements annuels, qui ne garantissent pas toujours l'absence de dégâts(1). Ces échecs de protection pourraient être attribuables à l'acquisition de résistances aux insecticides, cas déjà observé pour des populations nord-américaines de ce ravageur(2).
Le contrôle de ce ravageur en pleine évolution passe par une meilleure connaissance de sa biologie. Elle permettrait un meilleur positionnement des interventions dans le temps, avec pour conséquences attendues une efficacité accrue et une réduction du nombre des traitements ainsi que de leurs effets secondaires.
La biologie
Que sait-on, donc, sur la biologie de Cydia molesta ? Originaire du nord-ouest de la Chine, la tordeuse orientale fut introduite en France en 1922. Son régime polyphage lui a permis de se répandre rapidement dans toute l'Europe. En effet, elle attaque aussi bien les Amygdalées que les Pomacées. Elle est connue pour se développer sur pêcher, amandier, cerisier, prunier, abricotier, poirier, cognassier, pommier, néflier, cotonéaster et rosier(3).
Ce qu'on sait du cycle
Son impact est d'autant plus important qu'elle fait plusieurs cycles par an. Dans le sud de la France, elle fait en général 4 générations, sachant que la troisième comporte déjà une certaine proportion de larves entrant en diapause. Du fait de ce développement rapide et des variations microclimatiques dans un verger, plus la saison avance plus les générations se chevauchent, ce qui rend la lutte chimique difficile.
Par ailleurs, les déplacements cumulés de l'adulte s'élèvent en moyenne à 3,85 km pour les femelles et à 1,45 km pour les mâles par individu. Ces grandes distances favorisent une dispersion rapide du ravageur(4).
Les premiers papillons émergent de fin mars à mi-mai, et les femelles, dont la fécondité moyenne s'élève à 200 œufs, pondent tout d'abord sur les feuilles et les tiges puis sur les fruits plus tard dans la saison.
À l'éclosion, les larves néonates ont un stade baladeur durant lequel elles vont chercher le substrat où s'alimenter. La perforation du végétal (pousse ou fruit) a lieu à proximité de la ponte, et le forage dure de une heure et demie à 3 heures, après quoi la larve n'est plus accessible aux traitements chimiques.
Les chenilles de première génération attaquant les pousses peuvent en miner plusieurs avant d'atteindre leur développement complet, et sont donc vulnérables à chaque sortie de la plante. Comme pour le carpocapse des pommes, ces phases d'exposition de courte durée imposent un ciblage précis des traitements, basé sur une bonne connaissance de la biologie de l'insecte couplée à une surveillance des populations.
Symptômes visibles sur feuilles, dégâts sournois sur fruits
Les pénétrations multiples dans les pousses amplifient les symptômes de flétrissement en début de saison. En revanche les dégâts sur fruits sont difficilement détectables lorsque l'entrée se fait au niveau du pédoncule. Une fois l'épiderme perforé, les larves pénètrent profondément dans les fruits. Les pêches peuvent alors être sujettes à des attaques secondaires de Monilia fructigena ; les larves se développent en circonvolution autour du noyau, pouvant même pénétrer dans l'amande si les parois en sont fendues.
À l'inverse du carpocapse, plusieurs chenilles peuvent cohabiter dans un même fruit. Ainsi, des coings abritant une vingtaine d'individus ont été observés.
La diapause, un stade primordial
En période de repos végétatif des cultures, la tordeuse orientale, comme les autres arthropodes vivant en régions tempérées, connaît un arrêt de développement lui permettant de jeûner et de résister aux très basses températures hivernales (jusqu'à –20 °C).
Cette diapause, facultative, est induite majoritairement par le raccourcissement de la photopériode. En photopériode 12 heures jour/12 heures nuit, tous les insectes entrent en diapause. Les températures et les facteurs alimentaires jouent aussi un rôle dans ce phénomène ; ainsi la prise de nourriture sur fruit mûr favorise-t-elle l'entrée en diapause.
L'insecte réalise un compromis entre ces facteurs de température, d'alimentation et de photopériode, la date d'arrêt de développement pouvant ainsi être avancée ou retardée selon que les conditions sont ou non favorables.
Lorsque la diapause est induite, la larve se laisse tomber sur le sol (de préférence la nuit). Elle cherche alors à remonter sur le tronc et les branches charpentières pour y tisser un cocon dans lequel elle passera l'hiver.
Le piégeage des larves diapausantes au moyen de bandes cartonnées fixées sur le tronc est donc mobilisable pour cette tordeuse. Mais une grande proportion d'individus reste sur le sol ou dans les fruits momifiés, ce qui limite l'efficacité de la méthode.
Aussi la prophylaxie par élimination des fruits au sol a une grande utilité contre cette espèce.
Écologie et dynamique des populations
Le papillon de C. molesta est de mœurs crépusculaires. à 23 °C son pic d'activité a lieu une heure après le commencement du déclin de la luminosité(4).
Cependant, dans ce cas encore, la température influence ce comportement. Ainsi, la période d'activité est plus précoce au printemps, elle y débute trois heures avant le coucher du soleil contre une heure et demie en été(3). Les seuils thermiques d'activité physiologique de la tordeuse orientale sont de 7,2 °C et 32,2 °C(5). Chez les organismes poïkilothermes, la durée de développement diminue lorsque la température augmente jusqu'à un seuil optimal. Si la tordeuse orientale tolère bien les températures froides, une température de 36,5 °C pendant 48 heures tue toutes les pontes.
La durée de développement moyenne d'une génération sur pêchers est de 536 degrés/jour en base 7,2 °C (111 pour la pré-oviposition et l'incubation, 215 pour le développement larvaire et 210 pour la nymphose).
L'alimentation fait varier la durée de développement de l'insecte. Par exemple, le stade larvaire est plus long dans les pommes que dans les pêches ; on y reviendra. à l'avenir, il faudra donc évaluer en détail la biologie de ce ravageur sur d'autres cultures que son hôte primaire pour plus de précision.
Raisons possibles de la recrudescence
La date d'émergence des premiers papillons n'a pas évolué depuis 30 ans comme l'atteste la figure 1. La courbe de vol représentée a été obtenue par piégeage sexuel sur l'Ile de la Barthelasse à Avignon en 1979(6). La coïncidence de ces captures avec les successions de générations observées en 2009 indique que la recrudescence actuelle de la tordeuse orientale n'est pas attribuable à un changement climatique, contrairement au carpocapse des pommes passant dans la même période de deux à trois générations annuelles.
Cette recrudescence provient plus probablement d'une adaptation de la tordeuse orientale lui permettant de faire la totalité de son cycle sur arbres fruitiers à pépins voire de résister aux insecticides appliqués en verger.
Elle peut aussi découler de l'extension des pratiques de protection spécifiques contre le carpocapse des pommes (confusion sexuelle, virus de la granulose).
Étude INRA 2009 sur trois populations
En 2009, une étude biologique de trois populations de tordeuses orientales prélevée sur différentes plantes hôtes (pommier, poirier et abricotier) a été menée à l'INRA d'Avignon. L'élevage de populations en conditions climatiques extérieures nous a permis d'élaborer des courbes d'émergence présentées figure 2 page précédente. La mise en élevage individuel de chaque descendance permet de distinguer sans ambiguïté quatre générations successives, qui dans ce cas sont bien distinctes.
La population issue d'abricotier est plus tardive, de deux semaines, que celles des pommiers et poiriers, qui par ailleurs ont succombé aux températures élevées du mois d'août dans nos conditions d'élevage. En verger, les conditions de température et d'hygrométrie varient beaucoup au sein d'un même arbre en fonction de son exposition, de son architecture et de sa variété. Ces conditions induisent une variabilité de développement au sein des populations, entraînant des chevauchements entre générations au cours de la saison.
Cette même étude nous a également permis de vérifier qu'un phénomène de protandrie (émergence des mâles avant celle des femelles) avait bien lieu pour cette espèce. Le piégeage de mâles grâce à des phéromones sexuelles est donc un signal anticipant l'arrivée des papillons femelles et des premières pontes.
Passage d'un hôte à l'autre ?
Initialement connues pour commencer leur cycle sur pêcher et passer en fin de saison sur pommier, les tordeuses orientales peuvent actuellement se développer exclusivement sur fruit à pépins(3). C'est notamment le cas dans l'État du Parana (Brésil), dans le bassin de Bolzano (Italie) et dans le sud-ouest de la France. Elle a donc évolué pour pouvoir se passer de son hôte primaire : le pêcher.
Cependant, nos essais démontrent que cet insecte a la capacité de passer d'un hôte à l'autre. En effet, des larves issues de pommiers ou de poiriers sont parvenues à s'alimenter sur des pommes ou des pêches à différents stades de maturité, sur toute la durée de leur stade larvaire (Figure 3).
En début de saison, les papillons sont aussi bien attirés par les pousses de pêcher que de pommier. Lorsque les fruits atteignent un diamètre de 3 cm, ils deviennent plus attractifs que les pousses en vergers de pommiers, contrairement aux rameaux de pêcher qui restent plus attractifs que les pêches de 3 cm. Enfin, sur ces deux cultures, lorsque les fruits grossissent (6,77 cm pour les pêches et 6,48 cm pour les pommes), ils deviennent les organes de la plante préférentiels pour ces tordeuses(7).
De nombreux travaux ont été menés sur la biologie de cet insecte mais des points d'ombre demeurent. Par exemple on peut faire l'hypothèse de l'existence d'un hôte automnal sur lequel se nourriraient les larves de dernière génération. En effet, on note la présence de papillons très tard dans la saison, après que les espèces et variétés tardives aient été récoltées.
Protection chimique et résistance aux insecticides
La lutte chimique commence à l'éclosion des larves de première génération et se poursuit jusqu'à l'approche de la récolte. Pour cela, il existe de nombreux produits homologués sur pêcher. Ils sont basés sur 12 matières actives dont la moitié appartient à la famille des pyréthrinoïdes. Sur fruit à pépins, 5 matières actives sont homologuées dont 3 appartiennent à cette famille chimique.
Largement utilisés, les pyréthrinoïdes commencent à montrer des signes de faiblesse. Or le développement de résistances aux insecticides chez la tordeuse orientale est un phénomène connu, notamment en Amérique du Nord(8). En France, ces dernières années, une nette progression des populations de tordeuse orientale du pêcher a été observée avec, en parallèle, des dégâts de plus en plus importants. Une des hypothèses avancées est une moindre efficacité des traitements du fait de résistances.
Essais réalisés en 2007 et 2008
Des essais préliminaires ont donc été menés par l'unité « Résistance aux produits phytosanitaires » de l'AFSSA de Lyon en collaboration avec la Chambre d'Agriculture de la Drôme, la Station d'expérimentation fruitière de Rhône-Alpes (SEFRA), la SICA des Côteaux du Lyonnais (Sicoly) et le GIE des Vergers de l'Hermitage.
La méthode mise en œuvre est celle dite des « tests en flacons »(9) : des papillons piégés dans les vergers sont enfermés dans des flacons traités avec une dose discriminante d'insecticide (dose létale pour 97 % des individus sensibles, déterminée en laboratoire grâce à un travail en gamme de doses sur une souche sensible de référence).
En 2007 et 2008, l'étude a porté sur la deltaméthrine.
Résultats sur 4 parcelles
Les résultats présentés dans le tableau 1 ne concernent que 4 parcelles de la Drôme où les captures ont été suffisamment abondantes pour réaliser des tests.
Une dérive de la sensibilité de la tordeuse à la deltaméthrine a été identifiée pour trois de ces quatre parcelles. Sur celle de Livron A, cette dérive a été observée sur deux années consécutives, confirmant l'émergence d'une résistance chez la tordeuse vis-à-vis de cet insecticide.
Mais les résultats chiffrés sont à prendre avec précaution, du fait de la forte mortalité enregistrée dans les témoins. Celle-ci est probablement due à l'hétérogénéité d'âge des papillons mis en test, lié au mode de capture des tordeuses par des pièges à phéromone modifiés.
Ce travail se poursuit actuellement sur d'autres parcelles et avec d'autres matières actives.
Mécanismes : résultats préliminaires
Par ailleurs, la détermination des mécanismes impliqués a été initiée à l'INRA d'Avignon. D'après les résultats préliminaires, il semblerait que ce phénomène puisse être dû à un développement des mécanismes de détoxification des insecticides des trois grandes familles enzymatiques (Estérases, Oxygénases et Glutathion S transférases).
L'intérêt d'une lutte mixte par confusion sexuelle et traitements chimiques en alternance devient ici évident pour préserver l'efficacité des produits et aussi en diminuer les résidus et autres effets secondaires.
Méthodes alternatives de lutte
Confusion sexuelle : travaux en cours et réalisés...
La confusion sexuelle contre la tordeuse orientale est implantée sur environ 40 à 50 % du verger de pêcher français, avec de fortes disparités selon les zones. Son efficacité est limitée par le morcellement des vergers lié notamment aux arrachages sanitaires pour lutter contre la sharka. Déjà utilisée depuis de nombreuses années sur pêche, la technique est en cours d'homologation pour une utilisation contre tordeuse orientale sur fruit à pépins.
Des essais d'efficacité en vergers de poiriers (confusion simple Isomat-OFM TT et confusion carpocapse/tordeuse orientale Ginko Duo de la société Sumiagro) ont été réalisés par le réseau des partenaires de la station expérimentale La Pugère en 2009.
Sur un verger de poiriers Williams touché à 10 % par la tordeuse orientale en 2008 avec une protection insecticide, l'efficacité sans traitement d'appui a été optimale, c'est-à-dire du même niveau que la lutte chimique en comparaison (moins de 0,5 % d'attaque). Il faut cependant noter la présence de dégâts notables en fin de saison sur les rangs pollinisateurs.
Ainsi, comme cela est déjà bien connu pour le carpocapse des pommes, ces résultats confirment qu'en situation de forte pression, la méthode de confusion doit être accompagnée par des interventions insecticides pour une protection optimale.
... et enjeux d'une homologation
Début 2010, la profession est en attente d'une autorisation de mise sur le marché pour la méthode de contrôle par confusion sexuelle. Ce sujet est d'autant plus urgent que l'utilisation de la confusion contre le carpocapse des pommes est elle aussi en jeu. En effet, face à la recrudescence de la tordeuse orientale en vergers de fruits à pépins et vu le coût de la mise en place de la confusion sexuelle sur une parcelle, il est difficilement envisageable pour un producteur de doubler sa dépense.
Lutter d'une part contre le carpocapse avec la confusion sexuelle et d'autre part contre la tordeuse orientale avec des insecticides pour la plupart efficaces sur carpocapse est donc irréaliste pour la plupart des arboriculteurs. En effet, quitte à avoir des résidus donc une moins bonne valorisation de la récolte, autant faire l'économie de la confusion contre le carpocapse des pommes !
De plus, la réalisation de traitements insecticides sur tordeuse orientale va aussi augmenter la pression de sélection sur le carpocapse. L'enjeu de cette homologation est donc aussi environnemental.
Piéger en verger en confusion
Par ailleurs, un axe de recherche utile serait l'identification d'attractifs efficaces pour le piégeage dans les vergers en confusion. Des travaux sur les composés volatils attractifs de la tordeuse orientale sont conduits en Suisse (10), où un mélange attractif a été mis en évidence. Il est composé de 5 molécules volatiles naturellement contenues dans les pousses de pêcher : (Z)-3-hexen-1-ol, (Z)-3-hexen-1-yl acetate, (E)-2-hexenal, Benzaldehyde et Benzonitrile. Mais, à ce jour, aucun produit commercial utilisant ces connaissances n'existe sur le marché.
Nématodes entomopathogènes
Les nématodes entomopathogènes sont des vers microscopiques vivant dans le sol et qui parasitent des insectes pour compléter leur développement. Ce sont des organismes fragiles qui vivent et se déplacent dans l'eau. L'efficacité de ces pathogènes sur carpocapse des pommes peut atteindre 80 % quand les conditions de traitement sont optimales : forte humidité (l'irrigation par aspersion est une condition favorable), température supérieure à 15 °C.
En revanche, cette technique est très sensible à la moindre baisse d'hygrométrie après traitement (vent). Le bon positionnement du traitement est primordial, en effet, l'inefficacité des nématodes sur les chrysalides, et surtout l'échelonnement des fins de développement larvaire à chaque génération, rend leur utilisation en cours de saison inappropriée. Il faut donc que toutes les larves soient en diapause pour obtenir des bons taux de parasitisme (octobre/novembre).
Cela rend cette technique difficile à mettre en place, même si son potentiel reste très attractif. Pour l'instant, les essais au champ conduits sur tordeuse orientale n'ont pas permis de modifier le niveau d'infestation de l'année suivante malgré la mortalité constatée à l'automne sur les larves sentinelles. La méthode est donc encore en développement.
Filets : essai 2009 prometteur sur pommier, poirier, cognassier
Le concept de barrière physique baptisé « Alt'carpo » a été développé pour lutter contre le carpocapse des pommes. L'efficacité de cette couverture des arbres avec des filets a été testée sur tordeuse orientale.
C'est ainsi qu'en 2009, une expérimentation a été mise en place avec des filets mono-rangs de maille 4 x 4 ou 5 x 4, sur des vergers de pommiers, poiriers et cognassiers ayant subi de très fortes attaques l'année précédente.
Elle indique une efficacité de la méthode contre cette espèce. En effet, alors que les piégeages d'adultes étaient significatifs, aucun fruit piqué n'a été recensé (Voir G. Sévérac, Phytoma n°632, p. 18).
Moins sur pêcher en forme évasée
Un autre essai mené à la SEFRA (26, Drôme) sur pêcher montre des résultats plus mitigés. En effet, l'architecture de l'arbre en forme évasée conduit de nombreux fruits à être en contact direct avec le filet. Des pêches proches des filets ont été infestées, et l'efficacité a été évaluée à 42 %. Des essais menés en laboratoire à l'INRA d'Avignon ont montré que le carpocapse était capable de pondre à travers des filets. Cela semble également le cas pour la tordeuse orientale.
Les travaux se poursuivent pour définir les conditions d'efficacité de la méthode contre cette espèce notamment pour qu'un minimum de filet soit en contact avec l'arbre. Les filets mono parcelle semblent à préférer aux mono rang pour les arbres conduits en forme évasée (gobelet double Y...).
Conclusion
La pression parasitaire de la tordeuse orientale est très changeante selon les années et la localisation. Depuis 2003, la situation est devenue globalement plus difficile avec des résistances soupçonnées.
La confusion sexuelle est homologuée sur pêcher et efficace sur des vergers ayant une surface homogène suffisamment grande. Elle permet de réduire à 3 à 5 le nombre de traitements, qui peut aller jusqu'à plus de 10 sur variétés tardives si la pression est forte.
Quant à la recrudescence de la tordeuse orientale dans les vergers de fruits à pépins déjà touchés par le carpocapse des pommes, elle place la lutte contre les tortricidés comme l'une des priorités.
À l'heure actuelle, la combinaison des méthodes existantes couplée à un raisonnement de la lutte s'appuyant sur la biologie de l'insecte doit permettre dans la majorité des cas de maîtriser les populations. La concurrence des pays du sud en pêche et les fortes pressions phytosanitaires doivent inciter à accroître l'effort de recherche pour des solutions alternatives durables contre cet insecte.
<p>* INRA d'Avignon. myriam.siegwart@avignon.inra.fr</p> <p>** Station expérimentale de La Pugère.</p> <p>*** Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), Lyon.</p>
Figure 1 - Coincidence des courbes de captures de tordeuse orientale par piégeage sexuel en 1979 à l'île de la Barthelasse (Avignon) (6), et des générations d'adultes à Avignon en 2009.
Figure 2 - Courbes d'émergence d'adultes de trois populations de tordeuses orientales sous abri en conditions extérieures en 2009.