Actus - Phyto-régions

Aquitaine, Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes Le nouveau chancre du kiwi

Phytoma - n°644 - mai 2011 - page 6

Dans les vergers de kiwi français, le sigle PSA ne fait plus du tout rêver de voitures. Il désigne Pseudomonas syringae pv. actinidiae, autrement dit le pathovar(1) adapté à l'actinidia(2) de la bactérie Pseudomonas syringae. Ce PSA est responsable du chancre bactérien du kiwi.
 Photos DRAAF

Photos DRAAF

Le PSA, P. syringae pv. actinidiae, a été identifié en France pour la première fois en 2010 : juin en Rhône-Alpes dans la Drôme (26), et juillet en Aquitaine dans les Pyrénées- Atlantiques (64). Mais il est peut-être arrivé avant.

La situation

Cette bactérie n'est ni organisme de quarantaine ni de lutte obligatoire en France, mais elle est inscrite sur la liste d'alerte de l'Oepp depuis novembre 2009.

Un plan de surveillance a été mis en place dès l'hiver 2010-2011. Résultats provisoires : en Aquitaine, le PSA est présent dans les Pyrénées- Atlantiques mais aussi les Landes (40) et le Lot-et-Garonne (47). On l'a trouvé en Midi-Pyrénées dans le Gers (32) et le Tarnet- Garonne (82). Sans compter la Drôme en Rhône-Alpes.

Le PSA peut faire dépérir les bourgeons, flétrir les fruits et feuilles (photo 1) et causer des chancres (photo 2) sur le tronc et les branches. Il peut mener à la mort des plants. Certaines variétés semblent davantage attaquées que d'autres et les kiwis à chair jaune davantage que ceux à chair verte mais aucune variété actuelle n'est vraiment résistante.

Premiers conseils

Que conseiller ? D'abord des opérations de surveillance et des règles de prophylaxie permettent d'agir à temps pour éviter de propager la bactérie. Les détails sont dans une note diffusée dans des BSV « arboriculture fruitière » des régions concernées(3).

Par ailleurs des produits cupriques sont autorisés sur kiwi contre les bactérioses en général donc forcément contre celle causée par le PSA en particulier.

Dérogation pour un « bio »

Ensuite un produit déjà autorisé sur vigne, certains légumes et cultures fruitières s'est vu accorder début mai une autorisation par dérogation pour 120 jours.

Il s'agit du Serenade Max, à base de Bacillus subtilis souche 173, produit d'origine biologique donc utilisable en agriculture biologique comme conventionnelle. Il a ce qu'on appelle un « excellent profil toxicologique et environnemental ». Autrement dit il n'est classé ni en « tox » ni en « écotox »(4).

Enfin, à terme, la voie de la tolérance variétale mérite d'être étudiée.

<p>(1) Un pathovar est une variété (ou un groupe de souches) pathogène adaptée à et virulente contre une cible particulière (ex. une espèce végétale).</p> <p>(2) Nom scientifique de « l'arbre à kiwi ».</p> <p>(3) Voir par ex. http://draaf.aquitaine.agriculture.gouv.fr, aller à BSV puis à <i>« arboriculture fruitière »</i>, n° 10 de 2011.</p> <p>(4) Pourquoi une dérogation de 120 jours et pas une AMM de dix ans ? Parce qu'on n'a pas encore les résultats d'essais d'efficacité en Europe. Or il les faut pour une AMM. Contrairement à une idée reçue, les dérogations 120 jours ne sont pas l'apanage de vieux produits à profil mauvais ou mal connu et qu'on utiliserait en attendant d'avoir trouvé autre chose (ça c'est plutôt le cas des dérogations « usage essentiel »). Elles sont données à des produits souvent nouveaux mais déjà testés et jugés acceptables au plan toxicologique et éco-toxicologique, pour lesquels on n'a pas encore assez de résultats d'essais d'efficacité sur un bio-agresseur menaçant.</p>

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