En médaillon en haut de la page, sache Adivalor et égouttoir à bidons. Ci-dessous à gauche le Lav'Box, à droite cuve d'incorporation à rince-bidons intégré.
Le Rinçotop, un des rince-bidons autonomes cités dans cet article. Des équipements utiles si le pulvérisateur n'a pas de rince-bidon intégré.
Collecte de PPNU chez un distributeur : produits triés avant leur enlèvement par une entreprise agréée qui les éliminera. Noter le produit sur-emballé dans un sac plastique transparent : c'est ce qu'il faut faire en cas d'emballage abîmé (ne pas déconditionner les produits). Noter aussi l'âge visiblement vénérable des deux bidons à côté : il s'agit d'une collecte de stock historique.
Qu'a fait Adivalor, filière de récupération des déchets de l'agrofourniture, depuis octobre dernier(1) ? Pour son activité « historique » de récupération des EVPP et PPNU (emballages vides de produits phytopharmaceutiques et produits phytopharmaceutiques non utilisables) lancée en 2001, les chiffres 2009 sont disponibles. C'est l'occasion de parler de collecte, mais aussi de valorisation notamment de recyclage, et de relayer des conseils de bonnes pratiques. Autre nouveauté : deux opérations pilotes annoncées en octobre sont maintenant sur les rails. Elles concernent d'autres secteurs liés à la protection des plantes : les déchets d'un procédé de traitement des effluents et un équipement de protection individuelle bien particulier. Et puis on ne saurait manquer de citer les développements concernant d'autres déchets de l'agrofourniture dont certains ne sont pas loin de la santé végétale. Panorama.
Commençons, c'est l'usage, par les EVPP ou emballages vides de produits phytopharmaceutiques. 66 % des EVPP utilisés en 2009 ont été collectés, cela représente 5 300 t d'emballages vides collectés.
EVPP, plus 8 %
Cette collecte a ainsi progressé de 8 % en 2009 par rapport à 2008.
Point très positif : le nettoyage préalable des EVPP se pratique de plus en plus, même si tout n'est pas encore parfait. Alors, au fait, comment faire ?
Instructions de rinçage
Il faut, dès qu'on a vidé un bidon en préparant sa bouillie, en rincer l'extérieur s'il est souillé de produit et l'intérieur dans tous les cas. L'idéal est d'avoir un bac d'incorporation muni d'un rince-bidon intégré, ou bien un rince-bidon indépendant comme le Rinçotop, de la Chambre d'agriculture du Gard, ou le Lav'Box, de Tecnoma. Ils sont vendus en complément de pulvérisateurs (gamme Tecnoma pour le Lav'Box) ou d'équipements de remplissage (station Top remplissage, Mini-top remplissage et Top incorpo pour le Rinçotop) mais on peut aussi se les procurer indépendamment.
Sinon on utilisera l'arrivée d'eau claire, moins pratique, en prenant garde à ne pas la souiller et en protégeant ses gants (qu'on aura pensé à mettre, au fait ! voir p. 32) sachant qu'il faut rincer ces derniers s'ils sont éclaboussés d'eau de rinçage forcément chargée en produit, et le plus vite possible après leur éclaboussure. Quant à l'eau de rinçage des bidons (voire des gants), elle doit aller dans le pulvérisateur.
On répète l'opération au moins deux fois, ce qui fait trois rinçages en tout.
On met ensuite le bidon à égoutter en attendant de le stocker, une fois qu'il sera bien sec, dans une sache Adivalor à bidons vides (photo page précédente). Après le rinçage des bidons, on complète le remplissage de la cuve avec de l'eau claire jusqu'au volume prévu.
Qualité recyclage
Cette bonne pratique évite le gaspillage du produit et les pollutions résultant du versement de fonds de bidon dans l'environnement. Elle permet aussi de collecter des bidons d'une « excellente qualité » (terme cueilli sur le site internet d'Adivalor). Ils peuvent ainsi être recyclés : 800 t l'ont été en 2009. L'annonce en face de cette page explique leur devenir.
Les 4 500 t restantes ont été utilisées en combustible de substitution en cimenterie, ce qui s'appelle de la valorisation énergétique.
Autre point positif : pour la première fois certains distributeurs partenaires ont « atteint un taux de collecte de 100 % », annonce Adivalor. Respect...
Cela montre que le taux global peut encore augmenter. En particulier celui des sacs et cartons dont les collectes n'ont démarré qu'en 2004. Rappelons que l'objectif est d'arriver à 70 % du gisement global des emballages cette année 2010 !
PPNU, deux ans de filière pérenne
Du côté des PPNU, produits phytopharmaceutiques non utilisables, on sait qu'Adivalor a consacré 7 ans, de 2001 à 2007 inclus, à la collecte des stocks historiques de ces vieux produits. Avec plus de 9 000 t collectées au total, le gisement est à peu près épuisé.
Filière autofinancée
Aujourd'hui la filière pérenne de collecte fonctionne depuis deux ans. Elle est financée par les fabricants qui versent pour cela une éco-contribution. Cela permet de ne pas la faire payer aux agriculteurs, du moins pour les produits des sociétés contribuant au financement. Pour les autres, la contribution est au minimum de 2 € par kg collecté mais peut être supérieure.
Après les 500 t collectées en 2008, moitié reliquat de stocks historiques et moitié « nouveaux » PPNU, ce sont environ 200 t qui ont été collectées en 2009.
Il y a là une grande majorité de nouveaux PPNU. Ce sont des produits achetés récemment mais rendus inutilisables pour des raisons techniques (produit pris en masse, gelé, périmé, etc.) ou réglementaires si les produits sont retirés du marché. Certes il y a des délais d'écoulement des stocks mais il arrive que les agriculteurs n'en aient pas l'usage avant la fin de ces délais : les produits deviennent donc des PPNU. Une bonne raison pour être attentifs aux retraits, Phytoma les annonce régulièrement.
Règle de trois pour ne pas en faire
Pierre de Lépinau, Directeur d'Adivalor, souligne : « Nous faisons tout pour qu'il se crée le moins possible de PPNU. » Par exemple ?
« Nous avons identifié trois conseils à donner aux agriculteurs :
– respecter la règle du « premier entré premier sorti » que les anglophones appellent « first in first out » : utiliser les produits dans l'ordre de leur arrivée. Par exemple au printemps, appliquer les fongicides vigne ou céréales restant de l'an dernier avant d'entamer ceux achetés pour cette année ;
– faire l'inventaire des produits à utiliser rapidement, par exemple s'ils sont retirés du marché et en cours de délai d'écoulement des stocks, ou s'il s'agit de produits biologiques vivants à durée de vie limitée pour l'agriculture biologique et la protection intégrée ;
– identifier les PPNU et les stocker à part. »
Comment ces règles sont elles communiquées ? « Sur notre site, lors des collectes, dès qu'un journaliste nous interroge – vous par exemple... Par ailleurs, nous avons contribué à l'élaboration des programmes de formations du Certiphyto et nous avons convaincu leurs réalisateurs d'inclure ces conseils dans le contenu des modules de formation du certiphyto expérimental 2009-2010. » Nul doute qu'ils seront repris dans le Certiphyto définitif.
Signalons que les retraits de produits avec leurs délais d'écoulement des stocks sont publiés sur le site d'Adivalor.
« Bruit de fond » et instructions de stockage
Mais un « bruit de fond » d'au moins 200 t par an semble inévitable. Cela représente moins d'un kg de produit phytopharmaceutique dans chacune des 300 000 exploitations qui en utilisent de façon significative. 700 g par an : le tiers d'un bidon de 2 l qui n'a pas trouvé son pulvérisateur à temps.
Rappel : ces PPNU doivent être stockés sous clé, bien identifiés et séparés des produits utilisables. Le local phytosanitaire peut convenir mais sur une étagère à part et avec un marquage PPNU. Il faut garder ces produits dans leur emballage d'origine. Si celui-ci est en mauvais état, on peut le suremballer avec un plastique transparent (photo ci-contre).
Effluents, du pilote au défrichage
Pilote pour l'Osmofilm
Nous l'annoncions l'an dernier, Adivalor se préparait à collecter les saches usagées d'Osmofilm, le procédé de traitement des effluents phytos commercialisé par Axe Environnement, avec le soutien de Basf Agro. Ces collectes sont désormais opérationnelles : elles suivent les filières de celles de PPNU et non pas celles des EVPP. En effet, ces saches contiennent des effluents déshydratés, donc aussi concentrés qu'une formulation poudre ou granulés, certes bien confinés, ce qui les rend manipulables comme des bidons de produit avant leur ouverture – avec des précautions particulières pour ne pas les déchirer. Elles sont plus proches, donc, de bidons de produits inutilisables encore concentrés que d'emballages vides.
Pour l'instant, il s'agit d'une opération pilote. Elle permet d'évaluer en grandeur nature ce que pourrait être une récupération de déchets de traitement des effluents plus généralisée.
Défrichage technico-économique
Et les autres déchets de procédés de traitement des effluents ? Comme annoncé en octobre dernier, Adivalor a mené une étude sur la question : panorama des déchets à collecter générés, évaluation technique mais aussi économique de leur collecte et de leur élimination telle qu'elle se pratique aujourd'hui et telle qu'elle pourrait être demain. Ce remarquable travail de défrichage n'avait jamais été fait. Il intéresse toute la filière agricole mais aussi des espaces verts et jardins. Ses conclusions ont été rendues et, si tout va bien, doivent être publiées ce mois de mai. À suivre.
EPI, tablier pilote
Et les EPI, équipements de protection individuelle ? En octobre dernier P. de Lépinau nous expliquait qu'Adivalor avait réalisé une étude mais peinait à « regrouper les fabricants de ces EPI pour organiser la filière, car beaucoup de matériels sont importés » et, souvent, fabriqués par des sociétés pour qui la protection des plantes est un marché très secondaire. Décidément, les EPI sont un dossier problématique par quelque côté qu'on l'aborde ! Le dossier reste au point mort, sauf pour le tablier de préparation de bouillie S-protec évoqué p. 32.
Ce tablier étant fabriqué en France par la société Manulatex pour qui il représente un défi stimulant, et issu d'un travail de conception de la société Syngenta Agro spécialisée dans la phytopharmacie, Adivalor a trouvé des interlocuteurs motivés.
Aujourd'hui, la collecte est opérationnelle. Elle se fait dans le circuit des EVPP, avec les boîtes et sacs en papier, carton et autres matériaux. En effet, le matériau de ces tabliers est le même que celui de la plupart des bidons plastiques : cela facilite leur gestion par les mêmes entreprises.
Autres déchets agricoles
Phytoma est une revue consacrée à la santé végétale mais ne résiste pas au plaisir d'évoquer les autres chantiers d'Adivalor.
Rappelons qu'Adivalor signifie : Agriculteurs, distributeurs et industriels pour la valorisation des déchets agricoles. Dès sa création pour collecter des EVPP et des PPNU, elle s'était donné la possibilité d'élargir ses activités. Et puis, nous le verrons, certaines de ces activités ne sont pas loin de la santé végétale.
EVPF, collecte fertile
Du côté des EVPF, emballages vides de produits fertilisants, les collectes ont commencé en octobre 2007 avec l'Unifa(2). Bilan : 1 800 t collectées durant la première campagne, et pour la seconde bien plus que les 2 000 t annoncées prudemment en octobre dernier : 3 100 t !
« Cela représente un taux de collecte national de 35 % », annonce le site d'Adivalor. Et tout est recyclé ! Adivalor comme Valorisation.
EVSP, la graine pousse
Les EVSP sont les emballages vides de semences et de plants. Ils peuvent être assimilés à des EVPP car les semences et plants sont souvent traités. Leur collecte a démarré en juillet 2009 sous le pilotage du GNIS(3) et avec l'appui de l'UFS(4) et de la FNPPPT(5). Adivalor estime à 500 t la quantité totale de big bags à récupérer chaque année.
FAU, film à succès
Pour les FAU, films agricoles usagés, Adivalor travaille avec le CPA(6). Le secteur touche à la santé végétale par certains paillages aux effets phytosanitaires : solarisation, biofumigation, protection contre les adventices... On les cite parfois comme des alternatives aux produits phytopharmaceutiques, oubliant qu'ils ne sont pas si « écolos » que cela... à moins d'être collectés et recyclés !
D'où l'intérêt des collectes démarrées courant 2009. L'objectif de 15 000 t a été atteint à la fin de l'année. Celui pour 2010 est de 30 000 t, pas moins. Et tout est recyclé avec des économies de bilan carbone à la clé.
Ficelles et produits d'hygiène laitiers
Enfin, Adivalor lance une filière de récupération des EVPHEL, emballages vides de produits d'hygiène de l'élevage laitier, qui a commencé à fonctionner le 1er avril dernier, et aussi de ficelles usagées qui se traitent complètement à part des films plastiques par exemple.
Rendez-vous en 2011 pour le prochain point.
<p>* Phytoma.</p> <p>** Directeur général d'Adivalor.</p> <p>(1) « Adivalor, dernier maillon mais maillon fort », dans le dossier Bonnes pratiques de <i>Phytoma</i> n° 626-627 d'octobre, p. 42.</p> <p>(2) Union des industries de la fertilisation.</p> <p>(3) Groupement national interprofessionnel des semences.</p> <p>(4) UFS, Union française de semenciers, qui regroupe notamment l'AFSA, Association française des semences de céréales à paille, signataire originelle de l'accord.</p> <p>(5) Fédération nationale des planteurs de plants de pomme de terre.</p> <p>(6) Comité des plastiques agricoles.</p>