Contrôle en cours. Il est mené sur une aire de lavage avec rétention, une sécurité au cas où un des pulvérisateurs n'ait pas été bien nettoyé avant. ph. V. Polvèche
Quelques photos du contrôle chez les Ets Dousset-Matelin raconté p. 19. 1 - Mesure d'éventuelles pertes de charges dans les tronçons. Photos M. Morel
Quelques photos du contrôle chez les Ets Dousset-Matelin raconté p. 19. 2 - Vérification du manomètre.
Quelques photos du contrôle chez les Ets Dousset-Matelin raconté p. 19. 3 - Banc de contrôle automatique des buses : vue générale, rapprochée, gros plan sur l'affichage de débit d'une buse et graphique montrant le débit de chacune du lot donc la régularité de l'ensemble.
Quelques photos du contrôle chez les Ets Dousset-Matelin raconté p. 19. 4 - Banc de contrôle automatique des buses : vue générale, rapprochée, gros plan sur l'affichage de débit d'une buse et graphique montrant le débit de chacune du lot donc la régularité de l'ensemble.
Quelques photos du contrôle chez les Ets Dousset-Matelin raconté p. 19. 5 - Banc de contrôle automatique des buses : vue générale, rapprochée, gros plan sur l'affichage de débit d'une buse et graphique montrant le débit de chacune du lot donc la régularité de l'ensemble.
Quelques photos du contrôle chez les Ets Dousset-Matelin raconté p. 19. 6 - Banc de contrôle automatique des buses : vue générale, rapprochée, gros plan sur l'affichage de débit d'une buse et graphique montrant le débit de chacune du lot donc la régularité de l'ensemble.
Nos lecteurs fidèles le savent déjà(1), le contrôle périodique des pulvérisateurs est obligatoire depuis 2009 et certains appareils en service devaient être contrôlés au plus tard le 31 mars dernier. Quel est le bilan de cette première vague en termes d'appareils contrôlés et de mise en place du dispositif de contrôle ? Que dire à ceux qui auraient dû soumettre leur appareil au contrôle avant le 31 mars mais ne l'auraient pas encore fait ? Et quel est le calendrier pour les autres ? En particulier, qui doit faire contrôler son pulvérisateur avant la fin de cette année 2010 ? Réponses ci-après, en remerciant Vincent Polvèche, Directeur du GIP Pulvés, des renseignements qu'il nous a aimablement fournis.
C'est la loi, c'est décrété, c'est arrêté. De par la Loi sur l'eau de 2006(2), ses décrets de décembre 2008(3) et ses arrêtés de décembre 2008 et de janvier 2009(4), le contrôle périodique des pulvérisateurs est devenu obligatoire. Certains appareils ont dû en principe être contrôlés avant le 31 mars 2010. Mi-avril, quel est le bilan ?
L'ampleur de la tâche
Rappelons d'abord que seuls certains pulvérisateurs sont à contrôler : ceux « de type agricole » (explication de texte en encadré 1, p. 19), qu'ils soient utilisés en agriculture ou en zone non agricole.
D'autre part, les exploitations ou entreprises concernées par des contrôles avant le 31 mars dernier sont celles dont « les deux derniers chiffres du numéro SIREN sont compris entre 00 et 19 ou qui n'ont pas de numéro SIREN ». Attention, au fait, les deux derniers chiffres du n° SIREN sont les 8e et 9e (mais pas les derniers) du n° SIRET... En tout cas, ces entreprises-là devaient faire contrôler avant le 31 mars dernier leurs appareils d'au moins 5 ans, sauf si ces appareils avaient été contrôlés volontairement en 2007 ou 2008 (récapitulatif tableau 1).
Combien cela représente-t-il d'appareils ? Difficile à dire. On estime qu'il y a environ 300 000 pulvérisateurs de type agricole dignes de ce nom en France, dont moins de 60 000 ont moins de cinq ans. Quant au nombre de contrôles volontaires effectués en 2007 et 2008, il y en a eu un peu plus de 6 000 en Bretagne(5) et près de 2 000(6) dans le Gard, région et département très mobilisés sur le sujet, mais les spécialistes estiment que le total ne saurait dépasser 40 000. Il resterait autour de 200 000 appareils à contrôler... Si l'on estime que les « SIREN 00 à 19 » en représentent 20 %, autour de 40 000 appareils auraient dû être contrôlés avant le 31 mars. On voit l'ampleur de la tâche.
Entre 13 000 et 16 000 pulvés contrôlés
Le GIP Pulvés, groupement d'intérêt public qui coordonne le dispositif et donne leur agrément aux organismes de contrôle, fait la synthèse nationale des opérations réalisées à partir des remontées effectuées par ces organismes. La comptabilité est précise à l'unité près, mais seulement au fur et à mesure des remontées du terrain. Alors, quels sont les chiffres ?
Vincent Polvèche, Directeur du GIP Pulvés, comptait 9 529 appareils contrôlés et conformes le 16 avril dernier. « Mais les organismes d'inspection ont deux mois pour faire remonter l'information après le jour du contrôle. En ce moment, nous recevons encore des résultats de contrôles de la première vague, plus de 100 par jour. » Le 19 mai, le GIP comptait 12 574 contrôles positifs, et ce n'est pas définitif.
En effet, une bonne part des opérations a été effectuée en mars, cas évoqué dans l'encadré 2. D'autres ont été retardées. « Depuis le 1er avril, nos adhérents continuent à réaliser des contrôles à un rythme qui ne faiblit pas », annonçait le Crodip breton le 19 avril. Beaucoup sont des rendez- vous demandés en mars pour des appareils de la première vague alors que les plannings de contrôles étaient pleins jusqu'au 31...
En cause, la tendance bien humaine à se décider au dernier moment, mais aussi la rudesse de l'hiver. « De nombreux rendez-vous prévus en janvier et février ont été reportés pour cause de froid », explique V. Polvèche. Difficile de mesurer des débits si les liquides gèlent. De plus, les agriculteurs répugnent à sortir leurs appareils de l'hivernage et les y remettre ensuite.
Alors un pronostic ? « Le temps que les informations remontent... Plus de 13 000 au 30 juin, c'est sûr. Plus de 16 000 c'est peu probable. »
Que faire des hors délais ?
Mais les appareils restants ? Est-ce trop tard pour les faire contrôler ? « Pas du tout, précise V. Polvèche. Dès que le contrôle sera fait, même si le certificat montre que c'était hors délai, l'agriculteur sera de nouveau en règle. »
Et si l'exploitation subit un contrôle phytosanitaire avant que le pulvérisateur n'ait été contrôlé ? V. Polvèche ne peut pas promettre d'indulgence à la place des inspecteurs... Mais il semble que si le contrôle est programmé, le rendez-vous pris, et « sachant qu'il s'agit de la première vague et que tous les organismes de contrôle n'étaient pas encore agréés le 31 mars... », l'indulgence soit possible... Du moins si le rendez-vous est bien pris et sa date fixée ! À bon entendeur...
Le rattrapage est donc possible pour les pulvérisateurs qui auraient dû être contrôlés avant le 31 mars. Nos lecteurs ayant un appareil datant de 2005 ou avant peuvent se reporter au tableau 1 pour savoir s'ils sont concernés. Si c'est le cas, il faut vite prendre rendez-vous.
Vague suivante, à étaler
D'autres verront sur ce tableau 1 que leur appareil fait partie de la deuxième vague de contrôles. Dans ce cas ils sont bien dans les temps puisque l'opération devra être effectuée avant le 31 décembre 2010.
Mais cette deuxième vague touche elle aussi 40 000 appareils. Comment faire tout en rattrapant les retardataires de la première vague ?
D'abord le nombre d'organismes agréés n'a cessé d'augmenter : ils étaient 28 début octobre 2009, puis 59 début février 2010 et 89 mi-avril. Leurs coordonnées sont publiées sur le site du GIP Pulvés : https ://gippulves.cemagref.fr/
De plus, certains des 89 sont en fait des réseaux. Le plus étendu est le Crodip. Basé à Rennes, il réalisait déjà des contrôles volontaires en Bretagne. Aujourd'hui élargi, il se nomme désormais Crodip Indigo avec 35 organismes dont 16 basés en Bretagne et 19 ailleurs : Pays-de-la-Loire et Basse-Normandie mais aussi Haute-Normandie, Centre, Limousin, Aquitaine, Picardie, Nord-Pas-de-Calais, Champagne, Lorraine, Bourgogne et même Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées.
Il y a donc en fait plus de 120 organismes agréés sur le territoire, et toutes les régions de France métropolitaine continentale sauf l'Ile-de-France en abritent au moins un. Une vingtaine d'autres organismes pourraient les rejoindre(7).
Mais si les contrôles stoppent de mai à novembre, on va assister à un engorgement sur les dernières semaines et tous les pulvérisateurs de la deuxième vague risquent de ne pas passer en 2010. Or en 2011 il y aura encore 40 000 autres appareils à contrôler, plus certains de ceux qui ont aujourd'hui moins de cinq ans – pour ceux-là, le calendrier est dans le tableau 2.
V. Polvèche conseille donc d'anticiper. « Un viticulteur ne va pas faire contrôler son appareil de mai à mi-juillet ni en période de vendange. Mais pourquoi pas les semaines d'avant vendanges ? », suggère-t-il. De même en grandes cultures : « Avant les moissons d'été, il y a souvent un creux dans les travaux. On peut en profiter pour prendre rendez-vous. »
Certes nous avons tous tendance à attendre le dernier moment pour effectuer les démarches obligatoires – c'est la nature humaine. Faut-il, pour pousser à étaler les contrôles, proposer des tarifs différents selon les dates comme la SNCF casse ses prix aux heures creuses ? V. Polvèche s'amuse de la question mais, dit-il, « le GIP n'interfère pas dans les tarifs des organismes de contrôle ».
Factures et buses neuves
Au fait, combien coûtent les contrôles ? Chaque organisme fixe ses prix. Ils varient de 90 à plus de 300 € selon le type d'appareil (longueur de rampe, etc.) Les contrôles sont désormais à 100 % à la charge des agriculteurs alors que les opérations volontaires étaient souvent en partie subventionnées. De plus, un appareil non conforme doit être remis à niveau puis subir un deuxième contrôle lui aussi payant même si moins cher que le premier.
Ceci dit : « La plupart des organismes ont une démarche pédagogique. En fixant le rendez- vous, ils avertissent les gens des points à contrôler. Beaucoup d'agriculteurs remédient alors à ce qu'ils constatent être mauvais. Le contrôle le vérifiera. » Par exemple ? « On a peu vu d'appareils fuyards, sans protège-cardan ou avec des manomètres en mauvais état, et en revanche beaucoup de buses neuves. » Bref ces contrôles ont un effet préventif « très positif », selon V. Polvèche. Un peu comme le contrôle des voitures qui vous fait changer vos pneus...
<p>* Phytoma.</p> <p>** Directeur du GIP Pulvés, gip.pulves@cemagref.fr</p> <p>*** Axema.</p> <p>(1) Voir dans notre précédent dossier Bonnes pratiques, l'article « Contrôle obligatoire des pulvérisateurs, l'an un est bien avancé », dans <i>Phytoma</i> n° 626-627, octobre 2009, p. 22.</p> <p>(2) Précisément Loi sur l'eau et les milieux aquatiques (LEMA) n° 2006-1772 du 30 décembre 2006, publiée au JORF, <i>Journal officiel de la République française</i>, du 31 décembre 2006.</p> <p>(3) Décrets n°2008-1254 et n° 2008-1255 du 1er décembre 2008 publiés au JORF du 3 décembre 2008.</p> <p>(4) Arrêtés du 18 décembre 2008 parus au JORF du 26 décembre 2008 et arrêté du 12 janvier 2009 paru au JORF du 31 janvier 2009.</p> <p>(5) Le Crodip annonce avoir réalisé précisément 21 002 contrôles volontaires en Bretagne depuis sa création en 1998, dont 1 914 en 2007 et 4 179 en 2008.</p> <p>(6) Source : Chambre d'Agriculture du Gard.</p> <p>(7) Attention, les premiers agréments ont été donnés à titre provisoire afin que les contrôles puissent commencer rapidement. Il faudra vérifier ensuite qu'ils sont bien maintenus suite au suivi de formations spécifiques par les inspecteurs et à des visites d'audit par le GIP Pulvés ou le COFRAC. Les agréments de plein droit sont donnés pour cinq ans.</p>
1 - Quels types d'appareil faut-il faire contrôler ?
Doivent passer au contrôle périodique obligatoire les « pulvérisateurs de type agricole destinés à appliquer des produits phytopharmaceutiques sous forme de bouillie liquide ». Sont donc exclus les poudreuses, granulateurs et microgranulateurs car ils n'appliquent pas sous forme de bouillie liquide.
De type agricole signifie :
- automoteur ou pouvant être mis en action (traîné, porté) par un tracteur agricole, donc pas les appareils à dos ou sur brouette ;
- à rampe horizontale si « la largeur de traitement est au moins égale à 3 m » ou à distribution verticale, donc pas les appareils à jet unique (distribution ponctuelle, ni horizontale ni verticale) et ceux à rampe horizontale inférieure à 3 m.
Ainsi, les appareils utilisés en agriculture mais aussi en ZNA (zones non agricoles), s'ils sont motorisés et à rampe d'au moins 3 m ou à distribution verticale, doivent être contrôlés.
2 - Une journée de contrôle
Le 25 mars dernier les Ets Dousset-Matelin à Neuville-de-Poitou (86) organisaient la première des 5 journées de contrôle technique obligatoire de pulvérisateurs.
Ce concessionnaire Claas, membre du réseau Campa/Socodicor, a confié l'organisation des contrôles à France Contrôle Pulvé. L'information des agriculteurs, l'organisation, le planning de passage ont été réalisés conjointement entre le concessionnaire et FCP. Les contrôles ont été effectués par un technicien indépendant, agréé GIP, équipé d'un véhicule aménagé des instruments de contrôle les plus performants.
Au delà des agriculteurs ayant pris rendez-vous pour un contrôle, 30 autres ont participé à cette première journée pour observer et recevoir les recommandations du contrôleur de façon à faciliter les contrôles ultérieurs. Cette façon de faire avait aussi pour objet de mettre en avant les avantages dont pouvaient profiter les agriculteurs en termes de sécurité, de précision et d'économie.
En prévision de ces contrôles, environ 50 % des pulvérisateurs concernés avaient fait l'objet d'une pré-visite rigoureuse réalisée par le technicien « pulvérisation » des Ets Dousset-Matelin qui a suivi une formation de contrôleur.
3 - Précision du dosage, faire plus que l'obligatoire
Parmi les bonnes pratiques de pulvérisation permettant d'ajuster la quantité de produit en préservant son efficacité, il y a la précision du dosage. Dans ce domaine, on peut aller plus loin que le contrôle obligatoire. Présentation d'un appareillage disponible depuis début 2010.
Ce matériel nommé Tixad est embarqué et adaptable sur tout type de pulvérisateur. C'est l'aboutissement du projet européen Life-Aware et du projet Ticsad financé par ministère de l'Agriculture et mené par le Cemagref de Montpellier. Le lancement en 2010 a été précédé de deux années de tests de terrain en vigne et arboriculture.
Ce qu'il y a dans le « kit »
Le dispositif comprend un boîtier fixé en cabine (photo) ainsi que des débimètres et un niveau cuve positionnés sur le pulvérisateur tracté ou porté. Muni d'un GPS avec son antenne, il permet l'arpentage des parcelles et le calcul précis de la surface traitée qui permet de mieux calculer ses doses.
Avant la pulvérisation, l'agriculteur saisit les conseils techniques sur son PC. Il les communique au boîtier par clé USB.
Le tractoriste a sa « feuille de route » à l'écran. Puis l'affichage en temps réel des débits lui permet de détecter les anomalies de fonctionnement tels que bouchage de buses ou tout autre incident dans le circuit. Il suit aussi le niveau restant dans la cuve et le volume/ha instantané qu'il réalise, donc il peut réguler la pulvérisation en temps réel. Le traitement fini, le contenu de la clé USB donne son historique détaillé et géo-localisé. Ainsi le chef d'exploitation peut très rapidement générer le cahier parcellaire et évaluer la qualité du travail réalisé pour l'améliorer.
Du Cemagref à l'EID
Le Cemagref estime que ce système permet d'économiser 10 à 15 % des produits phytopharmaceutiques sans affecter leur efficacité, simplement grâce à l'ajustement précis de la dose aux zones réellement traitées. Très Écophytotesque ! Hors agriculture, le dispositif est utilisé par l'EID Méditerrannée dans les traitements contre les moustiques.
Au fait, pourquoi Tixad ? Le sigle du projet, choisi ensuite comme raison sociale de la société créée début 2010 pour commercialiser le kit, aurait pu être Ticsad comme Technologies de l'information et de la communication au service de l'agriculture durable... Mais au pays d'Astérix et des marques déposées, un x a remplacé le sc.
(1) Entente interdépartementale de démoustication.