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Le Pacte pour le jardin dans la cité rassemble

ÉMILIE BASUYAU* - Phytoma - n°655 - juin 2012 - page 40

Trente et un partenaires, plus de 3 300 signatures, le soutien de trois candidats à la Présidence de la République, dont l'élu… Au delà des chiffres, pourquoi ce Pacte et comment obtenir encore « plus de jardins dans ma ville » ?

Initié en décembre 2011 par l'UPJ(1), le « Pacte pour le Jardin dans la Cité » voit son actualité s'enrichir : trente et une associations, fédérations et organisations professionnelles (liste ci-dessus) portent aujourd'hui ce projet auprès de nos dirigeants et du grand public, jardiniers ou non. Où en est l'initiative ? Rapport d'étape.

Pourquoi un pacte ?

Jardin en ville, un oublié

Le lancement du Pacte pour le Jardin dans la Cité a coïncidé avec une période pré-électorale et électorale : élections présidentielle et législatives – et des élus plus que jamais à l'écoute de leurs administrés.

Tout est parti d'un constat : que ce soit dans les lois Grenelle ou dans la politique d'urbanisation menée, les jardins ont été « oubliés ». Le pacte vise à les faire reconnaître comme un bien d'intérêt public.

Et pourtant quelle utilité !

Leurs multiples bénéfices sur l'économie (création d'emplois verts), le lien social (lieu d'échange et d'entraide), l'éducation (apprentissage du jardin à l'école, transmission des aînés aux plus jeunes) et la santé (jardins thérapeutiques installés dans les établissements hospitaliers et maisons de retraite), ne sont plus à démontrer.

Les 31 membres du collectif du Pacte pour « Plus de Jardins dans la Ville » se mobilisent pour organiser une Conférence nationale du jardin au printemps ou à l'été 2013. Elle sera destinée à définir les contours d'une stratégie nationale pour le jardin en France – une première !

Le Pacte est soutenu par plus de 3 300 personnes qui, individuellement, approuvent ses 10 objectifs et propositions concrètes pour « plus de jardins dans nos villes ».

Un sondage révèle des tendances

Perception positive

Un sondage Harris Interactive demandé par l'UPJ a été réalisé en janvier 2012(2). Il indique, entre autres, que les Français plébiscitent l'existence, dans leur quotidien, des jardins et des espaces verts auxquels ils associent des sensations positives.

Le terme jardin évoque d'abord des éléments végétaux : fleurs, verdure, etc. Et les Français le rattachent spontanément à des sensations telles que la détente ou le calme.

Dès lors, pour les habitants des villes, le manque d'espaces verts ou jardin à proximité est souvent regretté. Les personnes qui n'en disposent pas expriment majoritairement le désir de pouvoir en profiter.

La beauté et les échanges

Les jardins et espaces verts sont perçus par les urbains comme pouvant contribuer à rendre les villes plus belles (93 %, dont 61 % certainement) et plus agréables (93 %, dont 62 % certainement).

Les trois-quarts d'entre eux estiment que le développement des espaces verts en ville pourrait permettre plus d'échanges et de lien social (76 %, dont 30 % certainement).

Davantage de jardins, souhaitable et réalisable

Les urbains souhaitent donc des villes plus vertes. Ils estiment important de développer les espaces verts en ville. Plus précisément, une large majorité estime important le développement de jardins (au moins un tiers le jugent même très important), qu'ils soient thérapeutiques, pédagogiques, d'insertion, maraîchers, esthétiques, conservatoires, partagés, communautaires...

Non seulement cela leur semble un objectif important mais également atteignable. Ils sont au moins deux tiers à juger ce développement réalisable dans leur ville.

Du côté des enfants

La mise en place et le fonctionnement de jardins pédagogiques dans les écoles et les centres aérés sont même considérés comme possibles dans leur ville par 82 % des Français. Ils sont en outre 87 % à estimer que ce serait une bonne chose d'organiser des cours de jardinage dans les écoles.

Les urbains s'expriment donc aujourd'hui en faveur du développement des espaces verts, et ce davantage qu'en faveur du minéral ou de nouveaux logements (79 % indiquant préférer des nouveaux espaces verts plutôt que des nouveaux logements).

Jardins publics à défaut de privés

Les Français privilégient certes les jardins privatifs, notamment par rapport aux jardins communautaires et partagés. Tous sont pour le développement des espaces verts en ville mais la plupart préfèrent disposer d'un petit jardin individuel plutôt que d'un grand jardin partagé à plusieurs (80 % contre 17 %). Signe qu'avant d'être considéré comme un vecteur de bien-être collectif dans la ville, le jardin semble être un plaisir qu'on envisage d'abord pour soi et ses proches.

Ce que propose le collectif du Pacte

Davantage de jardins, surtout sur les communes urbaines

Toutes les communes ne se ressemblent pas. Si les communes rurales bénéficient d'une surface en espaces verts plus grande et/ou de la proximité de la nature, il n'en est pas de même pour les villes, surtout les grandes agglomérations. C'est dans celles-ci que le besoin de jardins est le plus fort.

Le collectif du Pacte a parmi ses objectifs de doubler la surface des espaces verts en ville.

Et il fait 10 propositions concrètes (encadré page précédente).

Penser collectif, solidaire et végétal

Il recommande notamment de consacrer 10 % des jardins aux jardins collectifs et solidaires et d'inciter les bailleurs sociaux à installer des espaces de jardinage au pied des constructions neuves afin que les villes deviennent plus agréables à vivre.

Les plantes indigènes et la biodiversité ne sont pas oubliées. Il s'agit bien de ménager des jardins avec du végétal, et pas seulement des espaces non bâtis.

En effet, installer plus d'arbres et de zones végétales en ville contribue à diminuer la température estivale intramuros. De plus, cela invite certaines espèces animales à recoloniser nos villes (ex : les ruches réinstallées sur les toits dans les grandes agglomérations).

Bonnes réponses à nos appels à soutien

Table-ronde en avril

Du 15 mars au 15 avril, les membres du collectif ont interpellé des candidats aux élections présidentielles.

Le 10 avril dernier, une table-ronde parlementaire était organisée sous le patronage des députés Bertrand Pancher (UMP) et Philippe Tourtelier (PS) (Encadré ci-dessus avec photo).

Soutien de trois candidats, dont celui devenu Président

Trois des candidats, Nicolas Sarkozy, François Hollande et François Bayrou ont répondu favorablement.

Pour Nicolas Sarkozy, une 11e proposition venait en complément des 10 premières en proposant de « faire entrer la politique des jardins dans toute politique d'urbanisme durable » et de s'inspirer des initiatives locales en matière de biodiversité afin de les transposer d'une région à une autre. Il souhaitait aussi, pour les jardins à but thérapeutique, « faire évoluer la législation actuelle ».

L'ex-candidat – aujourd'hui Président de la République – François Hollande s'est dit, par la voix de Philippe Tourtelier, favorable à l'initiative : « Les questions environnementales sont pour moi importantes […].

Qu'il s'agisse d'aménagement du territoire, de santé ou encore de préservation de la biodiversité, la réintroduction des espaces verts en ville est un enjeu décisif, ainsi qu'un défi écologique et social que nous devons relever ensemble. […]

Si les Français sont très attachés aux bienfaits du jardinage, force est de constater que le développement des jardins en espace urbain est encore largement insuffisant. Je le regrette. A l'heure où l'on souhaite favoriser le « Vivre-ensemble », le jardin constitue enfin une autre manière de se rencontrer, de partager et de créer du lien social.

Il faut pour cela développer les activités liées aux espaces verts : de l'enfance à la fin de vie, chacun doit pouvoir tirer profit de ce bien-être simple mais malheureusement peu accessible pour de nombreux Français. »

Yann Werling, porte-parole de campagne de François Bayrou, a affirmé le soutien du candidat : « Vos 10 propositions pour plus de jardins dans la ville sont toutes judicieuses à nos yeux et mériteraient de voir le jour. Nous partageons avec vous l'idée selon laquelle le jardin est une respiration sociale indéniable dans nos environnements urbains. J'ai particulièrement relevé certaines propositions […], à savoir le développement des jardins partagés aux pieds des immeubles des bailleurs sociaux, l'introduction de jardinage à l'école […] favoriser les espaces de nature « sauvage » dans les villes pour préserver une place à la biodiversité en milieu urbain. »

Députés sollicités

Si les soutiens et les promesses ont été formulés, le pacte doit prendre une dimension régionale pour fonctionner. De nombreuses associations et organisations professionnelles, membres du collectif, assurent la transmission des informations dans les fédérations régionales et locales. Mais pour que l'aspect de nos villes change à moyen terme, il faut une volonté locale.

Il est donc nécessaire que nos représentants parlementaires puissent s'approprier concrètement les propositions du pacte et tenter de définir les contours d'une « stratégie » jardin locale.

Aussi, dès mi-mai, les membres du collectif ont interrogé des candidats aux élections législatives. Parmi les 31 ayant favorablement répondu, 13 ont été élus (majorité PS, minorité UMP), soit 42 % d'entre eux… Alors que les 577 nouveaux députés représentent moins de 9 % des candidats… Le Pacte leur aurait-il porté chance ?

Des initiatives existent partout, le collectif les recense afin de proposer des pistes solides de réflexion et préfigurer la prochaine Conférence Nationale du Jardin.

Et demain, le Pacte ?

Préparer les conférences, rendez-vous le 4 juillet

Si le collectif a su toucher les autorités publiques, il doit à présent susciter une ferme volonté de mettre en place la future politique jardins et espaces verts. Les soutiens de la part de nos représentants sont réels, mais le resteront-ils au moment de s'engager pleinement pour le développement du « mieux-vivre » en ville ?

Le 4 juillet, les partenaires auront à préparer la Conférence des jardins, mais aussi, plus près dans le temps, la prise en compte des jardins urbains dans la Conférence environnementale prévue cet été sous l'impulsion du ministère de l'Ecologie, du développement durable et de l'énergie.

Les réflexions porteront sur la faisabilité du Pacte au niveau local. Approfondir les propositions permettra aux membres du collectif de s'adresser directement aux élus. Le 4 juillet, d'autres partenaires pourraient avoir rejoint le Pacte car la liste reste ouverte. Agir collectivement est nécessaire afin de garantir le succès.

Bientôt une gouvernance

Les prochaines semaines devraient voir naître une gouvernance du Pacte ainsi qu'une forme juridique, de sorte que le Pacte devienne une entité à part entière, appropriable par tous et pour tous.

Les entreprises, associations et fédération professionnelles peuvent encore rejoindre le pacte, porter ses propositions et proposer des initiatives (emiliebasuyau@upj.fr). Et les citoyens sont invités à signer le Pacte : www.pactejardin2012.com.

<p>(1) Union des entreprises pour la protection des jardins et des espaces publics.</p> <p>(2) Résultats du sondage exclusif Harris interactive. Enquête réalisée par Internet du 30 décembre 2011 au 3 janvier 2011. Échantillon de 1 030 personnes habitant dans une commune de plus de 10 000 habitants issu d'un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus et, à partir de l'access panel Harris Interactive. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l'interviewé(e).</p>

Pacte pour le jardin dans la cité, les 31 membres du collectif

 ph. E. Basuyau

ph. E. Basuyau

Liste par ordre alphabétique, arrêtée au 21 juin 2012 : AAPP, AFPP, Botanic, CAS, Chambly, CNJCF, Comité 21, Domaine de Chaumont-sur-Loire, Domaine de Saint-Jean de-Beauregard, Ecocert, Ecomaires, ENSAT, FMB, Fédération nationale des jardins familiaux et collectifs, FNMJ, Fédération des villes moyennes, Génération jardin, GNIS, Jardin art et soin, Jardins et santé, Jardiniers de France, Jardinot, Le Printemps du jardinier, Le Réseau arboriste élagueur, Ligue de l'enseignement, Noé Conservation, Promojardin, Salon Vert, Savoir faire horticole français, SFG, UPJ.

Les 10 propositions du Pacte

1 Organiser la Conférence nationale du jardin.

2 Ouvrir les jardins au public.

3 Partager les jardins.

4 Penser jardin dans l'habitat social et collectif.

5 Apprendre le jardin à l'école.

6 Soutenir le développement des jardins à buts thérapeutiques.

7 Promouvoir les jardins solidaires.

8 Soutenir la biodiversité en ville.

9 Créer des emplois verts.

10 Fêter le jardin.

Table-ronde parlementaire, ce qui ressort des discussions

 ph. E. Basuyau

ph. E. Basuyau

Le 10 avril, les membres présents lors de cette table-ronde parlementaire ont renouvelé leur soutien au projet et ont souhaité s'inscrire dans l'action.

Le Pacte doit accueillir l'adhésion des jardiniers mais aussi du grand public. Les discussions engagées ont laissé paraître de la nécessité d'apporter des réponses chiffrées pour la réalisation des propositions. Les députés ont précisé que si les décisions étaient prises au niveau national, leur application se fera au niveau local : le pacte doit également rayonner dans les régions.

RÉSUMÉ

- ACTEURS ET OBJECTIFS : Un collectif pour « plus de jardins dans ma ville » regroupant 31 partenaires (liste dans l'article) autour d'un « Pacte pour le jardin dans la cité » vise à promouvoir et développer le jardin urbain en s'appuyant sur le contexte préélectoral et électoral de début 2012.

- ACTIONS RÉALISÉES : Début 2012 l'UPJ, partenaire à l'initiative du collectif, a fait réaliser un sondage. Celui-ci montre la demande de la population urbaine de développer les jardins en ville et l'importance du végétal dans ce cadre.

Ensuite, fort de l'adhésion des partenaires et de la signature du pacte par des citoyens (n. b. : plus de 3 300 au 21 juin), le collectif a interpellé les politiques à l'occasion d'une table ronde le 10 avril. Trois candidats à l'élection présidentielle (F. Bayrou, F. Hollande et N. Sarkozy) ont apporté leur soutien aux 10 objectifs et 10 propositions du pacte.

Les candidats aux élections législatives ont été interpellés pour régionaliser l'initiative (N.B.: 13 de ceux ayant soutenu le Pacte sont désormais élus.)

- ACTIONS PRÉVUES : Le collectif prévoit d'organiser une Conférence nationale du jardin en 2013 et demande la prise en compte des jardins urbains en cas de Conférence environnementale. Une réunion de préparation est prévue en juillet 2012.

- MOTS-CLÉS : ZNA zones non agricoles, jardins, espaces verts, végétal, Pacte pour le jardin dans la cité, collectif, sondage, soutiens, assises du jardin.

POUR EN SAVOIR PLUS

AUTEURS : ÉMILIE BASUYAU, UPJ, Responsable de la communication et des relations publiques.

CONTACT & LIENS UTILES :

– emiliebasuyau@upj.fr

– www.UPJ.fr

– www.pactejardin2012.com

L'essentiel de l'offre

Phytoma - GFA 8, cité Paradis, 75493 Paris cedex 10 - Tél : 01 40 22 79 85