Symptôme de jaunisse sur cépage noir (flavescence dorée ou de bois noir ? Seule une analyse permet de les distinguer). Voir p. 18. ph. J. Grosman
3- Mildiou (symptôme de rot brun), cible de sept nouvelles substances. Voir p. 22 (ph. De Sangosse).
4- Les jaunisses (ici, sur cépage blanc) se sont beaucoup exprimées en 2010 et sont toujours inquiétantes. Voir p. 18 (ph. J. Grosman).
Nos anciens disaient que la vigne doit souffrir pour donner du bon vin. De fait aujourd'hui, pour « passer » financièrement, un viticulteur a intérêt à jouer la carte d'une conduite qualitative du vignoble plutôt que rechercher le rendement à tout prix. Cette conduite qualitative plutôt que quantitative passe par la maîtrise de la fertilisation et de l'apport d'eau. Mais elle ne tolère pas la négligence sur le plan phytosanitaire !
Il ne s'agit pas d'apporter davantage de produits phytos(1), dont les quantités sont politiquement sommées de diminuer, Grenelle et plan Ecophyto 2018 obligent. Mais bien de pratiquer une protection de qualité. Démonstration dans ce dossier.
La situation
p. 18, Qualité de l'observation et du diagnostic d'abord. Certes chaque viticulteur est responsable du suivi de son vignoble personnel. Mais, pour les observations régionalisées, le réseau de surveillance biologique du territoire (ou d'épidémiosurveillance) mis en place en 2009 est un nouvel outil. C'est lui qui est à l'origine du bilan phytosanitaire de l'année 2010, le premier sous son égide.
Souhaitons-lui de garder le meilleur de la qualité des anciens réseaux d'observation gérés par les ex-SRPV(2) dans le cadre des Avertissements agricoles, et qui fournissaient la matière des bilans précédents. Bon indice, l'auteur du présent bilan est J. Grosman, expert-référent vigne de la SdQPV(3).
Souhaitons encore à ce réseau de bénéficier de la qualité (et, aussi, de la quantité !) des observations de l'ensemble de ses partenaires : il est voulu élargi, mutualiste et coordonné avec des protocoles harmonisés ; l'article présente son organisation.
Car, ne l'oublions pas, la qualité des observations au fil de la saison, publiée désormais dans les BSV(4), puis celle du bilan qui la clôture, permet la qualité des conseils et des décisions pour une protection phytosanitaire qui maîtrise et réduit si possible la quantité de produits phytos en préservant la qualité du vin.
Les outils
p. 22, Qualité des produits phytos choisis ensuite. Pour une même quantité de produits utilisés(5), et a fortiori pour une quantité réduite, le choix de ces produits influence à la fois l'efficacité de la protection et ses impacts sur l'environnement.
Ce choix s'est restreint en quantité : une trentaine de substances actives ont été retirées du marché de 2008 à 2010 en même temps que quinze nouvelles y sont apparues(6). Mais ces nouveautés, dont onze classiques, deux qui jouent aussi les SDN et deux « bios » (d'origine biologique), sont de qualité. Lisez pourquoi.
p. 27, Qualité du matériel végétal aussi. En fait l'article traite d'un volet précis de la qualité des plants sortant de pépinières : leur qualité sanitaire vis-à-vis des maladies du bois. Pas moins de 17 outils de protection ont été testés par diverses stations de l'IFV(7) et présentés par V. Viguès & al.
Il s'agit de deux moyens physiques, neuf préparations « bios », trois fongicides classiques, deux désinfectants bactéricides et un engrais foliaire. Ce gros travail a permis de retenir certains moyens (une minorité) comme prometteurs. Il va continuer.
Leur mise en œuvre
p. 30, Qualité du système de production également. Une étude pluriannuelle est en cours en Bourgogne pour comparer trois systèmes. Elle est mise en œuvre par la Chambre d'agriculture de Saône-et-Loire, le CNRS et l'INRA. Ces trois systèmes sont la viticulture de référence (elle-même raisonnée avec un IFT inférieur à celui de la région), la viticulture biologique et un système dit « Ecophyto » avec une réduction de 30 % des quantités utilisées dès le début du travail, en visant 50 % en 2018.
Le travail est en cours, et on attend ses résultats à plus long teme. Mais ses quatre premières années de résultats montrent déjà que la protection phyto peut être réduite en quantité à condition de rester de qualité, et efficace. Et aussi que le mode d'entretien des sols a un effet primordial.
À noter : une version de ce travail de P. Crozier & al., à la fois incomplète (sans les premiers résultats de 2010, et pour cause) et plus détaillée, est consultable en ligne sur le site de la SFER(8) suite à un colloque tenu en mars 2010. Les coordonnées sont en p. 30.
p. 36, Qualité de l'application des produits enfin. Encore un travail réalisé dans l'optique de réduire les quantités de produits phytos appliqués en maintenant la qualité de la protection assurée.
Il s'agit de jouer sur la qualité de l'application des fongicides, en particulier par l'usage d'appareils traitant face par face. On dispose désormais des résultats de sept ans d'essais. Ont aussi été testés, en interaction avec le type d'appareils :
– le choix des produits eux-mêmes, « haut de gamme » ou pas (5 ans de résultats) ;
– la modulation des doses suivant le stade de végétation (4 ans de résultats) ;
– le choix des buses (1 an de résultats).
Sans compter une transposition dans la pratique sur un réseau de dix exploitations de Saône-et-Loire (deux ans de résultats).
Baptisée Ecopulvi, elle a été mise en œuvre par l'IFV (Y. Heinzlé, S. Codis) et, encore elle, la Chambre d'agriculture de Saône-et-Loire.
Merci, donc, à tous ces auteurs de la SdQPV, de l'IFV, de l'INRA, du CNRS et de Chambres d'agriculture, pour ces articles de qualité...
Et bonne lecture !
<p>(1) <i>« Produits phytos » = « produits phytopharmaceutiques »</i>, terme réglementaire.</p> <p>(2) Services régionaux de la Protection des Végétaux, aujourd'hui intégrés dans les SRAL (Services régionaux de l'Alimentation) au sein des DRAAF (Directions régionales de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt).</p> <p>(3) Sous-direction de la Qualité et de la Protection des Végétaux du MAAP, Ministère de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche.</p> <p>(4) Bulletins de santé du végétal.</p> <p>(5) Même nombre d'interventions, IFT (indice de fréquence de traitement ) et NODU (nombre de doses-unités).</p> <p>(6) Nos lecteurs qui conservent leur collection de Phytoma (et ils ont bien raison), peuvent se reporter à l'article de J. Grosman en p. 14 de notre édition n° 628 de novembre 2009, pour connaître les substances retirées du marché entre 2007 et 2010 (les décisions étaient déjà prises en 2009).</p> <p>Depuis la parution de cet article, l'Union européenne a décidé de retirer la bifenthrine : les produits qui en contiennent ne peuvent plus être mis sur le marché car ils n'ont plus d'AMM (autorisation de mise sur le marché), ils ne pourront plus être distribués après le 28 février 2011 et ne pourront plus être appliqués après le 30 mai 2011. Dans le même temps, la seule nouvelle substance arrivée sur vigne est le phosphonate de potassium évoqué p. 22.</p> <p>(7) Institut français de la vigne et du vin.</p> <p>(8) Société française d'économie rurale.</p>