dossier - Bonnes pratiques phytosanitaires

Diagnostic avant de traiter Diaphyt s'affine

Philippe Delval* et Pascal Mougel** - Phytoma - n°634 - mai 2010 - page 22

Ce logiciel a été amélioré à propos notamment de l'eau, de la sécurité des applicateurs et de l'automatisation-illustration du diagnostic
 ph. M. Doumergue

ph. M. Doumergue

 ph. P. Delval

ph. P. Delval

Vignoble pentu (ci-contre), arrivée d'eau non sécurisée (bas de page précédente) : deux facteurs de risque pour les eaux superficielles que Diaphyt prend en compte. ph. M. Doumergue

Vignoble pentu (ci-contre), arrivée d'eau non sécurisée (bas de page précédente) : deux facteurs de risque pour les eaux superficielles que Diaphyt prend en compte. ph. M. Doumergue

Quoi de neuf pour le logiciel Diaphyt proposé par l'ACTA ? Depuis 2008, ses concepteurs ont travaillé à améliorer cet outil de diagnostic des risques liés aux produits phytopharmaceutiques à l'échelle d'une exploitation agricole. Nous avions présenté ce logiciel dans Phytoma en octobre 2008(1). Rappelons qu'il permet d'évaluer les effets des produits phytopharmaceutiques autres que leur efficacité sur les cibles qu'ils visent. Les modifications apportées permettent de mieux évaluer le transfert de produits vers l'eau ce qui permet de mieux le prévenir ; elles complètent la partie réglage des matériels et sécurité pendant l'application ; enfin, le logiciel propose désormais l'automatisation d'une appréciation globale dans une situation donnée.

Cet article est destiné à montrer les nouvelles fonctionnalités du logiciel Diaphyt et nous ne reviendrons donc pas sur les bases de son fonctionnement présentées en octobre 2008 dans Phytoma(1).

Un logiciel amélioré

En effet, depuis deux ans et à la demande des utilisateurs, un travail a été engagé afin d'affiner certains modules du logiciel.

1/Refonte du module « organismes aquatiques » avec des aménagements concernant l'évaluation des transferts des produits vers les eaux superficielles et souterraines ;

2/Nouvelles fonctions prises en compte dans certains modules (matériel, sécurité) ;

3/Diagnostic automatisé.

Transfert vers les eaux

Ce qu'il fallait améliorer

Le logiciel cernait correctement la problématique des pollutions ponctuelles en évaluant les pratiques à différents postes de manipulation des produits : stockage, préparation et remplissage, gestion des fonds de cuve et reliquats, nettoyage externe du matériel. Les risques de pollutions diffuses quant à eux n'étaient envisagés qu'au travers du type de sol et des risques de dérive lors de l'application.

C'est pourquoi la prise en compte plus fine semblait indispensable. Ceci tout en gardant l'esprit de Diaphyt : ce n'est pas un modèle mais une évaluation multicritères simple.

Un module refondu, un autre créé

Cela a nécessité non seulement une refonte importante du module « Organismes aquatiques » mais aussi la création d'un nouveau module adapté aux eaux souterraines.

Ainsi, l'appréciation des caractéristiques du lieu traité a été largement augmentée comme le montrent les exemples figures 1 et 2.

Le temps de saisie des données concernant la caractérisation du lieu traité sera augmenté de quelques minutes par rapport à la version précédente.

Chaque molécule est maintenant caractérisée par ses capacités de transfert vers les eaux selon la méthode SIRIS(2) en prenant en compte les paramètres suivants : solubilité, Koc, DT 50 au champ, hydrolyse et photolyse uniquement pour les eaux superficielles.

De plus, le paramètre « quantité épandue » est intégré au calcul du risque de transfert. Voici, au final, les règles de décision concernant les modules « Aqua » :

– la première condition est que la ou les molécules composant le produit soit caractérisée au niveau de ses capacités de transfert ;

– la seconde condition concerne la localisation et le type de sol du lieu traité, selon le tableau p. 24.

Nouveaux paramètres concernant le matériel et la sécurité

Concernant la sécurité des applicateurs, plusieurs notions ont été développées dans la nouvelle version :

– prise en compte du réglage du matériel dans un plus grand nombre de modules ;

– intégration de matériels de sécurité particuliers : casque ventilé, cabine.

Les EPI, mais aussi leur gestion

Dans ce dernier cas, un certain nombre de questions permettent de cerner la gestion de ces équipements tout comme cela a été fait pour l'ensemble des équipements de protection individuelle (EPI).

En effet, comme le montrent diverses études, la cabine ou le casque peuvent être des équipements importants pour la sécurité mais à condition de bien les utiliser en ne les contaminant pas. On voit ainsi que la gestion du nettoyage de la cabine et du filtre sont primordiaux.

Attention à la descente en culture

Le logiciel intègre également la possibilité de descente de la personne dans la culture traitée. Elle met en garde l'applicateur sur les risques qu'engendre cette action, notamment la contamination de la cabine.

Diagnostic automatisé

Chaque indicateur de risque est désormais affecté d'un score pour chacun des traitements. Le calcul global fournit une note compilant l'ensemble des scores obtenus pour chacun des modules. Bien sûr, les règles d'analyse restent les mêmes que précédemment (cf. tableau 2 de l'article d'octobre 2008) mais désormais celle-ci est très rapide.

Il suffit ainsi de sélectionner le niveau d'analyse (personnel, lieu traité, bassin versant, cible, exploitation) le plus adapté au module et ensuite de cliquer sur le bouton « Diagnostic » du tableau récapitulatif des traitements.

L'utilisateur obtient ainsi une appréciation illustrée par un indicateur et un commentaire.

Un outil des bonnes pratiques phytos

Au final, il faut souligner que Diaphyt est un outil de diagnostic global des effets des pratiques phytosanitaires sur une exploitation : il reste une première approche qui peut être complétée par la suite par des outils plus fins.

La nouvelle version pilote de démonstration est disponible sur le site de l'ACTA à l'adresse suivante : http://www.acta.asso.fr/apps/accueil/autodefault.asp?d=5629, la version complète n'étant délivrée que dans le cadre de formations sur les bonnes pratiques phytosanitaires.

<p>* Ingénieur technique ACTA.</p> <p>** Concepteur du logiciel.</p> <p>(1) P. Delval et P. Mougel - « Diaphyt, un outil pour évaluer les risques. Un logiciel qui guide vers les bonnes pratiques d'utilisation des produits phytosanitaires ». <i>Phytoma</i> n° 619, octobre 2008, p. 6.</p> <p>(2) La méthode SIRIS (Système d'intégration des risques par interaction des scores) est une méthode mathématique utilisée pour établir les listes de substances actives phytopharmaceutiques à rechercher prioritairement dans les eaux.</p>

Figure 1 - Facteurs de pollution diffuse pris en compte pour une parcelle.

Figure 2 - Facteurs de pollution diffuse pris en compte pour un bâtiment.

Figure 3 - Conditions d'activation du module « Organismes aquatiques ».

Figure 4 - Questions concernant la gestion de la cabine.

 ph. P. Delval

ph. P. Delval

Tracteur muni d'une cabine fermée, équipement en principe bon pour la sécurité des applicateurs, mais seulement si...

– il y a un filtre efficace c'est-à-dire vérifié et entretenu ;

– la cabine n'est pas polluée : il faut la nettoyer régulièrement et ne pas y entrer avec des vêtements ou EPI (combinaison, gants, bottes, etc.) souillés ;

– on traite les vitres fermées (espérons que la photo n'a PAS été prise lors d'un traitement) ; les ouvrir, c'est revenir au tracteur de Papa avec son simple arceau de sécurité !

Figure 5 - Exemple de résultats de diagnostic.

Résumé

Le logiciel Diaphyt édité par l'ACTA et qui permet de diagnostiquer les risques liés aux produits phytopharmaceutiques, vient d'être amélioré sur :

– l'évaluation des risques de transferts vers les eaux avec la prise en compte des eaux souterraines ;

– de nouveaux paramètres sur la sécurité des applicateurs ;

– la délivrance des diagnostics, maintenant automatisée et illustrée.

Mots-clés : bonnes pratiques phytosanitaires, environnement, sécurité des applicateurs, produits phytopharmaceutiques, Diaphyt, OAD outil d'aide à la décision, diagnostic, améliorations.

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