dossier - Bonnes pratiques phytosanitaires

Effluents phytos, de nouveaux outils

Marianne Decoin* - Phytoma - n°644 - mai 2011 - page 35

Deux nouveaux procédés reconnus, un « qui va l'être » et du nouveau côté champs d'application et récupération des déchets des « anciens »
 ph. Staphyt

ph. Staphyt

Le Phytocompo : l'allure générale est adaptée au site, mais le sol bétonné avec rétention, les parois latérales et la couverture de l'ensemble sont indispensables partout. Ci-dessus, le dispositif de retournement (par « noria ») et arrosage du compost de sarments est en action. Photos : Souslikoff

Le Phytocompo : l'allure générale est adaptée au site, mais le sol bétonné avec rétention, les parois latérales et la couverture de l'ensemble sont indispensables partout. Ci-dessus, le dispositif de retournement (par « noria ») et arrosage du compost de sarments est en action. Photos : Souslikoff

L'UTP : contenu dans la cuve au second plan, est ici en position de récupérer directement le fond de cuvevolume mort d'un pulvérisateur de golf (sûrement après dilution puis épandage du fond de cuve initial). ph. Le Floch Dépollution

L'UTP : contenu dans la cuve au second plan, est ici en position de récupérer directement le fond de cuvevolume mort d'un pulvérisateur de golf (sûrement après dilution puis épandage du fond de cuve initial). ph. Le Floch Dépollution

Les effluents phytos(1) ne pouvant pas toujours être éliminés au champ, les traiter à la ferme ou en station collective est une bonne pratique. À condition que le procédé de traitement soit reconnu efficace(2) par le MEDDTL(3). Il y a du nouveau en la matière. Deux procédés se sont ajoutés aux 12 déjà officiellement reconnus il y a un an. Tous deux fonctionnent en biodégradant les substances actives. L'un est reconnu pour la vigne et l'autre en zones non agricoles. Par ailleurs des procédés déjà rodés ont été reconnus pour des champs d'application inédits. Enfin, la récupération des résidus a elle aussi vu du nouveau. Évocation, avec tableau récapitulatif pour que chacun repère les procédés utilisables vu son activité.

Enfin ! L'hiver dernier(4), on attendait la reconnaissance par le MEDDTL de deux nouveaux procédés de traitement des effluents phytos jugés techniquement valables.

Le printemps est là, la liste des procédés officiellement reconnus s'est allongée de deux noms dont l'un était attendu, et le deuxième procédé attendu serait en bonne voie.

La publication des reconnaissances des deux nouveaux procédés reconnus est au sommaire du BO (Bulletin officiel) du MEDDTL du 25 mai(5). Ce sont le Phytocompo vendu par Souslikoff pour les effluents de viticulture et l'UTP (Unité de traitement phyto) de Le Floch Dépollution pour ceux de ZNA (zones non agricoles).

Phytocompo, la loi des sarments

Compo comme compost

Phytocompo d'abord. Son principe est de faire dégrader les substances actives par les microorganismes naturels d'un compost de sarments de vigne. Il fonctionne donc par « biodégradation aérobie sur substrat solide ». C'est le même principe que celui du Phytobac. Il s'en distingue par la nature du substrat, la montée en température (effet compost) lors du processus et par un système de retournement/arrosage.

Pourquoi des sarments compostés ? Parce que, une fois une vigne taillée, on ne doit pas laisser les sarments sur place, même broyés. Ils pourraient être vecteurs des maladies du bois en recrudescence et contre lesquelles on manque de moyens pour protéger la vigne.

Si on brûle ces sarments, on perd leur matière organique. En revanche, si on les composte après les avoir enlevés et broyés, la montée de température et l'action des micro-organismes associés viennent à bout des champignons pathogènes. Le fait est prouvé, nous l'avions publié en 2006(6). Ensuite, on épandra sans danger le compost assaini sur les vignes.

L'idée a donc germé d'utiliser ce compost, en fait les micro-organismes qu'il contient, pour dégrader les résidus phytos.

De 2000 à 2011

Le travail a été initié en 2000 en Gironde par la Chambre départementale d'Agriculture. En 2005, celle-ci s'est rapprochée de la société Souslikoff. Ce spécialiste de matériels et procédés pour la vigne (vendeur de broyeurs de sarments et par ailleurs primé au Vinitech 2008 pour un interceps pneumatique) avait commencé à travailler la question de son côté. Les deux partenaires ont œuvré conjointement.

Souslikoff a testé et fait breveter un système automatique qui retourne et arrose le compost. Cela permet de maintenir ses teneurs en eau et en air à un niveau stimulant l'activité biologique donc le travail de bio-dégradation ; l'eau en excès est récupérée, renvoyée dans la cuve de stockage de l'effluent et progressivement réintégrée dans le substrat. La seule intervention est d'appuyer sur un bouton pour déclencher l'opération retournement-arrosage. Le procédé sera disponible aussi sans cette option ; il sera alors plus économique à l'achat mais plus encombrant à implanter et délicat à utiliser.

La loi des 4 mois

Concrètement, les sarments sont broyés juste après la taille et placés sur une aire de compostage à sol bétonné avec rétention et murée sur deux côtés, avec le dispositif de noria mobile au-dessus pour le retournement-arrosage, le tout surmonté d'un toit qui évite l'inondation par la pluie et favorise l'intégration architecturale (photos).

Le système peut accueillir les premiers effluents les jours suivant sa mise en place, donc dès les traitements d'hiver. Il fonctionne sans interruption ni rejets toute une saison.

Ensuite, le compost sera épandable sur l'exploitation, à une condition expresse : il faut un délai d'au moins 4 mois après le dernier apport d'effluents pour que la biodégradation soit suffisante. Ainsi, le Phytocompo ne génère pas de résidus à éliminer en filière « déchets dangereux ». Un atout.

Le procédé est reconnu pour traiter les effluents des traitements viticoles car il vise les exploitations productrices de leurs propres sarments. Souslikoff et la Chambre d'Agriculture étudient aussi son utilisation pour traiter les effluents vinicoles. Dominique Souslikoff, PDG de sa société, explique : « Au départ, c'est la dégradation des effluents de cave qui nous intéressait, même si dans un premier temps nous sommes reconnus pour les effluents phytos ! »

UTP, le réacteur qui dépollue

UTP comme unité autonome

Pour sa part l'UTP est une unité de traitement phytosanitaire fonctionnant elle aussi par biodégradation aérobie. Mais le processus se déroule en milieu liquide dans un réacteur : une cuve fermée munie d'un aérateur. Le principe est proche de celui de l'Aderbio STBR2. Les différences viennent notamment du type d'appareillage, des règles d'utilisation et maintenance et du champ d'application car l'UTP est reconnu pour traiter les effluents fongicides et herbicides en zones non agricoles (ZNA).

Le procédé fonctionne avec des bactéries du sol de classe 1, conformes à la norme AFNOR X42211 et à la réglementation européenne (directive 2000/54/CE). Elles sont issues du milieu naturel, sans modification génétique, et inoffensives pour l'homme. Le Floch Dépollution les fournit accompagnées de leur milieu nutritif de base dans un produit nommé Biophyt.

Attention, le procédé exige un rodage : après le premier chargement (50 à 100 l d'effluents dans 500 l de « solution mère » où l'on a préalablement incorporé le Biophyt), il faut laisser passer deux mois, « durée d'installation de la biomasse » c'est-à-dire de multiplication des bactéries, avant d'incorporer l'effluent suivant.

Apports et vidanges, la loi des 15 jours

Ensuite, on peut ajouter de nouveaux effluents à traiter, en respectant entre chaque apport un intervalle de 15 jours minimum nécessaire pour que les bactéries « digèrent » les produits, et en ajoutant du Biophyt en même temps.

Par ailleurs, il faut gérer le niveau d'eau (le dispositif comporte une sonde). En pleine saison de traitement, on peut vidanger partiellement le contenu du réacteur 15 jours après chaque apport et le rejeter dans le milieu car l'eau sera suffisamment épurée des résidus phytos.

Si le niveau baisse trop à un moment où les apports se font rares (plein été) mais où la saison n'est pas terminée, il faut ajouter de l'eau pour « compenser les pertes par évaporation ». Bien entendu on vidange le dispositif en fin de saison, en respectant un délai, là encore de 15 jours, après le dernier apport d'effluent.

Et là encore il n'y a pas de déchets à éliminer en centre agréé, atout de poids !

À noter que Le Floch Dépollution propose d'assurer la maintenance du dispositif en prestation de service. Il a en effet l'habitude de le faire pour d'autres prestations chez ses clients habituels.

Reconnu pour les zones non agricoles

En effet, le procédé n'est pour l'instant reconnu que pour le secteur de ses clients habituels, à savoir les zones non agricoles (golfs, services techniques de villes et espaces verts) car Le Floch Dépollution travaille dans ce milieu, en particulier celui des golfs.

L'entreprise a donc mené ses tests avec les produits phytos utilisés par ses clients dans le but de leur proposer ce procédé. Mais elle envisage d'élargir, à l'avenir, ses champs d'application vers l'agriculture.

Autres reconnaissances

Nouveaux champs pour procédés reconnus

C'est qu'un procédé reconnu pour un champ d'application pourra l'être ensuite pour d'autres après réalisation de nouveaux tests sur les produits concernés. Ainsi, 3 des 12 procédés déjà disponibles l'an dernier, ont été reconnus pour de nouveaux champs d'application en 2010 :

– l'Aderbio STBR 2 pour les effluents de traitement de post-récolte de fruits (sauf bananes) en plus de ceux de viticulture et arboriculture ;

– le BF Bulles pour l'arboriculture, les grandes cultures, le maraîchage (cultures légumières) et les effluents de traitement de post-récolte des pommes, en plus de la viticulture ;

– l'Héliosec pour l'horticulture d'ornement et les effluents de traitement de post-récolte des bananes (voir p. 41) et des endives, en plus des grandes cultures, viticulture, arboriculture, maraîchage et zones non agricoles.

Bientôt un nouveau « séparateur » ?

Par ailleurs, un nouveau procédé devrait être bientôt reconnu, mais nul ne sait vraiment quand. Il aurait été estimé efficace par l'Ineris(7) sur certains champs d'application : vigne, arboriculture et traitements post-récolte des pommes. Il fonctionnerait par filtration sur charbon actif et serait proposé par Véolia Sud-Ouest.

On sait que Véolia proposait en 2007 un procédé de traitement de post-récolte des bananes à la Martinique par évaporation sous vide(8), indice d'intérêt pour le secteur. Mais à part cela, seules des PME s'étaient placées directement sur le marché de la dépollution du secteur phytosanitaire. Désormais, une grande firme s'y intéresse. À suivre...

Du nouveau pour les parrainés

Grandes entreprises pour procédés rustiques

Certes trois grandes entreprises avaient déjà investi sur des dispositifs de traitement des effluents, mais sans les vendre elles-mêmes. Ces procédés dits rustiques fonctionnent sans apport d'énergie fossile. Le « bio-dégradeur » Phytobac et les « déshydrateurs » Osmofim et Héliosec, trois dénominations marque déposée, sont parrainés respectivement par Bayer CSF, Basf Agro et Syngenta Agro.

Sonia Laurent, Ingénieur Bonnes pratiques en charge du dossier Phytobac chez Bayer CSF, explique que sa société « poursuit son transfert d'expertise auprès de partenaires industriels et scientifiques comme les sociétés Hermex et Biotisa ». Plus de 450 « experts phytobacs » ont été formés afin d'aider l'agriculteur à concevoir et implanter la solution adaptée à son exploitation. Et Bayer va lancer un site spécifique à l'outil, à l'enseigne www.phytobac.fr. Peut-être, le temps que vous ayez reçu ce dossier, a-t-il été ouvert ? Ce site doit permettre à chacun de repérer l'expert et le fabricant ou installateur près de chez lui, et offrir aux experts agréés des outils d'aide à leur diagnostic.

Pour sa part Basf a travaillé sur l'Osmofilm de la société Pantek distribué par Axe Environnement, et Syngenta Agro a conçu l'Héliosec distribué par Solhead. Là encore, les dispositifs ne sont installés qu'après diagnostic des besoins de l'exploitation qui permet de choisir leurs dimensions et l'emplacement où les implanter.

Concrètement, les distributeurs nationaux ont des distributeurs locaux agréés pour le diagnostic et l'installation... et qui sont parfois les mêmes ! Ainsi Unimed Arbo, réseau de services de six coopératives méridionales, propose les trois dispositifs au choix en fonction de la situation de chaque exploitation et de la cohérence de la « station phyto ». Tout en aidant les arboriculteurs pour faire élire (et subventionner) l'investissement dans le cadre du PVE(9) en lien avec les agences de l'eau.

Déchets à éliminer, soit il n'y en a pas...

Dans les trois cas, le devenir des déchets de ces procédés est pris en compte.

Le Phytobac ne crée pas de résidus à éliminer en déchets dangereux. L'épandage du substrat est autorisé après 5 mois sans apport d'effluent. De plus un Phytobac bien entretenu n'a pas à être vidangé souvent ; il faut plutôt rajouter périodiquement de la paille : les bactéries la consomment, « indice que le dispositif fonctionne bien et assure son travail de biodégradation des substances », explique S. Laurent. Elle souligne : « De ce fait, notre procédé ne consomme pas d'énergie fossile, non seulement pour traiter les effluents, mais encore pour gérer les résidus de ce traitement. » Encore un atout.

Au fait, quelles nouvelles du Phytobac pilote mis en place en automne 1999 sur une exploitation de grandes cultures et que nous avions cité en avril 2008 comme n'ayant pas encore eu besoin d'être vidangé ? 3 ans plus tard, ce dispositif continue à être régulièrement rechargé en paille et n'a toujours pas été vidangé : bonne nouvelle que ces onze ans et demi d'autonomie. De plus ce n'est pas un cas isolé, d'autres Phytobac à peine plus jeunes sont dans le même cas.

... soit Adivalor règle ça

Pour l'Osmofilm, Adivalor organise depuis octobre 2010 la récupération des résidus que sont les saches où les effluents ont été naturellement photo-dégradés et déshydratés.

Emeric Oudin, PDG d'Axe Environnement, estime : « Une sache qui a contenu 250 litres soit 250 kg d'effluents pèse, une fois son contenu déshydraté, entre 500 grammes, dont 160 g de sache elle-même, et 1 kg. » Un déchet 250 à 500 fois moins lourd que l'effluent initial. Et si l'effluent était de la bouillie pure après vidange de fond de cuve non dilué ou débordement au remplissage ? « Cela peut monter à 2 kg (voire 3 kg), mais nous n'avons pas encore eu ce cas. »

Enfin pour Héliosec, Adivalor a annoncé en mars dernier qu'il va coordonner la récupération des bâches chargées de résidus déshydratés.

Michel Leborgne, responsable Héliosec de Syngenta Agro, explique : « Comme une bâche sert sur une saison (on recharge le bac en même temps que le niveau baisse), un dispositif d'une capacité de 3 000 litres, soit 3 m3, permet de traiter de mars à novembre de 2,5 à 4,5 m3 soit de 2 500 à 4 500 l (ou kg) d'effluents selon la capacité d'évaporation du site, laquelle varie du nord au sud de la France métropolitaine(10). » Si l'exploitation génère davantage d'effluents, « on peut placer trois Héliosec en parallèle et traiter de 7 500 à 13 500 l par an. » Après déshydratation, plus un peu de photo-dégradation voire hydrolyse, le procédé générera un déchet (bâche plus résidu) de « 9 à 10 kg par bâche(11) ». Là encore un poids divisé par 250 à 500.

En 2010, Syngenta proposait un fût pour stocker les bâches ; en 2011, il s'agira de saches spéciales fournies par les distributeurs de produits qui sont aussi distributeurs agréés des dispositifs.

En effet dans les deux cas, la récupération est réalisée localement par les distributeurs agréés Osmofilm, Héliosec (ou les deux !). Les saches et bâches sont ensuite traitées en filière type « PPNU » – voir à leur propos p. 45.

À noter aussi : Adivalor a édité en juillet 2010 un guide pratique sur la gestion des déchets du système de traitement des effluents. Utile à consulter ! Précisions encore p. 45.

<p>* Phytoma.</p> <p>(1) Dans cet article, le terme <i>« effluent phyto »</i> désigne tout effluent de traitement phytosanitaire réalisé à l'aide d'un produit phytopharmaceutique, cette dernière locution étant elle-même abrégée en <i>« produit phyto »</i>.</p> <p>(2) Avec la garantie officielle que tout ce qui sort du dispositif est suffisamment épuré ; sinon, c'est classé comme polluant (« déchet dangereux » au sens légal du terme) donc devant être détruit en centre agréé, et le rejeter dans le milieu tombe sous le coup de la loi. Voir l'encadré p. 38.</p> <p>(3) Ministère de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement.</p> <p>(4) <i>Phytoma</i> n° 641 de février 2011, p. 6. Il annonçait la reconnaissance d'un procédé fonctionnant par biodégradation et un par séparation.</p> <p>(5) Sommaire tel que programmé le 12 mai .</p> <p>(6) P. Lecomte &amp; al., Dépérissements de la vigne et prophylaxie - l'épandage du compost de bois de taille fait courir peu de risques de ré-introduction au vignoble des parasites lignicoles. <i>Phytoma</i> n° 592, avril 2006, p. 18.</p> <p>(7) Institut national de l'Environnement industriel et des risques, EPIC (Etablissement public à caractère industriel et commercial) placé sous la tutelle du MEDDTL. Sa mission : <i>« réaliser ou faire réaliser des études et des recherches permettant de prévenir les risques que les activités économiques font peser sur la santé, la sécurité des personnes et des biens ainsi que sur l'environnement, et de fournir toute prestation destinée à faciliter l'adaptation des entreprises à cet objectif »</i> (source : www.ineris.fr).</p> <p>(8) A. Bentata, 2007 - Martinique, traitement de post-récolte des bananes, dans <i>Phytoma</i> n° 606, juillet-août 2007, p. 3.</p> <p>(9) Plan végétal pour l'environnement.</p> <p>(10) Le rendement est supérieur aux Antilles ! Voir p. 41.</p> <p>(11) M. Leborgne signale un poids de 9 kg pour une bâche de 2010 pesée le 21 avril 2011.</p>

Traitement des effluents, le cadre réglementaire (rappel)

Pourquoi traiter les effluents phytos eux-mêmes issus de traitements phytos ? Pourquoi faut-il que les procédés de traitement de ces effluents soient reconnus ? Réponses ci-dessous pour ceux qui ne connaissent pas par cœur nos précédents dossiers « Bonnes pratiques ».

D'abord, qu'est-ce qu'un « effluent phyto » ? C'est un liquide contenant un reste de bouillie phytosanitaire et qui peut être issu de :

– vidange de fond de cuve de pulvérisateur, dilué ou non ;

– débordement accidentel de l'appareil(1) ;

– son lavage (intérieur ou extérieur).

– traitement de post-récolte de fruit ou légume contre des maladies de conservation.

Pourquoi traiter les effluents ?

De par l'arrêté du 12 septembre 2006(2), les fonds de cuve peuvent être épandus au champ, soit par pulvérisation sur la parcelle traitée après dilution par au moins six(3), soit par vidange après dilution par au moins 100 ; dans ce dernier cas, à distance des points d'eau et habitations.

De même les pulvérisateurs peuvent être rincés au champ, toujours à distance des points d'eau (voir p. 33). Mais il est rare de pouvoir gérer 100 % des effluents phytos au champ.

Il restera donc des effluents qui ne doivent pas être épandus dans le milieu tels quels, car ils sont classés comme « déchets dangereux » au sens réglementaire du terme(4).

Il faut soit envoyer ces effluents dans un centre de destruction agréé, soit les traiter par un procédé adapté qui doit permettre de :

– minimiser le poids et le volume du résidu à envoyer en centre agréé (pour rendre acceptable le prix d'envoi et de destruction), voire supprimer tout résidu à envoyer ;

– ne rejeter par ailleurs dans le milieu que des liquides ou solides (substrats) suffisamment épurés pour ne plus être classés comme déchets dangereux.

Pourquoi avec un procédé reconnu ?

Mais qu'est-ce qui garantit qu'une issue d'un tel traitement sera suffisamment épurée ? Justement la reconnaissance officielle comme telle octroyée par le ministère chargé de l'Environnement !

Un procédé de traitement ne bénéficiant pas de reconnaissance officielle ne sera, certes, pas interdit(5)... Mais tout ce qui en sortira sera classé légalement comme déchet dangereux à envoyer en centre de destruction agréé, qu'il s'agisse de :

– substrat solide où sont biodégradées les substances ;

– eau épurée après dégradation des substances (bio-dégradation, photo-dégradation, etc.) ou séparation d'avec les substances (filtration).

Et, en toute logique, à quoi bon épurer de l'eau ou un substrat s'il faut ensuite l'envoyer en centre agréé comme s'il s'agissait d'un effluent « brut » ? Autant expédier ce dernier tout de suite !

(1) Un poste de remplissage bien conçu minimise le risque mais le risque zéro n'existe pas ; les aires de remplissagelavage doivent donc avoir un dispositif de rétention des éventuels débordements.

(2) Arrêté du 12 septembre 2006, publié au JORF (Journal de la République française) le 21 septembre 2006, et cosigné du ministre chargé de l'agriculture, de celui chargé de l'environnement et de celui chargé de la santé.

(3) Ajout d'un volume d'eau au moins égal à 5 fois le volume de bouillie restant dans le fond de cuve.

(4) On les qualifiait auparavant de DIS (déchets industriels spéciaux) ; ils doivent être pris en charge par des centres officiellement agréés pour cela.

(5) Il ne s'agit pas d'un produit phyto qui, s'il ne bénéficie pas d'autorisation de mise sur le marché (AMM), est interdit de vente et d'emploi sauf dérogation expresse et provisoire.

Résumé

Pour le traitement des effluents phytos (liquides chargés en résidus de produits phytopharmaceutiques suite à un traitement phytosanitaire), deux nouveaux procédés ont été officiellement reconnus par le MEDDTL au printemps 2011 (BO du 25/05/2011). Le Phytocompo de la société Souslikoff (mis au point en commun avec la Chambre d'Agriculture de Gironde) est reconnu sur vigne, et l'UTP (Unité de traitement phyto) de la société Le Floch Dépollution est reconnu en ZNA (zones non agricoles).

Ainsi 14 procédés sont officiellement reconnus à ce jour (récapitulatif dans l'article avec les champs de reconnaissance de chacun). La reconnaissance d'un 15e est attendue.

De plus 3 procédés déjà reconnus ont été reconnus en 2010 sur de nouveaux champs.

Il s'agit de l'Aderbio STBR2, du BF Bulles et enfin de l'Héliosec.

Enfin, concernant 3 procédés dit « rustiques » déjà reconnus :

– Bayer CSF ouvre un site internet au sujet du Phytobac ;

– la récupération des saches Osmofilm par Adivalor est effective ;

– celle des bâches Héliosec par Adivalor démarre en 2011.

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