dossier - POMME DE TERRE ET AUTRES CULTURES SPÉCIALISÉES

Pomme de terre, vigne, fruits, légumes faire face à l'inédit

Marianne Decoin, Phytoma - Phytoma - n°650 - janvier 2012 - page 13

Dans ces pages, nouvelle mouche et nouvelle bactérie nuisibles sur fruits, connaissances récentes sur un ravageur de la vigne, maladies posant des problèmes émergents sur pomme de terre, ravageurs récents de la tomate. Et comment leur faire face.
Ces enroulements de feuilles sont dûs à R. solani, agent du rhizoctone brun de la pomme de terre. Voir p. 34 ph. K. Bouchek

Ces enroulements de feuilles sont dûs à R. solani, agent du rhizoctone brun de la pomme de terre. Voir p. 34 ph. K. Bouchek

 Plants traités (ph. S. Vast)

Plants traités (ph. S. Vast)

 ph. S. Duvauchelle

ph. S. Duvauchelle

 Bassin maraîcher de Dos-d'Ane (ph. JL. Rimbaud)

Bassin maraîcher de Dos-d'Ane (ph. JL. Rimbaud)

En matière de santé végétale, l'inédit peut être l'arrivée de « bio-agresseurs » (ravageurs, maladies, mauvaises herbes) nouveaux ou des connaissances récentes sur des ravageurs connus. Et aussi l'évolution ou la montée en puissance, inédite, de bio-agresseurs connus auparavant.

Dans tous les cas, il s'agit de faire face : assurer la santé des végétaux par des moyens variés, de la lutte directe à la prophylaxie.

Menaces sur des fruits

- p. 16, cerises, fraises et autres petits fruits face à Drosophila suzukii

Phytoma a commencé à parler de la mouche Drosophila suzukii en septembre 2010 et évoquait en janvier 2011 sa « nuisibilité prévisible »(1). Hélas, la prévision s'est vérifiée.

Les dégâts sont considérables sur cerises, fraises, framboises, mûres et myrtilles, et il y en a, plus modérés, sur pêchers, abricotiers… Cette nouvelle « droso » est bien plus nuisible que la mouche du vinaige Drosophila melanogaster. Suite au plan de surveillance mené en 2010, du suivi mis en œuvre en 2011 et de tests réalisés, l'article fait le point sur :

– le ravageur, sa présence, ses dégâts et ce que l'on a pu apprendre sur sa biologie ;

– les moyens testés pour y faire face, insecticides chimiques ou biologiques, méthodes physiques (filets insect-proof adaptés), prophylaxie.

- p. 22, kiwi, face au PSA

Un autre bio-agresseur menace des vergers français. C'est la bactérie Pseudomonas syringae pathovar actinidiae, en abrégé PSA (ou Psa).

Beaucoup plus spécifique que la « droso suzu » puisqu'elle ne s'attaque qu'aux vergers de kiwis (genre Actinidia), elle concerne donc moins de surface. Il y a 4 300 ha d'actinidia en France contre par exemple 9 700 ha de vergers de cerisiers (et 40 000 ha de pommiers(2)).

Mais c'est une très grave menace pour une filière jusqu'ici d'avenir, celle d'un fruit que nous importons beaucoup alors que nous pouvons le produire sur notre territoire.

Voici tout ce qu'il faut savoir sur le Psa.

Suivi des vignes

- p. 26, variable eudémis

Place ensuite à la vigne, pour une étude sur un ravageur certes classique, l'eudémis. Mais il s'agit de connaissances inédites.

Elles concernent les dates des vols de l'insecte (début et pics) et leurs variations selon les lieux. Dates et lieux, temps et espace : les spécialistes disent « variations spatio-temporelles ».

On sait que des variations existent à l'échelle de la France et même des régions viticoles. Mais de quelle ampleur et jusqu'à quelle échelle ? Répondre à ces questions est utile : on ne doit pas traiter en même temps des secteurs à dates de vols différentes, faute de devoir en retraiter certains ce qui est dommage économiquement et écologiquement (Ecophyto, etc.)

L'étude présentée ici prouve et mesure des variations à « méso-échelle », celle du Libournais : 10 % du Bordelais, 18 km de diamètre. Si peu ? Oui, et cela a des conséquences pratiques.

Panorama des pommes de terre

- p. 31, ouverture internationale

La production de pomme de terre, culture spécialisée ou grande culture ? La pomme de terre, indéniable légume… En tout cas, la France est « premier exportateur mondial de pomme de terre »(3). De quoi s'intéresser à sa santé !

Deux rencontres européennes ont fait le point des recherches menées sur notre continent et outre-Atlantique sur la santé du précieux tubercule. Du mildiou aux nématodes en passant par l'alternaria, les pourritures molles et les altérations superficielles.

Où l'on verra que la « biomol »(4) pointue, détection de souches aux codes cabalistiques et repérage d'affecteurs à mystérieux peptides, pourra servir à la protection de terrain demain.

Et même, parfois, lui sert aujourd'hui.

- p. 34, quand le « superficiel » devient émergent et important

Coup de projecteur ensuite sur les « altérations superficielles » des tubercules, dites aussi « pathogènes de qualité » : rhizoctone brun, dartrose, gale argentée et gales communes.

Ces maladies, longtemps classées secondaires par rapport au mildiou et aux pourritures molles, posent aujourd'hui des problèmes inédits.

Voici le point sur ces quatre affections, le ou les pathogènes impliqués avec les connaissances disponibles les plus récentes à leur sujet, leurs symptômes (pour éviter les confusions) et leur nuisibilité. Et aussi ce qu'on sait des facteurs les favorisant ou les défavorisant.

Ce dernier point permet de conseiller des méthodes indirectes pour faire face à ces pathogènes : prophylaxie et pratiques culturales défavorisant tel ou tel d'entre eux.

- p. 40, traiter les plants pour les protéger, et l'applicateur aussi

Quant aux méthodes directes de protection, ce sont les traitements des plants.

Voici la présentation des objectifs de ces traitements et des produits disponibles, avec les critères de choix. Intéressant, d'autant que de nombreux produits à base de mancozèbe seul se sont vu retirer leurs AMM(5) en 2011.

Une large part est faite aux techniques et matériels d'application. Ce dernier point est très important pour la sécurité de l'applicateur de ces traitements (l'auteur préfère nettement la pulvérisation au poudrage) et l'efficacité de la protection (il déconseille le trempage et le traitement des tubercules sur la planteuse).

La tomate face à deux ravageurs

- p. 45, face à Tuta, traiter en intégré

Changeons de solanacée pour parler tomate, culture spécialisée et légumière même s'il s'agit d'un fruit au sens botanique du terme. Parlons de Tuta absoluta, la mineuse de la tomate, ravageur récent mais pas inédit dans Phytoma(6).

Dès les premières alertes, face à la menace représentée par cet insecte connu dans le monde comme très nuisible, ce fut la mobilisation. Nous avons publié les alertes et divers travaux pour trouver des moyens de protection. Aujourd'hui, où en est-on ? Voici l'état des lieux.

À retenir : en France, on peut protéger les tomates contre ce ravageur en PBI (protection biologique intégrée), grâce à des auxiliaires et des insecticides biologiques et/ou compatibles. Mais aucun outil n'est efficace seul et les mesures prophylactiques et agronomiques sont indispensables.

Bref, la protection sera intégrée ou ne sera pas. Au fait, un programme de recherche en cours est signalé. Résultats inédits espérés !

- p. 48, le TYLCV sur l'Ile de la Réunion

Le dernier article concerne aussi la tomate, pour un complexe virus-vecteur connu depuis plus de dix ans. Le virus est le TYLCV et le vecteur l'aleurode Bemisia tabaci. Quant aux tomates, elles sont cultivées sur l'Ile de la Réunion.

Une enquête agronomique a permis de faire le point sur les problèmes et les solutions, classiques ou inédites, mises au point dans l'île. A noter là aussi la place de la PBI et l'importance de l'agronomie et de la prophylaxie.

Merci aux spécialistes qui ont fourni ces textes, bonne lecture pour vous lecteurs et, à tous…

<p>(1) <i>Phytoma</i> n° 636 p. 6, n° 638 p. 5 et n° 640 p. 19.</p> <p>(2) Sources : Agreste Conjoncture, mai et juin 2011.</p> <p>(3) Selon M. Schwartzmann d'UbiFrance le 13 décembre dernier lors de l'AG de l'interprofession, cité par Actuagri n° 1991, 16/12/2011.</p> <p>(4) Biologie moléculaire bien sûr !</p> <p>(5) Autorisations de mise sur le marché.</p> <p>(6) Un article en 2011 (n° 642 de mars p. 26) après trois en 2010 (n° 631 de février p. 44, n° 632 de mars p. 40, n° 634 de mai p. 9), et un en 2008 (n° 617 de juillet-août p. 18, signalant le ravageur en Algérie).</p>

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